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Lettre adressée à l’Honorable Député Ousmane Sonko ( par Assane Bocar NIANE )

Rédigé par leral.net le Mercredi 13 Décembre 2017 à 12:02 | | 0 commentaire(s)|

Lettre adressée à l’Honorable Député Ousmane Sonko ( par Assane Bocar NIANE )
Honorable,
En lisant le long discours de Jean JAURES, nous vous apercevons à travers son éloquence et sa pertinence. Nous vous redécouvrons, encore, surtout quand il affirme : « Le courage, ce n’est pas de laisser aux mains de la force la solution des conflits que la raison peut résoudre… Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains, aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques ».

Nous sentons votre courage, votre audace et votre détermination en lisant cette partie du verset 11 de la sourate 13 du Saint Coran : « En vérité, Allah ne modifie point l’état d’un peuple, tant que les (individus qui le composent) ne modifient pas ce qui est en eux-mêmes. » A vrai dire, nous sommes persuadés que vous incarnez le prototype de leadership favorable à un changement positif pour la Nation sénégalaise.

« On ne réinvente pas la roue. » Les vertus font toujours de l’humain, une personne juste et généreuse de la même façon que les vices font de lui, un corrompu, un opportuniste et un parasite social. De ce fait, tout politicien vertueux nous rappelle toujours des hommes d’Etat comme Mamadou DIA tandis que ce mauvais Président nous fait penser à SENGHOR, DIOUF et WADE, car notre pays n’a jamais connu un bon Chef d’Etat.


Pourtant au départ, le Sénégal n’avait aucune difficulté pour se développer. D’ailleurs, la politique d’animation rurale du Président du Conseil et la mise sur pied d’un mouvement coopératif bien managé avaient déjà commencé à produire de très bons résultats sur le plan socio-économique, mais SENGHOR a interrompu cet excellent travail en écartant le Grand Maodo et en nous livrant à la France.


Aujourd’hui, le Sénégal a connu l’insuccès de toutes les idéologies politiques qui ont existé dans ce monde. Au début, c’était le socialisme, puis le libéralisme. Maintenant nous sommes dirigés par un ex-maoïste devenu accidentellement, libéral. Quant aux communistes, ce sont les politiciens les plus stupides et les plus incohérents de notre histoire politique : ils ont partagé le pouvoir avec tous les régimes, de l’indépendance à nos jours. Avec de tels disciples, Karl Marx ne risque plus une nouvelle résurrection. Et qui est-il pour oser nous dicter notre manière de vivre au 21e siècle ? Ce serait très prétentieux pour lui et autres penseurs et toutes leurs écoles confondues, d’espérer pouvoir résister contre l’endurance du temps. Le résultat est là : même les Etats comme le Cuba et la Chine, qui se disent toujours communistes, empruntent des méthodes purement capitalistes pour une transcendance conjoncturelle.

Honorable,
Nous sommes conscients que vous compreniez bien que les idéologies ne sont nullement des religions. Ce ne sont que d’efforts humains et intellectuels de personnes courageuses à un certain moment de l’histoire de l’humanité. Et connaissant votre courage et vos aptitudes dans les dimensions humaines et intellectuelles, nous sommes sans crainte que vous pouvez réussir pour faire émerger le Sénégal, avec l’aide de Dieu.

Personnellement, si nous avions à vous situer politiquement, par un jugement objectif, nous évoquerions, sans hésitation, le « patriocentrisme » autour de vos discours qui se dévoile à travers une apologie constante du patriotisme. En effet, ce nouveau discours est très différent du nationalisme, car il transcende tout sentiment national pouvant conduire à l’ethnocentrisme. Ainsi, vous mettez à jour un nouvel élan très noble : l’amour de la patrie qui ne pourrait être mieux appréhendé qu’à travers le « patriocentrisme » : ce phénomène fédérateur qui a comme centre d’intérêt unique, la patrie.

Honorable,
Permettez-nous de préciser que vous avez toujours été très honorable, et les gens qui vous ont connu en témoignent chaque jour, de votre passage à l’ex-Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature qui a fait de vous un Haut Fonctionnaire, à votre élection dans la treizième législature, en passant par cette petite transition qui a montré aux Sénégalais les qualités de leadership que vous déteniez.

D’habitude, nos députés gagnent, pour la première fois, le titre de « honorable » avec leur entrée à l’Assemblée Nationale, mais s’agissant de votre personne, le peuple vous a connu à travers votre honorabilité. Donc vous êtes entré dans l’hémicycle avec ces hautes qualités humaines et vous en sortirez, s’il plaît à Dieu, par la porte d’une autre élection plus importante encore pour la Nation sénégalaise.

Nous avons toujours affirmé que vous êtes le prototype d’homme politique favorable pour ce concept audacieux du Président WADE : « le Sénégal qui gagne » Car vous avez les vertus, les connaissances et les compétences nécessaires pour le manager. Déjà au Parlement, vous êtes en train d’enseigner humblement à vos collègues, le comportement qu’un vrai représentant du peuple doit avoir.

Et tout cela fait de vous un véritable ennemi de l’arbitraire. C'est-à-dire la personne idéale à abattre par le système. Oui ! La prison et/ou la mort sont tous deux devant vous. Mais ça vaut la peine, Honorable, pour que la vie soit mieux vécue. Méditez, donc, sur ces paroles de Henry David THOREAU qui dit : « sous un gouvernement qui emprisonne injustement, la place de l'homme juste est aussi en prison. » Précisément, devant une justice aveugle et cruelle, la loi perd totalement toute son objectivité.

La violation flagrante et délibérée de l’article 3 de la Constitution et des articles L53 et L78 du Code électoral par le Président de la République et les Sages du Conseil Constitutionnel, le 26 juillet 2017, en est une preuve fulgurante.

L’affaire Imam Alioune Badara NDAO en est une autre. Car l’erreur commise sur sa personne n’est plus à démontrer. Il a été kidnappé et emprisonné depuis plus de deux années sans procès et jusqu’ici, sans une seule preuve contre lui.

Le cas Khalifa SALL aussi suscite beaucoup d’interrogations vis-à-vis de l’ensemble des pouvoirs institutionnels de ce pays. Réellement, a-t-on toujours une République ? Il y a sincèrement trop d’incohérences dans ce dossier : sa mise sous mandat de dépôt, la reconnaissance de sa candidature aux élections législatives, son incarcération après son élection comme député du peuple, la comédie de la levée honteuse de son immunité parlementaire, son jugement programmé pour le 14 décembre prochain et sa condamnation attendue.

Honorable,
Des fois, nous nous demandons, dans le cadre de l’arbitraire, jusqu’où notre Président est capable d’aller ? Pratiquement, nous ne pouvons plus parler de liberté de la magistrature. Car elle n’existe que dans le texte de la loi organique n° 2017-10 du 17 janvier 2017 portant Statut des magistrats. Mais vraisemblablement, c’est l’Exécutif qui dirige le parquet, décide des mandats de dépôt et dicte les verdicts des procès aux juges.

Honorable,
Nous terminons cette lettre en priant le Seigneur de l’Univers de vous protéger, en vous mettant à l’abri de tout envieux de la République. Nous vous demandons aussi d’adresser ces propos de Gandhi au Président Macky SALL : « Il n'est pas nécessaire d'éteindre la lumière de l'autre pour que brille la nôtre. »

Qu’Allah vous bénisse.




Assane Bocar NIANE
Parcelles Assainies, Dakar
assanebocarbaydi@yahoo.fr