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LE SÉNÉGAL MENACÉ PAR UN CHOC PÉTROLIER

Rédigé par leral.net le Lundi 23 Juin 2025 à 21:08 | | 0 commentaire(s)|

Goldman Sachs l'annonce : en cas de fermeture du détroit d'Ormuz, le pétrole atteindrait 110 dollars le baril. Pour Dakar, récent membre du club des pétroliers, cette flambée des cours cache un piège lié à ses capacités de raffinage insuffisantes

(SenePlus) - La montée des tensions entre Israël et l'Iran fait planer une ombre inquiétante sur l'économie mondiale, et le Sénégal pourrait bien être pris dans la tourmente. Après les frappes américaines sur des sites nucléaires iraniens dans la nuit du 21 au 22 juin, Téhéran a brandi une menace qui fait trembler les marchés : la fermeture du détroit d'Ormuz, passage obligé de 20% du pétrole mondial, rapporte Jeune Afrique.

Cette escalade intervient à un moment critique pour le Sénégal, qui vient tout juste d'intégrer le club très fermé des pays producteurs de pétrole. Selon les projections de Goldman Sachs citées par le magazine panafricain, un blocage de ce détroit stratégique ferait bondir le prix du baril à 110 dollars, avec des répercussions majeures pour les économies africaines.

Sur le papier, une flambée des cours devrait profiter au Sénégal, nouveau venu dans l'industrie pétrolière. "Pour les pays pétroliers du continent, dont la production pétrolière reste largement supérieure à la demande intérieure, une éventuelle augmentation des cours serait une aubaine incontestable", explique à Jeune Afrique Mahmoud El May, ingénieur pétrolier et spécialiste du négoce de l'or noir.

Pourtant, la réalité s'avère plus complexe pour le Sénégal. Comme le Nigeria et la Côte d'Ivoire, le pays "risquerait de ne pas en tirer entièrement profit en raison de ses capacités encore insuffisantes de raffinage", souligne le magazine. Cette faiblesse structurelle place le Sénégal dans une position paradoxale : producteur de pétrole brut destiné à l'exportation, mais importateur de produits raffinés aux prix du marché mondial.

Cette dépendance aux importations de carburants raffinés expose directement le Sénégal aux fluctuations des cours internationaux. Contrairement aux pays occidentaux qui disposent de réserves stratégiques de trois mois, les États africains comme le Sénégal manquent de capacités de stockage pour amortir les chocs pétroliers.

L'impact sur l'économie sénégalaise pourrait être double. D'un côté, les revenus tirés des exportations de brut augmenteraient mécaniquement avec la hausse des prix. De l'autre, la facture énergétique nationale s'alourdirait considérablement, pesant sur les finances publiques et le pouvoir d'achat des ménages.

Cette situation rappelle celle d'autres pays africains confrontés au même dilemme. Selon JA, "pour des pays comme la Tunisie, le Cameroun et la RDC, où les subventions aux produits pétroliers sont en vigueur, la hausse des prix pourrait entraîner une envolée de la facture énergétique et accentuer la pression sur les finances publiques."

Heureusement pour le Sénégal et l'économie mondiale, les experts restent sceptiques quant à la concrétisation de la menace iranienne. "La fermeture du détroit d'Ormuz est un scénario catastrophe qui, sur le terrain, est très difficile à concrétiser", estime Mahmoud El May dans les colonnes de Jeune Afrique. L'Iran, déjà fragilisé par les sanctions occidentales, se priverait d'une manne financière cruciale puisque son pétrole transite principalement par ce passage maritime.

Marc-Antoine Eyl-Mazzega, directeur du Centre énergie et climat à l'Institut français des relations internationales (Ifri), abonde dans ce sens auprès du magazine : en cas de blocage, "les puissances occidentales seront amenées à intervenir pour déboucher le détroit." Goldman Sachs confirme que les États-Unis et la Chine empêcheraient toute perturbation prolongée pour des raisons économiques évidentes.

Cette crise potentielle illustre néanmoins la vulnérabilité du Sénégal face aux soubresauts géopolitiques mondiaux. Pour le jeune producteur pétrolier sénégalais, l'enjeu demeure le développement rapide de capacités de raffinage nationales, seul moyen de transformer pleinement la manne pétrolière en levier de développement économique durable.

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Farid


Source : https://www.seneplus.com/economie/le-senegal-menac...