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LE THRILLER DE LA MINE DE SIMANDOU

Rédigé par leral.net le Jeudi 4 Décembre 2025 à 00:47 | | 0 commentaire(s)|

Le Canard Enchaîné retrace l'histoire de « la plus grande mine de fer du monde » en Guinée, du coup de maître de Beny Steinmetz en 2008 à l'arrestation d'un homme d'affaires « bardé de micros » par le FBI, en passant par l'intervention de Sarkozy

(SenePlus) - C'est un scénario digne des meilleurs thrillers d'espionnage, mêlant corruption, écoutes du FBI et anciens chefs d'État. Dans une enquête vitriolée, Jean-François Julliard du Canard Enchaîné retrace l'histoire tourmentée de la mine de fer de Simandou, en Guinée, "la plus grande du monde", finalement tombée dans l'escarcelle de la Chine après une décennie de batailles judiciaires et géopolitiques.

Tout commence par ce que le journal satirique qualifie de « culbute du siècle ». En 2008, peu avant la mort du dictateur guinéen Lansana Conté, le diamantaire franco-israélien Beny Steinmetz réussit un coup de maître. Moyennant 160 millions de dollars, il s'empare de la moitié de la mine de Simandou, au nez et à la barbe du géant Rio Tinto. Quelques semaines plus tard, il revend la moitié de ses parts au groupe brésilien Vale pour la somme vertigineuse de 2,5 milliards de dollars.​

Les coulisses de cette acquisition sont explosives. Selon Le Canard, l'affaire a nécessité de graisser la patte de Mamadie Touré, la quatrième épouse du président Conté, à coups de millions de dollars et de cadeaux luxueux comme des « colliers de diamants ». Mais la chute s'amorce le 14 avril 2013, à l'aéroport de Jacksonville, en Floride. Un businessman français, envoyé pour détruire des preuves compromettantes, est arrêté par le FBI. Il ignorait que Mamadie Touré, qu'il tentait de convaincre, « était bardée de micros » par les services américains.​

L'arrivée au pouvoir d'Alpha Condé change la donne. Le nouveau président guinéen, décidé à récupérer la mine, s'entoure d'une armada de conseillers de luxe : Bernard Kouchner, Tony Blair ou encore George Soros. Ces « excellents amis » prodiguent des conseils pour réformer le Code minier et évincer Steinmetz, le tout sur fond d'une « énorme bataille de com' et d'influence ».​

Nicolas Sarkozy entre également en scène dans ce ballet diplomatique. Surnommé « Sarko les Bons Offices » par l'hebdomadaire, l'ancien président français aurait joué les intermédiaires pour adoucir le sort judiciaire de Steinmetz en Guinée lors d'un voyage à Conakry en 2020. Si l'homme d'affaires échappe à la prison en Guinée, il n'évite pas une condamnation en Suisse et une amende massive de 1,1 milliard de dollars due au brésilien Vale.​

Au terme de cette guerre de tranchées entre milliardaires et politiques occidentaux, c'est finalement Pékin qui tire les marrons du feu. Comme le note Le Canard Enchaîné, la Chine est « la seule à pouvoir financer les gigantesques investissements » nécessaires à l'exploitation, estimés à environ 23 milliards d'euros. Ce projet pharaonique inclut la construction de 650 km de voies ferrées et d'un port en eau profonde.​

Pour la Guinée, l'épilogue est doux-amer. Si le pays voit enfin le projet démarrer, la junte militaire au pouvoir a dû renoncer à contrôler ses richesses, ne laissant à l'État qu'environ « 15% des profits ».

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Farid


Source : https://www.seneplus.com/international/le-thriller...