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La République des milliards perdus

Incontestablement, le Gouvernement du Sénégal peut se prévaloir d’une spécialité mondiale : l’art de donner à ses adversaires des verges pour se faire battre. Alors qu’il est sous le feu roulant d’une opposition de plus en plus radicale, le régime libéral s’est une fois de plus tiré une balle dans le pied, avec le limogeage brutal de M. Ibrahima Sarr. Il est reproché au-ci devant ministre du Budget d’avoir « maquillé » un déficit budgétaire qui, selon les estimations les plus basses, avoisinerait les 400 milliards de francs Cfa.


Rédigé par leral.net le Jeudi 14 Août 2008 à 19:15 | | 0 commentaire(s)|

La République des milliards perdus
Avec les méthodes expéditives qu’on lui connaît, le Président de la République a décidé de sévir au plus vite, demandant en prime des « explications » à une quinzaine de ministres dont les services auraient bénéficié d’une manne frauduleuse qui n’a pas encore révélé tous ses secrets. Mais peut-t-on raisonnablement prendre au sérieux ce énième coup de sang du chef de l’Etat, adepte des effets d’annonce sans lendemain ? Il est permis d’en douter d’autant plus que visiblement, c’est sur l’injonction de M. Dominique Strauss Kahn, patron du Fmi, que Me Wade, au risque de ravaler la fierté nationale, a décidé de sévir. Très prompts à adopter un ton belliqueux contre tous ceux qui, journalistes, membres de la société civile, syndicalistes ou opposants, osent critiquer la manière dont les Finances publiques sont tenues dans ce pays, les libéraux ne mouftent pourtant jamais quand le représentant-résident du Fmi au Sénégal, M. Alex Segura, régulièrement, leur donne un petit coup de règle sur les doigts. C’est que malgré ses attitudes de matamore, le régime libéral, dans une impasse financière à force de gabegie et de bamboula, ne peut cacher une triste réalité : le Sénégal est un pays pauvre très endetté (PPTE), en permanence sous perfusion financière et dont la survie dépend du bon vouloir des messieurs du Fmi et de la Banque mondiale. C’est cette vulnérabilité économique et cette indigence financière qui rendent encore plus inacceptables les très graves dérapages budgétaires dont le régime semble avoir fait sa marque de fabrique. Des « chantiers de Thiès » à l’affaire de Taiwan, pour ne citer que quelques méga scandales, le Sénégal semble être devenu la République des milliards perdus. Une sorte de triangle des Bermudes où des délinquants en col blanc peuvent détourner des sommes colossales sans encourir grand-chose. De ce point de vue, il serait surprenant que l’ancien ministre du Budget dont la culpabilité dans cette affaire reste à démontrer et qui n’acceptera pour rien au monde d’être le parfait bouc émissaire ou l’agneau du sacrifice, soit inquiété outre-mesure. On voit mal en effet Me Wade, très isolé politiquement, prendre le risque d’ouvrir une boite de Pandore en cas de poursuites contre des caciques du régime qui en connaissent un rayon sur les micmacs financiers qui ont jalonné son septennat et entachent encore un peu plus le début de quinquennat. De plus, le dernier scandale en date remet sur la tapis l’option fâcheuse prise par le régime libéral de faire depuis quelques années des ministères du Budget et des Finances la chasse gardée des Inspecteurs du Trésor. Si ce corps prestigieux a donné par le passé de grands argentiers à l’Etat, il faut aussi rappeler que l’un des plus gros esclandres financiers de ces dernières années porte la signature d’une bande de jeunes Inspecteurs au train de vie démentiel qui, se couvrant mutuellement , avaient proprement saigné à blanc les caisses du Trésor public.

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