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"LE MONDE SE MOQUE DU DROIT", SELON "LE MONDE"

Rédigé par leral.net le Jeudi 19 Juin 2025 à 00:52 | | 0 commentaire(s)|

Dans un éditorial cinglant publié mardi 17 juin, le quotidien français dénonce l'offensive israélienne contre l'Iran et accuse Donald Trump d'être devenu "le jouet du bellicisme" de Benjamin Netanyahu, abandonnant ses promesses de paix

(SenePlus) - Dans un éditorial au vitriol publié mardi 17 juin 2025, "Le Monde" livre une analyse sans concession de l'offensive israélienne contre l'Iran, dénonçant l'effondrement du droit international et la manipulation exercée par Benjamin Netanyahu sur Donald Trump. Le quotidien français tire la sonnette d'alarme sur un monde où "seule prime la force, et ceux qui y ont recours sans limite".

Selon le quotidien du soir, nous assistons à l'émergence d'un monde qui "se moque des principes et du droit". L'éditorialiste souligne que "le monde qui émerge lentement des ruines de l'ancien ordre international mis sur pied par les États-Unis au sortir de la seconde guerre mondiale" abandonne progressivement les règles établies depuis 1945.

Le journal pointe directement du doigt Benjamin Netanyahu qui, "sûr de la puissance de son armée, en a fait le choix, contre l'Iran, depuis le 13 juin". Pour Le Monde, l'objectif du premier ministre israélien dépasse désormais largement la question nucléaire : "Il ne fait plus de doute désormais que son objectif n'est plus seulement de stopper le programme nucléaire menaçant développé par Téhéran, mais de provoquer la chute du régime lui-même, considéré comme indissociable de ce projet."

Cette analyse révèle une escalade stratégique majeure, où la guerre préventive se transforme en entreprise de changement de régime, deux pratiques que Le Monde considère comme contraires au droit international.

L'éditorial du Monde réserve ses critiques les plus acerbes à Donald Trump, décrit comme étant devenu "le jouet du bellicisme de Benyamin Netanyahu, comme il l'est de celui de Vladimir Poutine dans le conflit ukrainien". Cette formulation particulièrement dure suggère que le président américain a perdu toute initiative stratégique.

Le quotidien rappelle avec ironie les promesses initiales de Trump : "Lors de son discours d'investiture, le 20 janvier, Donald Trump avait assuré que son succès serait mesuré 'par les guerres qu'[ils] empêcheron[t] et, peut-être plus important encore, par les guerres qu'[ils] ne commenceron[t] pas'."

Cette contradiction flagrante entre les déclarations et les actes inquiète Le Monde, qui y voit le risque d'un "nouvel enlisement mortifère des États-Unis au Moyen-Orient". Le journal souligne que Trump, malgré "son aversion longtemps claironnée pour les aventures militaires, sur laquelle il a bâti en grande partie sa singularité au sein du Parti républicain", semble avoir abandonné cette ligne directrice.

Les leçons ignorées de l'histoire récente

Le Monde établit un parallèle historique édifiant en rappelant que "les États-Unis ont été les premiers à le piétiner, en 2003, en envahissant l'Irak au nom de l'existence d'armes de destruction massive, qui relevait du mensonge d'État". Cette référence à l'invasion de l'Irak sert de point de départ à une réflexion plus large sur l'effondrement des normes internationales.

L'éditorialiste souligne que "c'est dans cette brèche que s'est engouffré par la suite Vladimir Poutine en Géorgie, puis en Ukraine", établissant une filiation directe entre les violations américaines du droit international et les agressions russes ultérieures.

Le journal tire des enseignements précis de l'histoire récente : "L'histoire récente enseigne en effet que les changements de régime imposés de l'extérieur engendrent le chaos. Parce que les attentes des puissances étrangères à la manœuvre correspondent rarement à celles des peuples concernés."

Malgré ses critiques du régime iranien - Le Monde précise qu'il n'est "pas question ici de défendre le pouvoir iranien, qui ne repose plus que sur la répression de son peuple" -, l'éditorial insiste sur l'importance cruciale du respect du droit international.

Le quotidien rappelle fermement que "ce droit malmené de toutes parts dispose que la guerre préventive n'a pas plus de légalité que le changement de régime imposé unilatéralement par une puissance extérieure".

Cette position de principe vise à éviter "le retour à un monde éclaté en sphères d'influence, à l'intérieur desquelles les peuples sont asservis à une puissance hégémonique, sans que cela puisse empêcher par ailleurs que les périphéries soient l'objet d'affrontements entre grandes puissances".

Le Monde étaye son argumentation en citant des exemples concrets. L'éditorial oppose les échecs des interventions extérieures aux succès des transitions internes : "L'Irak et la Libye l'ont démontré, à l'inverse de la Syrie, où le changement de régime a été le fait des Syriens eux-mêmes et où la transition en cours est parvenue à déjouer, jusqu'à présent, les prédictions les plus sombres."

Cette comparaison renforce l'argument central du journal selon lequel "la désintégration des appareils de sécurité des régimes ainsi brisés nourrit régulièrement des insurrections, voire des guerres civiles" quand le changement est imposé de l'extérieur.

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Farid


Source : https://www.seneplus.com/international/le-monde-se...