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Lettre ouverte adressée au président de la République Gabonaise, Chef de l'État, Chef du Gouvernement, Son Excellence Brice Clotaire Oligui Nguema

Rédigé par leral.net le Jeudi 4 Décembre 2025 à 11:22 | | 0 commentaire(s)|

Objet : Proposition de réformes urgentes pour renforcer l'intérêt des jeunes dans le secteur agricole.
Excellence, Monsieur le président de la République, Chef de l'État,
Faisant suite à l'audience accordée au Représentant du Bureau Sous-Régional de la FAO pour l'Afrique Centrale et à votre récente déclaration publiée dans "Gabon Média Time", le 1ᵉʳ décembre 2025, dans laquelle vous déploriez, avec raison, le faible engagement des jeunes dans le secteur agricole, malgré l'enveloppe de 5 (...)

- LIBRE PROPOS /

Objet : Proposition de réformes urgentes pour renforcer l'intérêt des jeunes dans le secteur agricole.

Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l'État,

Faisant suite à l'audience accordée au Représentant du Bureau Sous-Régional de la FAO pour l'Afrique Centrale et à votre récente déclaration publiée dans Gabon Média Time le 1ᵉʳ décembre 2025, dans laquelle vous déploriez, avec raison, le faible engagement des jeunes dans le secteur agricole malgré l'enveloppe de 5 milliards FCFA, permettez-moi, avec respect et patriotisme, de soumettre à votre appréciation cette modeste analyse structurée de quelques causes profondes entre autres de cette situation, ainsi que des pistes de solutions concrètes.

1. Pourquoi les jeunes s'intéressent peu au secteur agricole ?

1.1. Le premier blocage : la déconnexion des structures publiques chargées de la jeunesse.

Excellence Monsieur le Président de la République, avant même la question de la formation ou de la vulgarisation agricole, le problème commence au sommet :
les institutions et les responsables censés animer les politiques de jeunesse ne sont pas très souvent en phase avec les enjeux réels.

En effet :

La plupart des responsables aux postes stratégiques (des Ministères de la Jeunesse et de l'Agriculture) ont besoin de renforcement de capacités sur les questions agricoles et sur les enjeux contemporains liés à l'employabilité et à l'entrepreneuriat des jeunes dans ce secteur.

Beaucoup ne possèdent ni parcours dans la société civile, ni expérience de terrain, ni compréhension des défis concrets rencontrés par les jeunes.

De ce fait, ils ne participent pas efficacement à l'élaboration, à la mise en œuvre ou à l'évaluation des politiques publiques d'insertion des jeunes dans les filières agricole, halieutique, forestière ou pastorale.

Résultat :

la jeunesse est absente dès la phase de conception des politiques, ce qui entraîne une faible appropriation, une faible adhésion et donc un faible engagement.

1.2. Le deuxième blocage : absence d'un écosystème incitatif.

Les jeunes perçoivent encore aujourd'hui :

la pénibilité du travail agricole,

l'absence de modèles de réussite nationaux visibles,

le manque d'encadrement technique,

l'absence d'accompagnement concret,

la faible vulgarisation des opportunités,

la quasi-absence de technologies modernes présentées comme solutions à la pénibilité.

Ils voient d'autres secteurs comme les Ministères de l'Économie et des Finances, du Budget, etc., offrir :

- plus de prestige,

plus de ressources,

plus de bonus et de primes.

Tant que les Ministères de la Jeunesse et de l'Agriculture ne seront pas revalorisés comme certains Ministères stratégiques et modernes, les jeunes continueront de manifester peu d'intérêt pour le secteur agricole.

1.3. Troisième blocage : faible représentation des nationaux dans les postes stratégiques.

Il est difficile de développer des politiques adaptées lorsqu'une partie des cadres, y compris chez certains partenaires techniques et financiers, ne connaissent pas les réalités locales ou les besoins immédiats des jeunes gabonais, mais sont en charge des questions de la jeunesse.

Il serait stratégique que les postes jeunesse dans ces organisations soient confiés à :

des nationaux formés pour ces questions,

avec un réel parcours dans la vie associative,

ayant une connaissance des problématiques du terrain.

2. Conséquence : les jeunes restent à l'écart… même face à des opportunités stratégiques.

Excellence Monsieur le Président de la République, un exemple simple est révélateur : lors de la décision d'interdiction des importations de poulets de chair, une opportunité majeure s'est ouverte pour les jeunes. Pourtant :

- très peu ont été informés,

très peu ont été accompagnés,

très peu ont été intégrés dans les ateliers techniques.

Ainsi, comment peuvent-ils être intéressés ?

3. Ce qu'il faut changer maintenant : les réformes structurantes et urgentes.

3.1. Réformer la gouvernance de la jeunesse.

Nommer, entre autres, à la tête des directions, départements, agences et programmes jeunesse des personnes ayant au moins 10 à 20 ans d'expérience dans la vie associative, en plus d'autres compétences.

Repositionner des nationaux expérimentés dans les postes stratégiques liés à la jeunesse au sein des partenaires techniques et financiers ; cela va nécessiter de revisiter certains accords.

Introduire un mécanisme national d'évaluation des partenaires internationaux afin de vérifier leurs contributions concrètes à l'insertion des jeunes.

3.2. Revaloriser les Ministères de la Jeunesse et de l'Agriculture.

Il faut inverser la dynamique actuelle en :

rehaussant les avantages, primes, bonus et dotations des Ministères de la Jeunesse et de l'Agriculture,

offrant aux jeunes diplômés des perspectives comparables à celles d'autres secteurs considérés comme prestigieux.

Des Ministères de la Jeunesse et de l'Agriculture forts, attractifs et modernes donneront automatiquement envie aux jeunes.

3.3. Intégrer les jeunes à toutes les étapes des politiques publiques.

1 - Conception
2 - Planification
3 - Mise en œuvre
4 - Suivi et évaluation

Car on ne peut pas attendre que les jeunes s'approprient une politique à laquelle ils n'ont jamais participé.

3.4. Accélérer l'intégration des technologies agricoles modernes.

Très peu de cadres dans ces Ministères maîtrisent les mécanismes de :

digitalisation du suivi des parcelles,

drones,

systèmes d'irrigation automatisés,

capteurs climatiques,

semences améliorées,

programmes de formation rapide (Bootcamps Agricoles 4.0).

4. Amélioration des fondations existantes : finalisation de la structure.

Excellence Monsieur le Président de la République, votre vision, notamment inscrite dans le Plan National de Croissance et de Développement (PNCD 2025-2030) identifie clairement l'agriculture, l'employabilité et l'entrepreneuriat des jeunes comme des piliers stratégiques.

Mais pour transformer cette vision en mobilisation nationale, il faut des réformes fortes, moderniser les méthodes, valoriser les carrières et intégrer les jeunes.

5. Conclusion : une opportunité historique pour bâtir une nouvelle génération de champions agricoles.

Excellence Monsieur le Président de la République,

Vous avez la possibilité d'inscrire le Gabon dans l'histoire comme le pays qui aura transformé l'agriculture en véritable moteur social, économique et identitaire pour la jeunesse.

Avec :

- des réformes institutionnelles,

la valorisation du secteur,

l'implication systématique des jeunes,

la modernisation des pratiques agricoles,

et l'évaluation objective des partenaires,

nous pouvons créer une nouvelle dynamique nationale, mobilisatrice et durable.

Veuillez recevoir, Excellence, Monsieur le Président de la République, l'expression de ma très haute considération.

Emmanuel OBAKAMBA OMBANA.

Leader Jeunesse – Expert sur les questions de Promotion Emplois-Jeunes, Certifié OIT.
Membre Consultatif et Permanent en Afrique Centrale pour la Jeunesse auprès du Sous-Secrétariat de l'ONU pour la Jeunesse et les Affaires.



Source : https://www.gabonews.com/fr/actus/libre-propos/art...