LES ÉTATS-UNIS NE PEUVENT QUE DÉCONCERTER, SELON MAME MANDIAYE NIANG

Le juge Mame Mandiaye Niang, magistrat sénégalais à la Cour pénale internationale (CPI), a brisé le silence ce jeudi 21 août lors d'une interview accordée à la RTS. Visé par des sanctions américaines aux côtés de trois autres collègues de la CPI, il a dénoncé avec fermeté l'incohérence flagrante de la position des États-Unis.

"Au regard de la stature des États-Unis qui se sont toujours présentés comme les champions de l'état de droit, ça ne peut que déconcerter", a déclaré le juge Niang, pointant du doigt la contradiction entre les valeurs affichées par Washington et ses actions contre la justice internationale.

Cette incohérence devient particulièrement criante lorsque l'on compare le traitement réservé à différents dossiers. Le magistrat sénégalais rappelle que les États-Unis ont applaudi lorsqu'un mandat d'arrêt a été émis contre Vladimir Poutine dans le cadre du conflit ukrainien : "La Russie n'est pas membre, mais puisque l'Ukraine nous avait donné compétence, nous avons pu enquêter [...] avec les applaudissements des États-Unis."

Cette attitude révèle un double standard troublant : Washington soutient la CPI quand elle poursuit ses adversaires géopolitiques, mais la sanctionne quand elle s'intéresse à ses alliés. "Évoquer maintenant le fait qu'[Israël] ne soit pas membre... le droit pénal ne marche pas comme ça", souligne le juge, rappelant que la justice internationale fonctionne selon des principes de territorialité universels.

Malgré ces pressions, le juge Niang affirme sa détermination à maintenir l'indépendance judiciaire. Soutenu par les autorités sénégalaises et un élan de solidarité internationale, il refuse de céder aux intimidations : "Les États-Unis ont estimé que toute action d'enquête visant leurs alliés est un acte hostile auquel ils doivent répondre en déployant toutes leurs forces pour nous contraindre à renoncer à ce qu'on fait."

Le magistrat met en garde contre les conséquences de ces sanctions sur l'institution qu'il sert. La CPI, "aboutissement d'un long processus qui a commencé depuis le siècle dernier", risque d'être fragilisée par ces "manifestations de contrariété" américaines. Une situation d'autant plus préoccupante que cette institution représente un idéal de justice partagé par la communauté internationale.