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Les pigeons

Rédigé par leral.net le Mercredi 14 Avril 2021 à 23:56 | | 0 commentaire(s)|

Par Seydou KA Vous souvenez-vous du Mouvement des Pigeons ? Pour ceux qui ne s’en souviennent pas, il s’agissait d’une contestation apparue en septembre 2012 en France dénonçant le projet de loi de finances 2013 et qui fédéra, en quelques jours, plus de 75 000 entrepreneurs, des investisseurs, des autoentrepreneurs et des créateurs de startups, […]

Par Seydou KA

Vous souvenez-vous du Mouvement des Pigeons ? Pour ceux qui ne s’en souviennent pas, il s’agissait d’une contestation apparue en septembre 2012 en France dénonçant le projet de loi de finances 2013 et qui fédéra, en quelques jours, plus de 75 000 entrepreneurs, des investisseurs, des autoentrepreneurs et des créateurs de startups, en colère contre l’augmentation des cotisations et des taxations sur cession d’entreprise. L’ironie de l’histoire, c’est que ce sont des représentants du monde des affaires, et non de simples consommateurs, qui s’étaient baptisés ainsi pour dénoncer la facilité avec laquelle ils se faisaient canarder.

À mon sens, les vrais pigeons se trouvent plus dans le rang des consommateurs que chez les entrepreneurs. On dit souvent que le client est roi, mais la réalité est qu’il est souvent dupé. Du moins au pays de la Téranga où pour acheter le plus simple produit, il faut marchander serré. Combien sommes-nous à nous faire canarder dans nos achats de tous les jours ? Malheur aux piètres négociateurs. Un de mes cousins me reproche souvent d’être trop naïf, de croire trop facilement à l’apitoiement des vendeurs qui, très souvent, n’hésitent pas à jurer sur tous les saints pour gruger le client. Depuis que mon épouse a pris les choses en main – meilleure négociatrice, c’est elle qui gère désormais mes achats – ma bourse s’en porte mieux. Je suis très choqué de voir un commerçant acheter un article à 1 000 FCfa et le revendre à 10 000 FCfa à un client peu averti. Où est l’éthique ? L’un des subterfuges qu’utilisent ces marchands d’illusion est de faire croire au client qu’il s’agit d’un produit «original», de «première qualité», alors que c’est du faux, de la pire contrefaçon. Ce genre de procédé n’est même pas de la ruse, c’est du vol. Ainsi, un jour, j’ai acheté un bol de mangues à Diamniadio. N’ayant pas pris la peine de vérifier la marchandise (j’étais dans un véhicule), c’est arrivé à la maison que j’ai constaté que toutes les mangues étaient pourries, à l’exception de quelques-unes. La bonne dame avait pris le soin de mettre deux ou trois bonnes mangues au-dessus et les pourries en bas…

Évidemment, tous les commerçants ne sont pas pourris, beaucoup sont honnêtes, mais voilà, les brebis galeuses… Le seul problème, c’est que celles-ci sont également… trop nombreuses à mon goût. C’est pourquoi l’un des charmes du commerce électronique est de résoudre en partie le problème du marchandage et par conséquent de faire gagner au client du temps, tout en faisant des économies. Même si, là aussi, les fameuses brebis galeuses existent et qu’il arrive qu’on se fasse gruger, surtout avec les particuliers qui ont investi ce créneau aux côtés des grandes plateformes.

La pire espèce, à mon avis, ce sont les arnaqueurs qui pullulent dans les grandes cérémonies religieuses comme le Gamou ou le Magal. Ces gens sont de vrais psychologues. Ils savent repérer les naïfs dans la foule. Un de mes parents résidant au village m’a raconté comment, une année, il s’est fait gruger par un de ces chasseurs d’âmes sensibles à Tivaouane. Le gars se faisait passer pour un migrant de retour des États-Unis avec une valise remplie de dollars. «Connais-tu le dollar ?», interroge-t-il mon pauvre parent. Devant l’ignorance du villageois, il a compris qu’il tenait sa victime. La suite de l’histoire est un classique. Avec un complice, il réussit à le dépouiller jusqu’au dernier centime contre une chaîne « en or » (ce qui évidemment était faux), la seule, disait-il, qui lui restait et qu’il avait achetée pour sa mère, parce que la fameuse valise remplie de dollars avait «disparu» à l’aéroport… Tristounet !



Source : http://lesoleil.sn/les-pigeons/...