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«Les forces et faiblesses du candidat Macky Sall»

GFM-A quelques heures du démarrage de la campagne présidentielle, L’Observateur s’est rapproché de l’un des plus proches collaborateurs du candidat Macky Sall. Homme de l’ombre et soutien indéfectible du chef de l’Etat, Alioune Sall, qui a écrit deux livres sur le quatrième Président du Sénégal et sa gestion du pouvoir depuis 2012, raconte comment le Président sortant appréhende le scrutin du 24 février prochain. Ses forces et faiblesses. Mais surtout son état d’esprit du moment. Macky Sall vu de l’intérieur. Témoignage exclusif d’un parfait connaisseur de l’homme comme du politique.


Rédigé par leral.net le Samedi 2 Février 2019 à 19:16 | | 0 commentaire(s)|

«Les forces et faiblesses du candidat Macky Sall»
Comment le candidat Macky Sall appréhende-t-il cette élection ?

Le candidat Macky Sall est à l’image de l’homme Macky Sall. C’est quelqu’un qui est très lucide, très réaliste, mais qui croit aussi en lui et au mérite personnel. Il aborde cette élection avec sérénité et confiance, convaincu que le peuple sénégalais est suffisamment satisfait du bilan de son premier mandat pour lui reconnaître largement le mérite d’en obtenir un second.

C’est son état d’esprit, c’est aussi l’état d’esprit de ceux qui sont à ses côtés et c’est le sentiment ambiant dans l’opinion. Bien entendu, une élection n’est jamais gagnée d’avance, et quelle que soit l’importance de nos chances, nous ne pouvons pas considérer a priori que c’est déjà dans la poche. La souveraineté appartient exclusivement au peuple, qui décidera librement.

Quels sont ses atouts ?

Les atouts du candidat Macky Sall sont de différents ordres. Le plus évident, à mon avis, c’est sa position de candidat sortant, qui a fait ses preuves et qui n’a plus besoin de prêcher pour convaincre. Il a un bilan très satisfaisant et avec lui, les populations savent déjà que c’est la continuité dans l’action positive pour l’émergence et le bien-être social.

Pas besoin de grands discours pour asseoir cette réalité dans les esprits. Il y a aussi son profil personnel. Certes, il est le plus jeune des candidats, après Ousmane Sonko, mais il est aussi celui qui justifie de la meilleure connaissance et de la plus grande expérience du service et de la gestion de l’État. Il a résolu dans ce pays des problèmes que l’on croyait finalement insolubles. C’est le cas de l’électricité, des inondations dans la banlieue de Dakar, du coût de la vie…

Il apparaît ainsi comme le candidat qui n’a rien d’un marchand d’illusions ou des faux espoirs. Il est également le plus connu des candidats, le plus familier, celui qui est le plus en contact avec les populations ; le seul candidat de qui, tout habitant de n’importe quel chef-lieu d’une quelconque circonscription administrative de ce pays, depuis la région jusqu’à la sous-préfecture, en passant par le département, peut dire avec justesse : il est déjà venu dans cette ville ou ce village.

Rien que durant le septennat qui s’achève, il n’y a pas une région du Sénégal où il n’a pas passé la nuit, souvent plus d’une fois. Il connait le pays et ses problèmes mieux que n’importe lequel de ses adversaires. Il est enfin le candidat de la mesure et de la retenue seyant à un dirigeant de haut niveau, tel que considéré par le système de représentation de notre société, lui dont la sobriété et l’élégance du discours sont identitaires. J’ai considéré uniquement des facteurs propres au candidat.

J’aurais pu parler de la coalition qui porte sa candidature et qui le dote du meilleur appareil, ou encore des personnalités qui animent cette coalition et dont beaucoup, à titre personnel, pèsent plus que bien des candidats à cette élection…

Quelles pourraient être ses faiblesses ? 

Sa principale faiblesse, à mon avis, est aussi à chercher dans sa position de candidat sortant, donc l’adversaire de tous les autres candidats. Toutes les attaques seront dirigées contre lui.

Il y a plus grave encore. Dans notre jeu démocratique, on a parfois des difficultés à assumer un soutien au candidat du pouvoir. C’est un phénomène qui semble tenir du complexe. Les prétendants recalés à la candidature commencent à choisir leur camp et c’est frappant de constater le lynchage médiatique réservé à ceux qui ont le courage d’apporter leur soutien au candidat sortant, pendant que ceux qui rallient les candidats de l’opposition apparaissent comme des héros.

Dans ce contexte, seuls ceux qui ont beaucoup de caractère, une forte personnalité, peuvent faire un choix libre. On peut présumer fortement qu’il existe des leaders politiques qui ont décidé de soutenir un candidat de l’opposition juste pour éviter de s’exposer à la violence verbale. Ce qui donne lieu à des ralliements insolites, défiant le bon sens et parfois même la morale.

Être le candidat sortant désigne aussi Macky Sall comme la cible des revanchards en tous genres, qui ne se soucient ni d’idéologie ni de programme encore moins de bilan, mais juste de prendre leur revanche sur un homme qui n’a pas répondu à leurs attentes, souvent inavouables ou qui a contrarié leurs desseins tout aussi inavouables.

Mais ma conviction forte est que tout ceci aura l’effet d’un coup d’épée sur la surface de l’océan. Le peuple est seul juge, et il a la lucidité et la maturité de décider librement.

Comment gère-t-il la pression de l’opposition ?

Vous savez, ces manœuvres n’ont rien de nouveau, et le contexte électoral n’y change rien. De 2012 à maintenant, les mêmes velléités et les mêmes menaces ont rythmé la vie politique et institutionnelle du Sénégal, de la part des mêmes acteurs. Cela n’a jamais rien changé à ce qui devait être fait, cela ne changera rien à la bonne tenue des élections. Je peux vous assurer que cela ne perturbe nullement le sommeil du Président Macky Sall.

Lui arrive-t-il d’avoir le propos défaitiste ? 

Ce n’est pas dans sa personnalité. C’est un homme de foi et de conviction. J’ai eu l’occasion d’évoquer la sérénité et l’assurance avec lesquelles il a abordé l’élection de 2012, alors que dans son proche entourage, beaucoup étaient très sceptiques sur ses chances d’en sortir victorieux. Il est encore dans le même état d’esprit, avec l’avantage que cette confiance est largement partagée aujourd’hui.

Qu’en est-il des négociations avec les Wade ?

Je ne suis pas au courant de telles négociations. Il ne m’en a jamais parlé et je doute fort que cela existe tel que présenté. Je sais d’expérience qu’il n’est demandeur de rien sur ce plan, et s’il s’avérait qu’il a eu à en parler avec quelqu’un, il est fort probable qu’il n’ait fait que réagir à une initiative de bonne volonté ou une démarche téléguidée par l’autre partie.

Pourquoi débute-t-il toujours sa campagne par Mbacké ?

Toutes les campagnes électorales du candidat Macky Sall et de la coalition Benno Bokk Yakaar pour les Législatives, depuis 2012, démarrent à Mbacké et se terminent à Dakar. On pourrait donc dire, dans une approche superstitieuse, que l’ayant fait une première fois et ayant connu le succès, on a décidé de l’ériger en tradition. Plus rationnellement, je pense que c’est des choix qu’on peut expliquer.

Mbacké, c’est le centre du pays, à partir duquel on peut se projeter vers le reste du territoire national pour une tournée de 21 jours que dure la campagne. C’est aussi la circonscription avec la plus grande concentration d’électeurs à l’intérieur du pays et justifie largement l’intérêt qui lui est porté. Dakar, c’est la capitale.

C’est en principe la tribune à partir de laquelle on peut s’adresser au plus grand nombre de citoyens et d’électeurs, et c’est tout à fait logique que la dernière journée devant permettre de faire la synthèse et de conclure la campagne lui soit réservée.

Pourquoi un directoire de campagne et non un directeur de campagne ?

Il s’agit d’une option stratégique et en tant que tel, ne saurait faire l’objet de beaucoup de commentaires publics, la confidentialité étant un des piliers de toute stratégie. Cela dit, je pense que ce procédé présente quand même l’avantage d’être plus inclusif, donc devrait favoriser une plus large appropriation de ce qui se fera.

L’apport politique des nouveaux alliés ? 

Ces leaders qui ont fait le choix de soutenir le candidat Macky Sall, ont fait la preuve de leur représentativité dans le passé. Et même en considérant que leur choix ne fait pas l’unanimité au sein de leur électorat, il est clair qu’ils peuvent chacun peser sur la balance et déterminer l’issue du scrutin dans différentes localités du pays. Leur soutien à la candidature de Macky Sall renforce les chances de réaliser notre objectif commun de gagner dès le premier tour.






PAPE SAMBARE NDOUR

Alain Lolade