leral.net | S'informer en temps réel

Lamine Faye: « Si j’avais le choix, on m’aurait donné ma place dans la musique actuelle »

On a du mal à le reconnaître… Enveloppé dans un ensemble deux-pièces, affaibli par le poids de l’âge, Lamine Faye semble revenir de loin, de très loin.
Après une lutte acharnée contre la maladie, il doit maintenant s’accrocher pour survivre financièrement.
Aujourd’hui convalescent, même s’il a quelque peu retrouvé ses moyens, après deux années de soins en France, son affection a tout de même pris une longueur d’avance sur son état de santé. Le débit cotonneux de sa voix en dit long.
Toutefois, c’est sans compter avec son envie, sa détermination à remonter en selle et réintégrer la scène. Avec l’énergie et la détermination d’un surhomme, il est sorti de sa léthargie et veut à tout prix reprendre sa place dans la musique.
Face à « L’Observateur », Lamine Faye en dit plus, sur sa longue absence, la disparition de son frère Habib, l’époque Lemzo Diamano, le mystique autour de sa maladie… Morceaux choisis.


Rédigé par leral.net le Samedi 20 Octobre 2018 à 13:41 | | 0 commentaire(s)|


Comment se porte Lamine Faye après une longue absence de la scène musicale?

Ces temps-ci, je peux dire que je suis au chômage. En réalité, je suis en convalescence après une longue période passée à me soigner. J’étais en France pendant deux ans au moins.
Ce n’est pas la peine que je rentre dans les détails de ma maladie, mais retenez juste que je vais beaucoup mieux. (…)

Vous semblez affaibli par la maladie, d’où tirez-vous cette force ?

Un professionnel reste un professionnel. La musique c’est mon métier, je ne peux pas m’en détourner. C’est grâce à elle que je vis et elle fait partie intégrante de ma vie. Que les gens s’attendent à me voir revenir en force avec une production. Même si ce n’est pas pour maintenant. (…) Si j’avais les moyens, j’aurais créé mon propre mon propre studio. C’est mon plus grand souhait.

Le monde de la culture a enregistré une énorme perte avec le décès de votre frère, Habib Faye, il y a quelques mois. Comment avez-vous vécu cet épisode ?

Avec beaucoup de philosophie. Le Bon Dieu a donné, Il a repris, que Sa volonté soit faite.
Habib était un être d’une grande dimension. Je le savais déjà, mais c’est suite à son rappel à Dieu que je m’en suis rendu encore plus compte.

Il aura marqué son temps par son talent incontestable. C’était un musicien hors pair. Au-delà du Super Etoile où il a fait ses armes, Habib a collaboré avec de grands noms de la musique en Afrique et à l’international. (…)

On n’avait plus eu de vos nouvelles jusqu’à récemment, à travers une vidéo où Pape Diouf sollicite vos conseils et prières avant de se rendre à Bercy…

Effectivement. J’ai été très touché par son geste. Il est venu à moi comme un jeune frère, solliciter des prières et des conseils, avant d’aller à l’assaut du Grand Théâtre.

Nous avons collaboré plusieurs années ensemble et il a bien voulu me faire cet honneur. (…)

Vous étiez ensemble au Lemzo Diamano, un groupe mythique que vous aviez créé et qui avait fait un tabac. Cette époque où vous étiez au meilleur de votre forme, en pleine ascension doit vous manquer ?

Le Lemzo Diamano pour moi, était tout. C’était une époque inoubliable et j’en suis nostalgique. Pape Diouf, Mamadou Lamine Maïga, Mada Bâ, Salam Diallo, Fallou Dieng, Alioune Mbaye Nder en faisaient tous partie. (…)

Que pensez-vous de la musique telle que jouée actuellement ?

Il y a de la maturité dans la musique. Sur le plan matériel, il y a beaucoup d’évolution. La musique est une question de moyens maintenant. Du reste, il faut de la rigueur. Les artistes doivent accorder beaucoup d(importance aux répétitions. Il faut les pousser davantage dans ce sens.

Avez-vous un message à l’endroit des artistes en général ?

Si j’avais le choix, on m’aurait donné ma place dans la musique actuelle. Je peux travailler avec tout le monde. Lorsque je suis resté deux ans sans faire de spectacle, les gens m’appelaient pour savoir ce qui se passait. Pour me faire plaisir, ce serait bien que les gens m’intègrent de manière raisonnable dans les projets musicaux.

N’avez-vous pas peur de revenir sur la scène musicale, d’autant que d’aucuns liaient votre maladie au mystique ?

Je suis un enfant du pays. Je suis d’Adéane (Casamance). Mon père est originaire de cette région et donc, je n’ai peur de rien.

Mais vous avez dû puiser votre force quelque part ?

Mes cousins et mes enfants m’ont soutenu financièrement et moralement. C’était très dur. Mais je me suis relevé et j’ai même eu la chance de donner ma fille en mariage quand j’étais en France.



La rédaction de leral...