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La Gangrène

La démocratie sénégalaise est vantée, chantée, enviée à l'intérieur comme à l'extérieur du pays. Toutefois, elle souffre d'une maladie très contagieuse qui, comme les grandes pandémies, a fini de se répandre dans la marre politique.


Rédigé par leral.net le Lundi 23 Juillet 2012 à 17:15 | | 0 commentaire(s)|

La Gangrène
La transhumance est sans conteste une des tares de la démocratie sénégalaise. L'ancien chef de l'Etat du Sénégal, Abdoulaye Wade en a d'autant plus souffert sous le régime de Abdou Diouf qu'il avait fini, une fois porté au pouvoir, de faire voter une loi qui faisait perdre aux députés démissionnaires de leur parti, leur mandat.

Pour autant, pour les besoins de massification de son parti, le secrétaire général du Parti démocratique sénégalais n'avait pas hésité à «politiser» les audits au lendemain de la première Alternance survenue au Sénégal, le 19 mars 2000.

Ainsi, ceux qui avaient accepté de quitter le parti socialiste ont été épargnés de prison ; alors que les autres ont été tout simplement envoyés en taule.
Au niveau de l'Assemblée nationale, si la loi a fait des victimes notamment dans le camp libéral, avec les députés dit «frondeurs», tels Moustapha Cissé Lô, Mbaye Ndiaye entre autres, elle est loin d'avoir mis fin à cette gangrène. Certains députés étant arrivés sous la bannière d'une coalition, ont souvent lâché le navire pour devenir soit des «Non inscrits», soit des électrons libres.

A la veille des élections législatives prochaines, voilà que Djibo Leyti Kâ, le bien nommé, celui-là même qui a « institutionnalisé » la transhumance politique au Sénégal, pose le débat et demande la mise en place de gardes fous pour l'éviter désormais. Pour y arriver, le secrétaire général de l'Union pour le renouveau démocratique (Urd), un parti qui a tout fait sauf renouveler la démocratie, a récemment déclaré «n'avoir rien regretté dans son compagnonnage avec Wade, mais que si c'était à refaire, il ne le referait pas», préconise l'adoption d'une loi permettant de «combattre la transhumance politique».

«La Constitution du Sénégal prévoit qu'un député qui quitte son parti politique perd son mandat à l'Assemblée nationale. Mais j'avoue que cela ne suffit pas. Je préconise une loi organique pour arrêter ce phénomène'', a déclaré à la presse, l'ancien ministre.

Une déclaration qui fait l'objet d'un grand buzz médiatique ce week-end aussi bien sur les ondes que sur la toile. Toutefois, rien ne semble arrêter la transhumance au Sénégal.
Et le comble, c'est qu'en plus de la transhumance directe (le fait de quitter un parti politique qui perd le pouvoir vers un autre qui vient d'y accéder), les hommes politiques sénégalais semblent user d'une autre technique.

La nouvelle transhumance se fait désormais par VDC (Voie de contournement). A défaut d'être systématique, ostensible, elle s'organise subtilement. Des conseillers municipaux, ruraux, régionaux ou un groupe de députés s'organisent en mouvements, se vantant d'être ni d'un camp, ni de l'autre. C'est ainsi que, en douceur, ils rejoignent le parti au pouvoir pour soi-disant répondre à l'appel de Macky Sall ou d'aider le président de la République dans la construction du Sénégal.

Une simple loi organique peut-elle solutionner le problème ? Il ne suffit pas de mettre un paravent à l'assemblée pour empêcher les voyeurs de regarder par le trou de la serrure. Chassez le naturel… C'est plutôt une question d'éthique et de morale personnelle.

Aujourd'hui, les conditions d'une telle transhumance sont encore réunies, avec 24 partis et coalitions de partis qui sont en lice pour les 150 postes des députés en perspective des élections législatives, prévus le 1er juillet prochain.


Source:sudonline.sn