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LE SÉNÉGAL PRÉPARE UN NOUVEL EMPRUNT

Rédigé par leral.net le Jeudi 11 Septembre 2025 à 20:23 | | 0 commentaire(s)|

Selon Jeune Afrique, Dakar prévoit d'émettre 300 milliards F CFA d'obligations en septembre, structurées en quatre tranches de 3 à 10 ans avec des taux entre 6,40% et 6,95%, après 415 milliards levés en avril

(SenePlus) - Le Sénégal intensifie sa stratégie de financement régional face à l'impasse avec le Fonds monétaire international. Selon les informations révélées par "Jeune Afrique" dans son édition du 11 septembre 2025, sous la plume de Martin Agan et Aurélie M'Bida, Dakar s'apprête à effectuer « une nouvelle incursion sur le marché financier régional de l'Union monétaire ouest-africaine (UMOA) », dès ce mois de septembre.

Cette opération, estimée à 300 milliards de francs Cfa (soit environ 457 millions d'euros), constituerait la deuxième levée de fonds majeure du pays sur ce marché en 2025. En avril dernier, le Sénégal avait déjà mobilisé « près de 415 milliards FCfa » dans des conditions similaires.

L'ampleur de ces emprunts marque une rupture avec les pratiques antérieures du gouvernement sénégalais. Comme le souligne l'enquête de "Jeune Afrique", cette stratégie « tranche avec la tradition récente du pays, qui sollicitait des montants nettement inférieurs : 260 milliards FCFA en 2024, 340 milliards en 2023, 150 milliards en 2022 et à peine 100 milliards en 2015 ».

La nouvelle émission obligataire devrait être structurée en quatre tranches, offrant des maturités échelonnées de 3, 5, 7 et 10 ans, avec des taux d'intérêt compris entre 6,40 % et 6,95 %. Ces conditions reflètent la tension croissante sur les finances publiques sénégalaises.

Parallèlement, le pays a massivement sollicité le marché des titres publics de l'UMOA, y mobilisant déjà « 1 262,5 milliard FCfa, au cours du seul premier semestre 2025 », selon les chiffres de l'UMOA-Titres cités par les journalistes.

Cette fuite vers le financement régional s'explique par la détérioration spectaculaire du profil d'endettement du Sénégal. La révélation par la Cour des Comptes, en février 2025, de l'existence d'une « dette cachée » estimée à « près de 7 milliards de dollars entre 2019 et 2024, soit plus de 4 245 milliards FCfa » a profondément modifié la perception des créanciers internationaux.

Cette découverte, « attribuée à l'administration de l'ancien président Macky Sall », a contraint les autorités à réviser drastiquement leurs indicateurs financiers. Le ratio dette sur PIB, officiellement annoncé à 74,41 % fin 2023, a été successivement révisé « à 99,67 % puis finalement à 111 % ». La situation apparaît encore plus préoccupante, « en tenant compte de l'ensemble des engagements », le niveau d'endettement ayant « atteint 118,8 % du PIB à fin 2024 ».

Face à ces révélations, le Fonds monétaire international a confirmé ces chiffres et suspendu « une facilité de crédit de 1,8 milliard de dollars, dans l'attente de réformes structurelles ». Depuis, Dakar multiplie les échanges avec l'institution de Washington pour parvenir à un nouvel accord.

La dernière mission du FMI, menée le 26 août, a fixé des conditions strictes pour une reprise de la coopération, comme le rappelle JA. L'institution exige notamment d'« achever l'audit des arriérés de paiement lancé en juillet par l'Inspection générale des finances, de mettre en place une base de données centralisée sur la dette, de renforcer le contrôle des engagements budgétaires et de consolider progressivement les comptes publics sous le Compte unique du Trésor ».

En attendant un éventuel déblocage du financement international, le Sénégal gère son déficit budgétaire par des emprunts massifs sur les marchés régionaux. Au deuxième trimestre 2025, le pays affichait « un déficit budgétaire de 588,3 milliards FCFA ». Pour le combler, l'État a mobilisé « 2 247,8 milliards FCfa de financements, dont l'essentiel (1 677 milliards), provient du marché régional ».

Cette dépendance croissante au financement régional, transforme fondamentalement la stratégie économique du Sénégal. Comme le résument les auteurs de l'article, « faute de soutien immédiat du FMI, Dakar fait désormais du marché financier de l'UMOA, sa principale bouée de sauvetage pour maintenir l'équilibre de ses finances publiques, quitte à accroître sa dépendance vis-à-vis de ses créanciers régionaux ».

Cette stratégie, bien que nécessaire à court terme, soulève des questions sur la soutenabilité à long terme des finances publiques sénégalaises et sur les marges de manœuvre futures du gouvernement en matière de politique économique.

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Farid


Source : https://www.seneplus.com/economie/le-senegal-prepa...