leral.net | S'informer en temps réel

La provincialisation, une nécessité : un pas concret vers une confirmation de la perspective territoriale du Pr Abdoulaye Wade, Président de la République du Sénégal

Nous sentons que le Professeur Abdoulaye Wade, Président de la République du Sénégal est en train de forger une perspective territoriale en Afrique. Ceci est à louer pour une gouvernance territoriale durable à l’échelle des 14 régions du pays qui forment l’espace national. Il y a la nécessité de trouver un cadre spatial adéquat, une structure pour une application des théories économiques régionales et urbaines. La notion de région a un caractère polysémique et relève d’une complexité certaine. La théorie de la localisation industrielle étudie les flux interrégionaux ou entre espaces régionaux en analysant les réactions des établissements extérieurs à la région et leurs relations avec la région étudiée pour mesurer les différents effets économiques qui peuvent se produire (Hoover, 1948; Beckmann, 1968). Cependant la tâche ne fut pas du tout simple car il n y a jamais eu un point de vue commun des chercheurs économistes sur la définition exacte de la région elle-même. En économie régionale et urbaine, les chercheurs distinguent trois types de région : la région polarisée, la région homogène et la région plan (Boudeville, 1958). Pour chaque type de région, les caractéristiques facilitent ou contrarient les postulats théoriques posés pour analyser les problèmes économiques.


Rédigé par leral.net le Samedi 13 Novembre 2010 à 11:39 | | 3 commentaire(s)|

La provincialisation, une nécessité : un pas concret vers une confirmation de la perspective territoriale du Pr Abdoulaye Wade, Président de la République du Sénégal
La région polarisée a fait l’objet de diverses contributions en économie régionale et urbaine. Dans ce concept, la notion de pôle est importante à comprendre. Selon Milhau (1957)1, le pôle est comme un ensemble fonctionnel, capable d’agir sur le milieu qui l’entoure de manière graduelle et cumulative jusqu’à la transformation structurelle de ce milieu. Cependant, de quelle transformation s’agit-il? Est-ce un changement planifié et en quoi les nouvelles dynamiques vont-elles influer sur les modes de vie dans les territoires au sein comme à l’extérieur du pôle? La région polarisée se matérialise dans certains cas par l’emplacement proche d’une infrastructure hydro-agricole, d’une grande entreprise industrielle de montage, d’un méga-complexe minier ou d’autres types d’investissement de cette nature. Nous pouvons par exemple citer le cas du complexe industriel d’Alcan à Alma dans la région du Saguenay Lac-Saint-Jean ou le complexe des phosphates dans la région de Thiès au Sénégal. Différents types d’activité sont liés à des caractéristiques distinctes de la région d’emplacement et des possibilités offertes. Pour Perroux (1960 :320) « La recherche des pôles, des lignes de forces, des zones critiques dans une région, permet de retrouver les circuits essentiels et clarifie immédiatement beaucoup de problèmes régionaux. C’est d’abord une méthode très utile. » Le pôle régional peut aussi se référer à l’emplacement d’un grand centre de recherche scientifique ou d’une grande université dans sa zone. Les milieux de formation et de la recherche sont convoités pour les dotations en ressources humaines de qualité. Cependant, nous pouvons voir que dans une région polarisée, il est possible d’avoir plusieurs pôles en fonction des secteurs d’activité mais aussi des milieux critiques. La région polarisée se définit par le degré maximum d’interdépendance, permettant de définir de façon simple le lieu d’emplacement des industries motrices (Boudeville, 1960)2. Les interdépendances dont les chercheurs parlent ici en économie spatiale sont strictement d’ordre économique et sont liées aux maillages développées entre les entreprises. Ici nous soulignons que la polarisation se réfère uniquement aux industries. Les industries de base forment la charpente du pôle régionale. Pour Jean Claude Perrin (1974 :6) : « La région, est la zone de polarisation autour cette ville, dont la croissance des échanges y étant supérieure à ce qu’on observe entre un point quelconque de cette zone dans sa distance avec une autre grande ville » Selon ce chercheur, en fonction des distances localisation des entreprises par rapport à une ville principale au sein d’une région, il est possible de calculer les flux, leur intensité, leur nature et leur origine. La position d’une ville principale, polarisant des activités économiques dans une région, permet aux économistes d’analyser les échanges en jeu de manière simple. Qu’en est-il des autres territoires en dehors de la zone polarisée de la région proprement dite? Selon Boudeville (1958)3, la région polarisée est le lieu privilégié de l’analyse économique régionale et urbaine. Par le fait des rendements croissants en économie, la promotion des entreprises industrielles dans les régions, s’accompagne d’un essaimage d’entreprises connexes. La localisation d’une entreprise dans un pôle attire d’autres industries. C’est dans cette dynamique de concentration des entreprises dans l’espace régional que les différences de développement s’installent dès le début entre les régions. Un certain nombre de services scolaires, administratifs, sanitaires et sociaux, qui, dépendent de la puissance publique, est souvent attiré et concentré dans un pôle régional. Selon Aydalot (1985), les régions qui dominent concentrent les activités, les fonctions, les compétences et qualifications supérieures et rejettent sur les régions périphériques les activités de niveau inférieur. La polarisation peut amener un déséquilibre dans les régions mais il faut y travailler de manière élaborée. Nous pouvons signaler les dynamiques centre-périphérie, rural-urbain ou plus récemment les zones vitalisées ou à revitaliser et celles dévitalisées dans les études régionales. Qu’est ce qui explique ces dynamiques territoriales? La région polarisée, permet, pour les économistes, une délimitation d’un espace en fonction des activités économiques dominantes et de la structure des échanges. Cependant, nous pensons que, la situation de polarisation des activités dans un milieu donné peut être source de différences de développement entre les territoires. Cette concentration des activités économiques dans une partie de la région ne pose t-elle pas des défis en termes de gestion de l’environnement et des problèmes sociaux? En Europe comme aux États-Unis, les chercheurs témoignent d’un retournement historique de situation dans les territoires avec l’obsolescence des sites industriels et des premiers emplacements dans d’anciennes régions polarisées (Perrin, 1974; Aydalot, 1985). Par ces retournements, les nouvelles restructurations territoriales s’accompagnent avec de possibles difficultés d’adaptation des populations et des dommages importants sur les communautés. Même si, au départ, la région polarisée permet l’emplacement de nouvelles activités industrielles, nous pensons que, la place des territoires et des communautés qui y vivent mérite d’être prise en compte dans les schémas de localisation. Il faudra adopter tout simplement une provincialisation avec des stratégies territoriales durables par une implication des populations sénégalaises. Durant la période qui a suivi la seconde guerre mondiale, les politiques étaient axées sur une diffusion des flux de développement issus des régions les plus développées vers celles sous-développées pour atténuer les écarts de développement (Stohr et Todtling, 1977). Dans ce cadre, nous signalons certaines politiques d’accompagnement des pays du Tiers Monde durant la décennie 80. Malheureusement les Programmes d’Ajustement Structurels ou PAS, bien connus par la recherche, ont tous connus des résultats mitigés dans les pays africains. Cependant le cas du Sénégal dans le contexte actuel nous permet de faire une provincialisation réfléchie basée sur une territorialisation des activités. Nous pensons que la région polarisée peut mener à des perturbations et des défaillances importantes, non prise en compte par l’économie de marché, au sein des territoires. Les politiques régionales, qui favorisaient la création des industries au sein des régions, n’ont pratiquement jamais pris pas en considération dans les modèles, les aspects sociaux, politiques, institutionnels, environnementaux ou autres aspects importants. L’identité territoriale, les circuits écologiques régionaux, la qualification des marchés de travail ou le degré de prise de décision et de contrôle extérieur des établissements locaux ont peu été analysés (Guindani et Bassand, 1982). Il est important de signaler ici que le niveau territorial a été souvent négligé par des modèles de développement qui cherchent systématiquement la croissance économique et la rente. Il va falloir y penser dès le début de la démarche en adoptant des outils territoriaux comme les Agendas 21 locaux au sein des territoires. Il s’agit d’une gouvernance participative déclenchée depuis Rio en 1992 par l’ICLEI et il y a beaucoup de succès dans ce domaine.

La région polarisée s’oppose à la région homogène au sens classique du terme à la fois d’un point de vue social, d’un point de vue géographique et d’un point de vue économique (Boudeville, 1960). L’homogénéité relève des similitudes au sein d’une même région en termes de ressemblances des facteurs de production. Pour certains protagonistes de la localisation industrielle, la région homogène se trouve aussi dans la spécialisation d’une région donnée dans des activités économiques spécifiques (Giraud, 1961). Nous pouvons comprendre que l’homogénéité régionale est ici prise dans le sens économique en termes de similitudes de production des biens conformément à ses potentialités spécifiques et ses ressources naturelles. Des régions forestières, des régions minières ou agricoles sont, pour quelques chercheurs en économie régionale et urbaine, homogènes dans le comportement démographique et d’autres facteurs a-spatiaux comme le climat, la langue ou la religion (Bye, 1960). Pour d’autres chercheurs, la région homogène recèle des données sociales spécifiques en comparaison avec d’autres régions et est d’ailleurs par ce fait plus intéressant pour analyser les modèles économiques. Selon Capet (1960), les différences psycho-sociologiques dont la structure sociale, les classes sociales, les préoccupations des élites ou les réactions à une situation déterminée sont uniques à une région donnée. Cette dynamique spécifique attire de nouvelles industries qui, induisent souvent une raréfaction des facteurs de production et l’étroitesse des débouchés et des emplois dans les territoires. Les régions homogènes font l’objet d’une dépendance à une ressource locale et occasionnent dans certains cas une pression continue sur les ressources. Les régions homogènes sont souvent très dépendantes des marchés extérieurs et courent des risques élevés à cause des changements technologiques. Pour une première fois durant le colloque de l’institut de Science Économique de l’Université de Liège, en avril 1960, Jacques Boudeville définissait la région homogène de la manière suivante : « La région homogène est celle dans laquelle la disparité des caractéristiques, quelles que soient ces dernières, est le plus faible possible. Il faut noter que cette conception de la région homogène ne correspond pas tout à fait à l’idée de région naturelle des géographes. » De quelle disparité des caractéristiques parle Boudeville dans cette citation? S’agit-il de caractéristiques territoriales ou des facteurs spécifiques à la région? La région homogène comme la région polarisée a des caractéristiques intéressantes à analyser dans une perspective territoriale. En prenant en compte le fait que les territoires sont toutes spécifiques et composent les régions, l’homogénéité régionale reste une chose difficile à appréhender. Le Sénégal recèle des régions polariséees comme des régions homogènes Par exemple Dakar est région polarisée avec sa centralité urbaine et sa multimodalité dans les transports, son port, son aéroport et ses économies diversifiées tandis que les régions de Diourbel, de Kédougou, de Matam et de Thiès sont homogènes.

Pendant les années 60, certains pays avaient déclenché des efforts de planification régionale pour redynamiser certains milieux critiques dans des zones périphériques. En dehors des régions homogènes et celles polarisées, les travaux des économistes ont signalé la région plan comme espace de développement. La région plan est celle qui a l’unité de direction de la maison mère ou le centre de décision dans l’implantation des grandes entreprises dont dépendent des filiales et des satellites dans les autres milieux (Davin, 1960; Boudeville, 1958). Dans cette mouvance centralisatrice, nous parlons des systèmes de gestion du haut vers le bas. Au cours du dernier demi-siècle, différentes facettes de la région plan sont aussi apparues dans la délocalisation des multinationales dans les territoires. Dans certains pays, plusieurs mesures ont vu le jour pour promouvoir la région plan en octroyant des subventions aux entreprises qui souhaitent s’installer dans certains milieux, la fourniture d’équipements et d’infrastructures (Harisson et al, 1996). Nous pouvons aussi signaler les tentatives du Bureau d’Aménagement de l’Est du Québec (BAEQ) et ses efforts de planification régionale durant les années 60. Les chercheurs au Québec sont fortement revenus après ces expériences sur l’importance d’une meilleure lecture spatio-économique du territoire (Parenteau, 1960, Rapport La Haye, 1970). Nous pensons qu’il existe des difficultés certaines pour appréhender toutes les dimensions liées à la région plan et à ses territoires. Le cas du Sénégal ne devra pas aller vers ce type de structure spatiale car elle déteint sur la perspective territoriale par une nouvelle centralisation des pouvoirs. Ce n’est pas ce que le Pr Abdoulaye Wade cherche dans les territorialités sénégalaises.

Face aux différentes définitions de la région polarisée, de la région homogène et de la région plan, nous pensons que les dimensions politique, sociale, environnementale et culturelle, doivent être tenues en compte dans les modèles en économie régionale et urbaine. L’entreprise industrielle et sa localisation optimale sont souvent les seuls maîtres mots. La dimension territoriale, dans toute sa complexité mérite d’être intégrée dans une bonne compréhension du développement économique des régions. Ce sont les acteurs dans les territoires qui font les économies. La région comme tout autre espace est composée de territoires avec des liens bien particuliers et des relations séculaires. Dans la perspective territoriale, la région, s’est organisé une vie économique et sociale (André, 1960)4. Le vécu quotidien des communautés et les relations sociales sont des éléments fondamentaux pour mieux comprendre les réalités qui modèlent les faits économiques. Frémont (1999 : 199) souligne que : « La terre incarne tout cela. Il s’ensuit une organisation de l’espace fondée sur l’enracinement, c'est-à-dire sur l’attachement des hommes à la terre, de la maison à la région. Celle-ci, à son échelle, exprime ces valeurs. Ce sont ces fondements, nullement universels, qui ont inspiré les géographes classiques pour définir la notion de région. »

Suite aux définitions, que nous avons données sur la région, nous pensons que les économistes de la région, ont souvent pensé un cadre spatial simplifié d’analyse des problèmes économiques. Cependant, les territoires qui composent les régions, sont assez complexes qu’elles soient des régions polarisées, des régions homogènes ou des régions plan. Les territoires sont toutes spécifiques avec des réalités sociales, culturelles et environnementales différentes. Nous soulignons par ce fait, que la prise en compte de la distance ou de la région dans la localisation des entreprises face aux enjeux d’aménagement du territoire et aux défis des changements climatiques, nécessitent non plus une seule maitrise des coûts mais plutôt des choix judicieux, éprouvés et soucieux des territoires et des communautés. L’arrivée et la concentration des entreprises industrielles dans les régions s’accompagnent de gains économiques dans certains cas mais aussi occasionnent des coûts sociaux et environnementaux dans d’autres cas pour les populations. Quelles peuvent être les externalités positives ou négatives suite à une concentration des industries dans un milieu? Comment analyser les économies d’agglomération?

1. La théorie des lieux centraux face aux enjeux d’aménagement du territoire
Walter Christaller est le père fondateur de la théorie des lieux centraux en 1933. Les théories des places centrales sont conçues des agglomérations, des centres urbains qui produisent des biens et des services pour les milieux périphériques. C’est à partir de là qu’il définit une hiérarchie urbaine avec des schémas d’organisation des lieux. Proulx (2010 : 27) dira que : «Elles illustrent fort bien en ce sens le rôle de Montréal comme pôle de développement dans l’ensemble des centres urbains secondaires et tertiaires qui composent le vaste espace Québec. » Les théories des places centrales ont fait des contributions importantes sur les économies d’agglomération dans les pôles de développement régionaux.



III.1 L’économie d’agglomération : des externalités positives dans les centres urbains
Avec la région polarisée, nous avons vu que les industries s’agglutinent dans des pôles, dans des centres de développement en fonction des industries motrices et des potentialités décelées. Les facteurs de localisation diffèrent selon les industries, les échelles spatiales et les technologies en vigueur. La localisation permet de définir des gains de productivité propres à une industrie donnée. Les travaux de Henderson en 1988 sur les villes brésiliennes et américaines sont édifiants à ce sujet. L’agglomération géographique des industries rend possible la maximisation des gains dans une prise en compte des avantages comparatifs des activités individuelles des entreprises mais aussi des maillages déclenchées. L’augmentation des activités économiques peut intensifier le taux d’urbanisation et la densité démographique (Chung, Achour et Lapointe, 1981). Cependant il faut signaler qu’il n y a aucun déterminisme, en ce sens que, la polarisation n’induit pas indubitablement une urbanisation ou vice versa. L’économie d’agglomération est lié à l’accroissement des populations dans certains espaces régionaux. Il faut signaler que cette augmentation de population dans certains centres urbains s’est faite au détriment d’autres territoires qui se vident de ses ressources humaines. Les différents milieux ruraux comme urbains sont intégrées dans des relations dynamiques d’échanges complexes autour du pôle régional comme nous l’avons vu. Partant des travaux d’Hirschman (1958) et de Friedman (1966), l’économie régionale a discuté des économies d’agglomération partant de la région polarisée comme idée maîtresse du développement au sein des pays. Cependant la nuance est que, pour certains chercheurs, l’implantation d’une industrie, peut se heurter à de fortes résistances aux activités traditionnelles, à l’attachement sentimental, aux institutions administratives et même juridiques d’une région homogène (Bourcier de Carbon, 1960). De nos jours, l’emplacement industriel comme la mise en place de nouvelles industries dans les territoires touchent aux sensibilités sociales environnementales. En économie régionale, deux fonctions importantes sont analysées dans le développement des agglomérations : la production et la consommation. Pour Richardson (1973), la capacité du pôle régional ou de la grande ville d’une région à produire des biens et services dépend d’une part, de la capacité à attirer de nouvelles industries et d’autre part, l’expansion des industries déjà en marche. L’accroissement des entreprises favorise l’arrivée de la main d’œuvre et partant de là un accroissement de la population dans les villes et un départ massif des milieux ruraux. Cet accroissement démographique urbain signifie l’expansion du marché, ce qui peut attirer d’autres entreprises et permettre des gains de productivité. Cependant, nous verrons qu’il faut nuancer les propos sur les gains face à des phénomènes contraires de déséconomie d’agglomération. Les situations d’agglomération diffèrent en fonction des régions, des conditions sociales et des coûts de certains services publics comme l’approvisionnement en eau, l’électricité, la santé publique et la sécurité. Boventer (1960) fait la différence entre trois types d’économie d’agglomération : l’économie de localisation que nous avons vue en partie plus haut, l’économie d’échelle par une diminution des coûts avec une augmentation de la production et l’économie d’urbanisation par la présence d’une main d’œuvre qualifiée et des finances. Avec la présence d’un marché avec des consommateurs dans les centres urbains, les entreprises peuvent diminuer les coûts de publicité, les coûts de transaction et les coûts de distribution. C’est ce que les économistes nomment l’économie d’échelle. Pour la plupart, les économies d’urbanisation ressemblent aux économies de localisation (Polèse et Shearmur, 2005). Au niveau des villes, les entreprises peuvent avoir la chance de trouver une main d’œuvre de qualité à proximité des services financiers, des cabinets spécialisés et d’autres ressources comme les banques et les assurances. Cependant, même s’il y a différents types d’économies d’agglomération, avec des externalités positives de différentes sortes, provenant d’autres activités, il y a autant des difficultés et menaces à long terme au sein des territoires. Quels sont les contrecoups d’une économie d’agglomération et en quoi peuvent-ils produire des externalités négatives au sein des territoires ?

III. 2. La déséconomie d’agglomération : des externalités négatives avec des coûts sociaux et environnementaux dans les territoires
Des écarts de développement s’installent entre les milieux polarisés ou centres qui bénéficient d’activités économiques prospères et les milieux périphériques qui se contentent parfois d’activités peu rentables. La nuance est importante à faire ici. Certains territoires ruraux, en recomposition économique, sont en train de faire des avancées énormes. La distance et la région discutées dans les théories de la localisation ainsi que les économies d’agglomération couvertes par les théories des places centrales sont tous des concepts importants. Cependant pour toutes ces notions, nous pensons qu’il est toujours important de nuancer face à la complexité des territoires. Les dynamiques longtemps étudiées de centre-périphérie ou de rural-urbain dans les sciences régionales sont aujourd’hui entrain d’être repensées face aux recompositions territoriales complexes. Jean (2008) souligne la multifonctionnalité de l’espace rural qui est une tendance nouvelle. Henri Lefebvre (1975 : 16)5 disait : « Pour moi, les périphéries, ce ne sont pas seulement des gens éloignés par rapport au centre, qu’il s’agisse d’un centre de pensée ou d’action. Les périphéries sont parfois très près du centre; elles fournissent même l’approche pour arriver au centre. L’espace social ne se définit pas comme l’espace géographique par des distances mesurables. » Les centres urbains, aussi en atteignant certaines tailles, vivent le principe des rendements décroissants bien connu en économie. Avec la concentration des entreprises, les centres arrivent à des seuils de fonctionnement et des ruptures de charge dans certains services. Dans certaines villes modernes, les populations vivent des difficultés de transport suite aux congestions de trafic et une pollution démesurée. Dans certains milieux, nous assistons à des retours vers les campagnes et ceux-ci posent d’autres défis liés à l’étalement urbain. Selon Proulx (2010), l’étalement urbain dans le cas du Québec, occasionne des pressions importantes sur les milieux ruraux à vocation agricole ou forestière dans les zones péri-urbaines. Avec les déséconomies d’agglomération, certaines entreprises déplacent leurs sièges et certains bureaux dans les périphéries immédiates des centres urbains. Les coûts environnementaux et sociaux associés aux déséconomies d’agglomération sont souvent sous-estimés (Polèse et Shearmur, 2005). Pour certains chercheurs, les effets nocifs des activités économiques se font sentir plus à long terme et les agents économiques comme les populations ne le comptabilisent pas dans l’immédiat. Selon les données de la Banque Mondiale en 2003, les niveaux de pollution de l’air avec des particules de soufre étaient très élevés et dépassaient la normale au Caire en Égypte, à Beijing, à Mexico et à Séoul. Cependant dans ces grands centres urbains, les ressources nécessaires pour réduire ces niveaux de pollution n’étaient pas pris en compte dans les prix des produits pour le développement de technologies alternatives moins polluantes.

En faisant un tour d’horizon des notions et concepts qui, certainement vont permettre de mieux comprendre les écarts de développement entre différents espaces régionaux, nous sommes convaincus de la complexité des dynamiques spatiales et sociales qui font les territoires. Les notions de territoire, de distance, de région comme des économies d’agglomération montrent les difficultés qu’ont les économistes et les autres chercheurs à pénètre les structures territoires. En introduisant des activités économiques dans un espace régional, il est impératif de faire des analyses approfondies dans les domaines économique, sociale, environnementale, politique, institutionnelle ou culturelle. Ces différents aspects en lien avec les relations entre les acteurs territoriaux peuvent être des sources d’écarts de développement entre et au sein des régions. En prenant en compte l’option de provincialiser, le Professeur Wade ne fait que renouer avec Losch, Christaller, Perroux, Aydalot, Proulx, Bruneau, Benko, Lipietz, Jean, Gagnon, Perrin, et les autres. Nous louons cette approche territorialiste, soucieuse de donner de la place, une parcelle de pouvoir, une délégation citoyenne et une implication aux populations dans la gestion de la nation. En dehors de toutes les polémiques partisanes, nous devons aller vers une consolidation des acquis du Sénégal pour une émergence. Le Sénégal devra se positionner sur les régions polarisées ou les régions homogènes en développant une intelligence territoriale de maillage des deux types. La région plan nous fera revenir tout juste vers un État Central, fort qui ne donne pas la possibilité aux collectivités locales la chance et l’ouverture vers une compétition des territoires, gage d’une émergence certaine. Félicitations et bonne continuation.


Pr Mamadou Gaye, en cycle d’agrégation aux universités du Québec,

Canada.

Email et contacts : maggay0104@gmail.com ou mamadou.gaye@uqac.ca

Téléphones : 00 1 581 234 1966 ou 00 1 418 579 0112

Website : www.crtglaf.org

(Plus d'informations demain sur leral .net)


1.Posté par Coumba le 13/11/2010 13:21 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler



la question qu'on doit se poser : qu'est ce qui se cache derriere cette volonte de provincialiser?


2.Posté par Goora le 14/11/2010 16:45 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler

Sénègalomanie :Mon Professeur
De la provincialisation à l'autonomie il n'y a qu'un fil
A l'occasion des centenaires des indépendances africaines , je déclarai l'autonomisation de ma région traditionnelle pour booster le développement. et sortir de la misére. En tout cas Yang yang la capitale mythique du Djolof voudrait être comme New York Paris Londres Tokyo Pékin.On a ôté tout nos droit sauf le droit de rêver et de jouir. Au secours Professeur fii gneepa dooff il faut un Ndeup national avec des intellectuels honnêtes et sérieux comme vous.
La véritable provincialisation passe nécessairement par l'autonomie territoriale, elle consiste à libérer les populations des tutelles d'accaparement des politiques népotisme d'exploitation au profit d'un quart du territoire pour un quart des habitants.
Faut ils vendre les régions ?- Faut il privatiser les terroirs?C'est la mode en Afrique de l'est

3.Posté par paouan le 16/11/2010 00:27 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler

la provincialisation a toujours prevalut en senegambie!
on parlait plutot de royames du saloum , de royaume du sine ,du royaume
du cayor , du royaume du baol ,du royaume du niani....ETC
A chaque royaume un roi ou une reine
A quand la Provincialisation de la Casamance ? Avec un solide pole de
developpement autour des grands centres urbains et .....
Un autre pole de provincialisation interconnecté à Tamba-counda ,relié à
la Casamance et à Dakar par de solides Autoroutes evidemment , car sans
Infrastructures ce sera l'Echec assuré et pour consequence une exacerbation
des pretentions d'autonomie , ce qui comblerait le MFDC

Nouveau commentaire :

Tout commentaire à caractère commercial, insultant, pornographique, raciste, homophobe, incitant à la violence ou contraire aux lois sénégalaises sera supprimé, Peut entraîner votre bannissement total du site