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« Les rapports d’audits face à l’intérim des juges », Par Mohamed Gassama


Rédigé par leral.net le Jeudi 16 Mai 2024 à 13:29 | | 0 commentaire(s)|

« Les rapports d’audits face à l’intérim des juges », Par Mohamed Gassama
Ô Juges ! Ne voyez-vous pas l’horrible spectacle que nous offrent les audits ? N’entendez-vous rien du désagréable bruit qu’ils soulèvent dans le pays? Bien sûr que si, répondriez-vous naturellement. Du moins, c’est notre humble avis d’autant plus que vous et nous, formons un ensemble consubstantiel. À ce titre, rien de ce qui est sénégalais, ne saurait vous être étranger. Ipso facto, vous avez dû ressentir les cris de cœur du peuple souverain, au nom duquel la Justice est rendue.

À travers différents canaux et à longueur de journée, la plupart des habitants, qui, par ailleurs, constituent des proches ou homologues, ne cessent de solliciter votre Imperium. Ils reconnaissent ainsi votre Pouvoir, en ayant conscience que votre temps est loin d’être le leur. Ils continuent également de vous considérer comme le dernier rempart. Intra muros comme extra muros, vos concitoyens attendent vos délibérations pour libérer leurs esprits.

Ô honorables Juges ! Qu’il vous plaise de recevoir notre requête ou plutôt notre appel, en faveur d’un verdict adapté à la gravité du brigandage économique qui ressort de la quasi-totalité des vérifications. La pugnacité et la perspicacité des contrôleurs ont abouti à des Rapports définitifs, qui, à leur tour, font suite à une procédure écrite et contradictoire.

Cet exercice de bonne gouvernance s’est fait conformément aux dispositions de la Loi et au terme de minutieuses investigations. Rien ne fut laissé au hasard. Tout a été fait et bien fait, mais hélas, les conclusions restent plus que sidérantes. Malversations et surfacturations par ci, mauvaise gestion et gabegie par là, comme si le vice était inné chez certains dignitaires du régime « Benno-APR ». L’opinion nationale et internationale peut valablement en témoigner. Tous sont au fait de l’existant et ne demandent qu’une chose : que justice soit faite.

Ô illustres Juges ! Déchargez la société de cette question qui divise le pays. On s’interroge, en effet, sur le sort à réserver aux prétendus prédateurs des biens publics. On se demande aussi le temps que va durer toute cette procédure. Vous conviendrez avec nous que l’impatience est en train de s’emparer d’une bonne partie de la population et que l’on se perd déjà en conjectures.

Depuis plusieurs jours maintenant, une petite musique résonne partout. Visiblement choqués par le tempo de la mélodie du régime sortant, bon nombre de nos compatriotes commencent à insinuer une intervention de Son Excellence Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Si certains susurrent des mots pour une accélération du processus, d’autres exigent, tout simplement, que les présumés auteurs du plus grand carnage financier des dix dernières années, soient extirpés de l’administration publique et châtiés au vu et au su de toute la Nation sénégalaise.

Partant, il nous a été donné de constater que des gens prononcent déjà une sentence contre ceux qui seraient « fichés », en mettant en exergue une éventuelle responsabilité du patron des « Apéristes ». Leur argumentaire reposerait sur une prétendue connivence de l’ancien Président du Sénégal avec les « épinglés de la République », ainsi que son mutisme énigmatique face aux Rapports des Organes de contrôle de l’État.

Quoi qu’il en soit, il sied, en toute courtoisie, d’inviter les uns et les autres, à prendre un peu de recul et à tirer les leçons de l’échec de la très grotesque traque des biens mal acquis. En effet, nul n’ignore le coup fatal que cette opération déguisée de proscription et de condamnation arbitraire, avait porté au mandat du Président Macky Sall.

Durant plus de quatre ans, au rythme de rebondissements sans fin et d’acharnements sur des opposants, le pays fut presque à l’arrêt, du fait d’un climat défavorable et répulsif.

Au finish, l’on aura perdu du temps et de l’énergie pour pas grand-chose. Pour se passer d’un tel fiasco politico-judiciaire, qui fait penser à l’antiquité romaine par ses pratiques et objectifs, il serait plus conseillé de laisser le champ libre aux juridictions compétentes.

À n’en pas douter, la réactivation de la « CREI », en 2012, rappelle bien le modus operandi romain qui consistait à afficher la liste des « ennemis de la patrie », dont les biens étaient confisqués par la suite. À titre de comparaison, en 43 avant J-C, les trois Gouverneurs césariens, Octave (plus tard Auguste, premier empereur de la Rome antique), Marc-Antoine et Lépide. qui formaient le deuxième « Triumvirat », prétendaient lutter contre la corruption et promouvoir la reddition des comptes, alors qu’en réalité leur dessein était d’anéantir des adversaires politiques. Ne retombons pas dans les mêmes dérives et irrégularités.

Ainsi, laissons les magistrats jouer leur rôle et exercer leurs deux principales missions, à savoir, la « Juridictio » (le pouvoir de rendre des jugements) et « l’Imperium » (le pouvoir d’ordonner des peines). D’ailleurs, saurait-il en être autrement au regard des engagements pris par le nouveau Gouvernement devant Dieu et les Hommes. Personne ne s’opposerait à ce que les fautifs répondent de leurs actes, si ces derniers venaient à être avérés. Cela est clair comme l’eau de roche.

En attendant, veillons à respecter la séparation des Pouvoirs et à surtout, épargner le Président Bassirou Diomaye Faye, des affaires relevant strictement du Pouvoir judiciaire. Pour tout dire, rien ne presse. Le temps est un juge impitoyable, a-t-on coutume de rappeler et, tôt ou tard, il remet chacun à sa place. Sous ce rapport, il nous semble inutile d’enfoncer des portes ouvertes, car quel que soit alpha, justice se fera.

Pour l’instant, l’urgence est de soulager les populations à travers des mesures concrètes de réduction du coût de la vie et de réorientation des priorités, dans le sens du progrès social, économique et culturel.

Pour ce faire, il faut un environnement sain et propice aux investissements personnels et collectifs, d’où l’impérieuse nécessité de stabiliser le pays avant tout. Dans cette perspective, évidemment, donner une suite aux Rapports d’audits représente « une demande sociale », pour autant, il ne sert à rien de courir, il faut partir à point.






QU’ALLAH FACILITE TOUT.
Mohamed GASSAMA / Citoyen sénégalais de la Diaspora


Ousmane Wade