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M. Le Président de la République,


Rédigé par leral.net le Vendredi 4 Octobre 2013 à 18:25 | | 0 commentaire(s)|

Je vous ai déjà écrit quelques papiers, qui ne vous sont probablement jamais parvenus ou transmis. Je reprends aujourd’hui la plume, en tant que citoyen et tant qu’engagé politique, convaincu comme vous que beaucoup de difficultés auxquelles les populations font face peuvent être solutionnées par ce biais. Seulement de moins en moins de sénégalais ont cette conviction et cela est bien dommage. Voilà ce que j’écrivais au lendemain de votre élection, dans un article daté du 26 Mars 2012 et partagé avec de nombreux amis sur les réseaux sociaux, dont on m’a dit que vous êtes un régulier visiteur. Je parlais de vous en ces termes : « Loin de moi l'idée d'être trop exigeant il faudrait que l'on profite de l'accession au pouvoir d'un président jeune et brillant (tous les témoignages sont unanimes là dessus) pour soulever les questions de fond, les questions clés comme la sortie de cette camisole de force que constitue le Fcfa, l'exploitation des richesses minières et bientôt pétrolières au bénéfice réel des populations et non des multinationales, l'urgence de l'union sous-régionale et le règlement définitif de la crise casamançaise ».



Cette longue citation me permet de planter le décor et vous dire que je fais partie de ces sénégalais, qui même s’ils sont engagés politiquement dans des chapelles différentes de la vôtre, ne sont pas aveuglés par un esprit partisan prompt à critiquer négativement toute action du pouvoir en place. Je fais partie de ceux qui souhaitent votre réussite, car votre réussite est la réussite de notre Sénégal à tous et à toutes. Et c’est pour cela que je vous invite M. Le Président à redresser la barre. Je vous observe depuis bientôt deux ans, présider aux destinées de notre Nation et je suis aujourd’hui déçu de beaucoup de choses concernant votre gestion du pouvoir.

M.Le Président, je suis profondément inquiet des conflits d’intérêts qui couvent dans votre entourage : Messieurs Bara Tall (Jean Lefevbre), Baba Diaw (Itoc), Diagna Ndiaye (Mimran) sont des hommes d’affaires de premier rang dans ce pays et il est incompréhensible qu’ils puissent faire partie de vos Ministres-Conseillers sachant que leur conseils portent sur des domaines où ils sont partie-prenante. De plus ces hommes ont-ils réellement besoin d’être payés par le contribuable sénégalais ? Permettez-moi d’en douter.



Sur l’affaire de la drogue à l’Orctis, ayant entrainé le départ de l’ancien DGPN, M. Le Commissaire Niang, j’ai été déçu que cela ne constitue pas pour vous et votre gouvernement, une opportunité de taper du poing sur la table contre la corruption qui est présente à tous les niveaux de la Police nationale : de l’agent de circulation qui laisse partir une voiture sans assurances moyennant un billet de 1000 Fcfa, au commissaire qui revend de la drogue saisie chez les narcotrafiquants en passant par les agents en charge des documents administratifs à qui un billet de 5000 Fcfa donne subitement une plus grande réactivité pour traiter un dossier. Par votre campagne présidentielle brillamment menée et votre victoire finale, vous êtes, j’en suis convaincu, un bon politique et vous savez donc mieux que quiconque que les politiques ont besoin des affaires comme celle de l’Orctis pour mener des réformes profondes dont nous avons aujourd’hui cruellement besoin dans notre pays.



Concernant la gestion de nos ressources publiques, j’encourage votre gouvernement à poursuivre la traque des bien mal acquis car je suis de ceux qui sont persuadés que notre pays a été pillé pendant des années, son foncier dépecé et ses deniers publics détournés. Seulement M. Le Président, à quoi bon rapatrier des fonds s‘ils servent à entretenir une clientèle politique dont l’apport à la vie des sénégalais est proche du néant : A quoi sert le conseil économique et social dont vous nommez directement la majorité des membres ? N’est-ce pas une forme de résurgence du Sénat dont vous aviez proposé et obtenu la suppression car trop budgétivore à une époque où le pays était sous les eaux ? Dans la même veine, ces nombreux ministres sans portefeuille ont-ils réellement l’expertise technique nécessaire pour conseiller un homme comme vous sur des dossiers aussi complexes que la crise casamançaise, la prospective sur le futur mix énergétique du Sénégal etc. La politisation de l’administration est un mal qui a gangréné le Sénégal bien avant votre arrivée au pouvoir, et je pense que vous avez une occasion historique, vu les rejets successifs du PS de Abdou Diouf et du PDS de Me Abdoulaye Wade, de mettre un terme à cette pratique qui a fini de faire fuir les meilleurs administrateurs sénégalais vers le secteur privé, délaissant l’Etat et son administration aux partisans du pouvoir en place.



Il s’agissait là des quelques points sur lesquels je souhaitais attirer votre attention et vous dire mon sentiment. Diriger tout un pays n’est certes pas facile mais nous serions coupables de ne pas attirer votre attention sur ces points là d’autant plus que comme beaucoup de sénégalais je vous estime capable de vous démarquer de ce mode de gouvernance dépassé en attendant de trouver des réponses aux problématiques plus structurelles comme notre souveraineté monétaire, la réforme de notre système santé, l’exploitation des enfants, la fourniture de l’eau et de l’électricité aux populations urbaines et rurales entre autres.



Mes salutations les plus distinguées, M. Le Président de la République



Fary Ndao

Eleve Ingénieur Géologue à IST-UCAD

Membre du Parti Demain la République

fary.ndao@gmail.com