Le leader de l'opposition kenyane Raila Odinga a été inhumé.

Les Kenyans ont fait leurs adieux à Raila Odinga, quelques jours après que plusieurs personnes ont été tuées lors d'un rassemblement en hommage au leader de l'opposition décédé en Inde. 

Odinga, défenseur de la démocratie qui a également occupé le poste de Premier ministre de 2008 à 2013, a été inhumé dimanche dans la propriété familiale de Bondo, dans l'ouest du Kenya.

Le service anglican et l'enterrement se sont déroulés sans incident majeur après une vague de deuil national cette semaine, au cours de laquelle au moins cinq personnes ont été tuées et des centaines blessées lorsque la foule, impatiente d'apercevoir son corps, a submergé les autorités.

« Baba est enfin chez lui », a déclaré son fils et homonyme, Raila junior, utilisant le mot swahili pour désigner le père. Le cercueil, recouvert du drapeau kenyan, était placé sous un chapiteau. Les officiers militaires ont salué lorsque le cercueil a été descendu dans la terre et que les trompettes ont joué le Last Post.

L'enterrement privé a suivi une messe funéraire célébrée plus tôt dans la journée dans une université voisine.

Des milliers de Kenyans et de dignitaires de toute l'Afrique ont assisté à l'inhumation finale d'un homme décrit comme un « panafricaniste altruiste ».

Parmi les personnes présentes figuraient le président kenyan William Ruto, qui a qualifié Odinga d'« unificateur », l'ancien président kenyan Uhuru Kenyatta et l'ancien président nigérian Olusegun Obasanjo.

« Raila n'était pas seulement un dignitaire kenyan aimé des Kenyans ; il était également très respecté sur tout le continent et même au-delà », a déclaré Catherine Soi, correspondante d'Al Jazeera, depuis la cérémonie à Bondo.

« Les gens ici veulent lui rendre hommage pour tous les sacrifices qu'il a consentis dans ce pays. »

Des commémorations tumultueuses

Odinga, âgé de 80 ans, est décédé mercredi d'une crise cardiaque présumée dans une clinique du sud de l'Inde. Son corps a été accueilli jeudi à Nairobi par des milliers de personnes en deuil.

Quatre cérémonies publiques ont été organisées au cours des trois derniers jours, attirant des milliers de personnes venues rendre hommage au défunt. Elles ont fait cinq morts et des centaines de blessés lors de bousculades.

Soi, journaliste à Al Jazeera, a rapporté qu'il y avait également eu « quelques échauffourées » avant l'enterrement de dimanche, alors que « les gens tentaient de se précipiter » vers le site, mais que les forces de sécurité avaient « rapidement maîtrisé » la foule.

Surnommé affectueusement « Baba », Odinga était sans doute la figure politique la plus importante de sa génération au Kenya.

Bien que principalement connu comme figure de l'opposition, il est devenu Premier ministre en 2008 et a également conclu un pacte politique avec l'ancien président Kenyatta en 2018, puis avec le président Ruto l'année dernière, au cours d'une carrière marquée par des alliances changeantes.

Bien qu'il n'ait jamais réussi à remporter la présidence malgré cinq tentatives, il a joué un rôle central dans le retour du pays à la démocratie multipartite dans les années 1990 et est considéré comme la principale force derrière une constitution largement saluée, adoptée en 2010.

Ruto a déclaré vendredi qu'Odinga l'avait aidé à « stabiliser le pays » après la signature d'un pacte politique en mars de cette année, à la suite de plusieurs mois de manifestations antigouvernementales au cours desquelles des jeunes Kenyans ont pris d'assaut et incendié certains bâtiments du Parlement kenyan.

L'ancien vice-président de l'Union africaine, Erastus Mwencha, a déclaré que l'influence d'Odinga s'étendait à tout le continent.

« Je le considère comme l'un de ceux qui se sont battus pour la deuxième libération », a-t-il déclaré, ajoutant que certains pays africains luttaient encore pour la démocratie.

La mort d'Odinga laisse un vide au sein de l'opposition, sans successeur évident alors que le Kenya se dirige vers des élections potentiellement instables en 2027. [Avec Al-Jazeera]