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Lutte contre la corruption au Sénégal : Vers un nouvel OFNAC renforcé et recentré

Rédigé par leral.net le Mercredi 6 Août 2025 à 23:59 | | 0 commentaire(s)|

Le gouvernement sénégalais franchit une étape décisive dans sa stratégie de bonne gouvernance, avec le dépôt du projet de loi n°12/2025 portant création d’un nouvel Office national de lutte contre la Corruption (OFNAC). Ce texte, structurant et ambitieux, marque une profonde réforme de l’institution en charge de prévenir et de réprimer la corruption dans le […]

Le gouvernement sénégalais franchit une étape décisive dans sa stratégie de bonne gouvernance, avec le dépôt du projet de loi n°12/2025 portant création d’un nouvel Office national de lutte contre la Corruption (OFNAC). Ce texte, structurant et ambitieux, marque une profonde réforme de l’institution en charge de prévenir et de réprimer la corruption dans le pays.

Un engagement renouvelé contre la corruption

Dans l’exposé des motifs, l’État sénégalais réaffirme sa volonté de traduire dans les faits ses engagements internationaux en matière de lutte contre la corruption, notamment ceux pris dans le cadre des Conventions de l’ONU et de l’Union africaine. La corruption est décrite comme un « frein à la croissance » qui sape l’État de droit et décourage les investissements.

Un OFNAC recentré et doté de nouvelles garanties

Le nouveau projet de loi remplace l’actuel OFNAC, dissous, par un organisme administratif indépendant, rattaché à la Présidence de la République mais doté de l’autonomie financière et de gestion. Désormais, l’Office est exclusivement chargé de la prévention et de la répression de la corruption, en excluant explicitement les missions d’audit ou de lutte contre la fraude — ces dernières étant dévolues à d’autres organes comme la Cour des Comptes ou l’Inspection générale d’État.

Des garde-fous juridiques renforcés

Une innovation majeure concerne la procédure de nomination des membres : elle se fera par appel à candidatures, garantissant davantage de transparence. Le mandat, non renouvelable, est fixé à cinq ans. L’OFNAC, fort de ses 12 membres, bénéficie également de protections juridiques renforcées : ses membres ne peuvent être poursuivis pour les actes posés dans l’exercice de leurs fonctions, sauf cas exceptionnels.

Autre évolution significative : la fin du pouvoir de garde à vue précédemment confié à l’OFNAC. Cette mesure, source de polémiques, est supprimée pour respecter strictement les principes de séparation des pouvoirs et de procédure pénale.

Des missions étendues et des moyens accrus

Le nouvel OFNAC est chargé, entre autres, de :

  • Collecter et analyser des informations sur les faits de corruption et les transmettre aux autorités judiciaires ;
  • Formuler des propositions de réforme pour améliorer la gouvernance ;
  • Recevoir les déclarations de patrimoine des assujettis et en assurer la publication ;
  • Mener des campagnes de sensibilisation et de formation à la culture de l’intégrité.

Il pourra se saisir d’office, travailler avec des lanceurs d’alerte, et aura recours à des techniques d’enquête spéciales, y compris le gel administratif de biens en cas de suspicion grave.

Une coopération nationale et internationale intégrée

L’OFNAC est conçu comme un acteur pivot dans les réseaux de coopération contre la criminalité économique. Il pourra interagir avec les institutions judiciaires nationales, les services spécialisés, mais aussi avec les organismes internationaux, pour renforcer la lutte contre la corruption, le blanchiment, l’enrichissement illicite, ou encore le financement du terrorisme.

Vers plus de transparence et de redevabilité

Chaque année, l’OFNAC devra publier un rapport d’activités, remis au Président de la République et accessible au public. Ce rapport détaillera les actions menées, les cas traités, ainsi que les recommandations de réforme.

Enfin, le projet de loi prévoit une dotation budgétaire autonome, une exécution conforme à la comptabilité publique, et la possibilité de recevoir des financements extérieurs encadrés.

Une refondation attendue

Avec ce texte, le Sénégal entame une refonte de son dispositif anticorruption. En combinant indépendance institutionnelle, recentrage des missions et renforcement des garanties procédurales, le gouvernement entend répondre aux critiques passées tout en consolidant l’intégrité publique.

Reste à voir si cette réforme audacieuse saura convaincre les parlementaires et produire les résultats escomptés sur le terrain de la transparence et de la redevabilité.



Source : https://xalimasn.com/2025/08/06/lutte-contre-la-co...