Les Gazaouis privés d'Aïd al-Adha, faute de denrées alimentaires

En cette veille de l’Aïd al-Adha, la plus importante fête musulmane, sous sa tente de déplacée, Oum Mohamed tient à montrer ses casseroles : vides. « Rien à cuisiner, rien à manger », raconte la veuve, plusieurs fois grand-mère, en colère contre le monde arabe et le monde musulman : « Mes petits-enfants pleurent de faim et je n’ai rien à leur donner. Je n’attends rien des Israéliens : ni eau, ni nourriture. Je veux juste qu’ils nous fichent la paix. Mais les dirigeants arabes ! Je ne leur pardonnerai jamais ! Qu’ils m’entendent, moi, la femme palestinienne : vous faites semblant de prier ? Mais ça ne sert à rien lorsque Gaza a faim. Vous faites semblant d’être des bons musulmans ? Mais ça ne sert à rien lorsque Gaza a soif et vit sous l’oppression. »

L’Aïd al-Adha est la fête du sacrifice. « Mais dans un territoire exsangue, exposé à la famine, sacrifier un agneau dont le prix dépasse les 5 000 dollars, personne n’y pense, raconte Farès, père de famille. J’aurais bien aimé accomplir une véritable prière de l’Aïd. Mais quelle tristesse, même ça ce n’est plus possible, on n’a plus de mosquées. Toutes les mosquées de Gaza sont détruites. On va prier dehors. »

Rinate, petite orpheline, rêve quant à elle d’une robe pour l’Aïd : « Lorsque papa était en vie, j’avais tout ce que je voulais. Et l'Aïd, c’était la plus belle fête avec papa. » Son père et toute sa famille paternelle ont été tués cette année dans une frappe israélienne.

RFI