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LE FMI ET DAKAR AU POINT MORT

Rédigé par leral.net le Mercredi 1 Octobre 2025 à 22:33 | | 0 commentaire(s)|

Selon Jeune Afrique, les négociations se sont tendues depuis août. Les deux parties peinent à s'entendre sur les mesures correctrices après la révélation de la dette cachée. Aucun calendrier n'a été arrêté, alors que le Sénégal s'impatiente

L'impatience gagne Dakar. Lors d'une interview accordée à France 24 en marge des Assemblées annuelles de l'ONU à New York, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a haussé le ton face à la lenteur des négociations avec le Fonds monétaire international. « Nous voulons que le FMI presse un petit peu le pas pour que nous sachions sur quel pied danser avec lui », a déclaré le chef de l'État, avant d'ajouter : « Il y a des partenaires qui attendent son signal pour continuer à travailler avec le Sénégal. »

Cette sortie médiatique, rappelée par Jeune Afrique dans un article signé Thaïs Brouck et publié le 1er octobre 2025, témoigne de la tension croissante entre l'institution de Bretton Woods et les nouvelles autorités sénégalaises, plus d'un an après la suspension du programme conclu sous l'ère Macky Sall en juin 2023.

Depuis l'élection de Bassirou Diomaye Faye en mars 2024, pas moins de cinq missions du FMI se sont succédé à Dakar sans qu'aucun accord ne soit trouvé. La dernière en date, dirigée par Edward Gemayel, s'est tenue entre le 19 et le 26 août dernier. Au programme des discussions : les mesures correctrices à mettre en œuvre suite aux révélations explosives de septembre 2024 sur la sous-évaluation de la dette publique par l'administration Sall.

Selon les dernières données disponibles citées par Jeune Afrique, la dette de l'administration centrale aurait atteint 118,8 % du PIB à fin 2024, contre 74,41 % officiellement annoncé à fin 2023. Un écart colossal qui a conduit à la suspension du programme de prêt avec le FMI et plongé le Sénégal dans une situation financière délicate.

« Il faut bien payer les salaires », justifie un haut fonctionnaire sénégalais cité par le magazine, pour expliquer les multiples sorties du pays sur le marché obligataire régional en attendant un hypothétique accord avec l'institution financière.

Des divergences persistantes sur les réformes

L'objectif affiché lors de la mission d'août était de conclure le « misreporting » – le rapport de déclaration erronée – préalable indispensable à tout nouveau programme de prêt. Le FMI a formulé une série de recommandations pour « traiter les causes profondes des déclarations erronées » : centralisation des fonctions de gestion de la dette, mise en place d'une base de données centralisée, renforcement du contrôle des engagements budgétaires et consolidation progressive des comptes publics sous le Compte unique du Trésor.

Mais depuis août, les pourparlers se sont tendus. Selon JA, « les deux parties ne parviennent pas à s'accorder sur le contenu du programme et notamment sur les "mesures correctrices" à mettre en œuvre ». Une source interne, citée par le magazine, confie néanmoins que « le dossier progresse », sans plus de précisions.

Officiellement, aucune date n'est fixée pour que le conseil d'administration du FMI statue sur le dossier sénégalais. Interrogés par le magazine, ni le FMI ni le ministère sénégalais des Finances et du Budget n'ont souhaité commenter l'avancée des négociations – un silence qui en dit long sur l'état réel des discussions.

Pourtant, les espoirs étaient permis. À l'issue de la mission d'août, rapporte Jeune Afrique, « les deux parties avaient convenu de tout faire pour boucler le processus et, idéalement, annoncer un nouveau programme lors des prochaines Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale », organisées à Washington du 13 au 18 octobre.

« L'événement réunit le monde de la finance du développement, et c'est l'occasion idéale pour annoncer ce genre d'accord. Cela donne une bonne image au FMI et permet au pays concerné d'engranger un succès », expliquait alors un fonctionnaire sénégalais au magazine.

Mais à dix jours de l'événement, rien ne garantit que le conseil d'administration du FMI pourra se réunir à temps pour statuer sur le sort du Sénégal. Le temps presse, et l'absence de calendrier clair alimente les incertitudes sur la capacité du pays à sortir rapidement de cette impasse financière.

Cette situation met également en lumière les effets collatéraux du blocage : plusieurs partenaires financiers du Sénégal attendent le feu vert du FMI avant de reprendre leur coopération avec Dakar. Un signal que le président Faye espère obtenir au plus vite pour relancer la machine économique et honorer ses engagements de campagne.

En attendant, le Sénégal doit continuer à naviguer à vue, multipliant les emprunts sur le marché régional dans des conditions parfois défavorables, et espérant que les tractations avec Washington débouchent enfin sur un accord salvateur.

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Farid


Source : https://www.seneplus.com/economie/le-fmi-et-dakar-...