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Le secteur minier sénégalais miné par l’illégalité : 228 sites clandestins découverts


Rédigé par leral.net le Mercredi 17 Septembre 2025 à 12:53 | | 0 commentaire(s)|

L’audit, qui a porté sur 1 153 titres miniers, dévoile une situation préoccupante : seules 94 demandes ont été jugées recevables, représentant un taux de conformité dérisoire de 8,15%. Les enquêteurs ont inspecté 848 sites miniers sur le terrain, dont 620 disposaient de documents administratifs réguliers.

Mais c’est la découverte de 228 sites d’exploitation clandestins qui illustre le mieux la gravité de la situation. À ces sites illégaux, s’ajoutent 275 titres inactifs, révélant une gestion défaillante des ressources minières du pays.

Un secteur miné par les irrégularités

L’audit a mis au jour de multiples dysfonctionnements systémiques : exploitation de titres expirés depuis longtemps, absence de renouvellement des autorisations, titres non enregistrés au cadastre minier et octrois irréguliers contournant les procédures établies.

Les manquements ne s’arrêtent pas là. De nombreux opérateurs ont failli à leurs obligations fiscales, ne s’acquittant pas des taxes et redevances dues à l’État. Pis encore, certaines entreprises n’ont pas respecté leurs engagements contractuels, notamment en matière de responsabilité sociale et environnementale.

Un plan d’assainissement ambitieux

Face à ce constat accablant, le ministre Birame Soulèye Diop a annoncé un plan d’assainissement d’envergure, visant à « protéger à la fois, les intérêts de l’État, des communautés locales et des opérateurs ». Les journées portes ouvertes, organisées pour la première fois, simultanément dans cinq pôles géologiques (Thiès, Kaolack, Ziguinchor, Kédougou et Matam), du 18 au 26 septembre, constituent le fer de lance de cette réforme. Ces événements permettront de sensibiliser les acteurs aux procédures légales d’octroi et de gestion des titres miniers.

Un comité d’instruction composé de plus de vingt experts a été mis en place, pour s’assurer du respect de la législation dans l’examen des futurs dossiers.

Une période de grâce pour la régularisation

Dans un souci d’accompagnement du secteur privé national, le ministère a instauré une période exceptionnelle de régularisation de 60 jours. Cette mesure, qui n’existe pas dans la législation actuelle, offre aux opérateurs une dernière chance de mettre leurs dossiers en conformité, avant d’éventuelles sanctions.

« Cette période a été instaurée par souci d’accompagnement et de soutien au secteur privé national », a précisé le ministre, soulignant la volonté gouvernementale de favoriser le dialogue plutôt que la répression.

Vers une nouvelle gouvernance minière

Cette initiative s’inscrit dans une démarche plus large de transparence et de gouvernance participative. En rendant publics ces résultats préoccupants, le gouvernement entend impulser une nouvelle dynamique dans un secteur crucial pour l’économie sénégalaise. L’objectif affiché est clair : concilier les intérêts de toutes les parties prenantes – État, communautés locales et opérateurs privés, tout en mettant définitivement fin aux pratiques irrégulières qui fragilisent le secteur minier national.

Cette révolution réglementaire intervient à un moment charnière pour le Sénégal, pays qui cherche à optimiser la valorisation de ses ressources minières, dans un contexte de transition énergétique mondiale et de développement économique accéléré.






Rts.sn

Mame Fatou Kébé