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"Le Joola", des douleurs noyées dans le temps

Rédigé par leral.net le Samedi 19 Septembre 2020 à 00:18 | | 0 commentaire(s)|

Par Donan Audace, "Le Joola" était un navire qui assurait le transport des passagers et des marchandises sur l’axe maritime Dakar-Ziguinchor. En 2002, par une nuit de septembre, le bateau sombre dans les eaux et fait, selon les sources officielles, près de 1863 morts. Mais du côté des familles des victimes, on dénombre plus de […]
Par Donan Audace
"Le Joola" était un navire qui assurait le transport des passagers et des marchandises sur l’axe maritime Dakar-Ziguinchor. En 2002, par une nuit de septembre, le bateau sombre dans les eaux et fait, selon les sources officielles, près de 1863 morts. Mais du côté des familles des victimes, on dénombre plus de deux mille morts. 18 ans après cette catastrophe maritime, les survivants et les familles des personnes disparues continuent de mener des combats pour que leur mémoire soit honorée.
Sur la place du Souvenir Africain ressurgit la douleur des familles et des survivants du naufrage du Joola. Plus de pleurs, plus de larmes, plus de cadavres. Il n’y a que le respect vivant et vibrant de ceux qui ne sont plus. De ceux qui ont été emportés par les flots.
Un soir de septembre 2002, 2000 personnes environs sont mortes au Sénégal dans la catastrophe maritime la plus meurtrière de notre ère.
2000 personnes ! Le Titanic n’en a pas fait autant. Et pourtant, il demeure dans la mémoire collective des Britanniques. Les Sénégalais semblent avoir déjà oublié ce drame ayant fait des orphelins et des familles monoparentales par milliers. « Le 26 septembre chacun vaque à ses occupations. Il eut une année où j’ai beaucoup été frustrée parce que les gens me demandaient :’’ que se passe-t-il aujourd’hui ?’’ Cela voudra dire que les gens ont même oublié que le Sénégal a enregistré la plus grande catastrophe maritime dans l’histoire de l’humanité » a déclaré, de sa voix fluette, Martine Kourouma, une orpheline du naufrage le Joola.
Face au parterre de journalistes présents, vendredi, à la place du Souvenir : survivants et parents de victimes ont pris la parole pour énoncer leur longue traversée du désert après le 26 septembre 2002. Il y a des enfants qui n’ont reçu aucune aide de l’Etat. Il y a des familles qui ne se sont pas relevées du choc lié à la perte de leurs parents. Il y en a aussi qui ont eu un début d’aide et après plus rien. Ce, à l’instar de Lamine Mbengue. Orphelin de père à 9 ans, il a juste obtenu 25 mille. Et ce fut une seule fois. Mais, ses jeunes frères ont eu un meilleur sort. Jusqu’à leur dix-huit ans, ils recevaient une allocation mensuelle de 20 mille francs.
Cette situation financière n’est pas la plus alarmante pour le comité d’initiative pour l’érection du mémorial Le Joola. C’est l’absence de volonté étatique de rendre hommage à leur plus grande perte. Le refus de matérialiser, 18 ans après, la mémoire des disparus par un mémorial. Pour la petite histoire : « La place du Souvenir Africain, à la base, était réservée pour cela… Dans tous les cas, des promesses nous sont faites. Mais nous n’avons toujours pas de résultats concrets. Nous sommes toujours en attente pour observer ce qui sera fait » a précisé Samsidine Aïdara qui a perdu 4 membres de sa fratrie dans ce drame.

 

L’autre point qui continue de choquer, ce sont les décisions de justice. Selon le comité des victimes, les dirigeants n’ont toujours pas voulu rendre justice. Sinon, comment comprendre que deux mille personnes environ disparaissent, sans aucune responsabilité à imputer à un tiers ou à une structure ? Ce déni de justice reste inconcevable. « On parle de non-lieu en justice en prenant le commandant pour responsable, alors qu’il ne reçoit que des ordres. Or le commandant a des supérieurs. » dit Martine Kourouma. Selon les familles des disparus, le commandant de bord est aussi mort dans le naufrage. Il est aussi une victime du drame et il mérite que justice lui soit rendue comme toutes les autres personnes qui ont perdu la vie dans cette sombre nuit de 26 septembre. Avec la pandémie du Covid -19, la célébration du naufrage du bateau le Joola se fera virtuellement sur le site lejoola.com.

 

                                                                                                                                                       Donan Audace


Source : https://letemoin.sn/le-joola-des-douleurs-noyees-d...