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MOHAMMED VI, UN ROI SUR LE DÉCLIN

Rédigé par leral.net le Mardi 26 Août 2025 à 00:53 | | 0 commentaire(s)|

À 22 ans, le prince héritier Moulay Al-Hassan se prépare discrètement à régner. Mais sa montée en puissance reste "millimétrée" pour éviter tout signal de "passage de témoin",selon une enquête du Monde

(SenePlus) - Dans une enquête publiée le 24 août 2025, les journalistes Christophe Ayad et Frédéric Bobin du Monde dressent un portrait saisissant d'un Maroc en transition, où le roi Mohammed VI, affaibli physiquement, navigue entre préparation dynastique et luttes d'influence au sein de l'élite marocaine.

Le texte révèle une dualité frappante dans l'image royale. D'un côté, lors de la prière de l'Aïd el-Adha du 7 juin à Tétouan, "son visage trahit la fatigue, tandis que chacun autour de lui loue Allah en se prosternant", décrivent-ils. Cette "fragile immobilité au sein d'une assemblée en génuflexion" contraste violemment avec les images diffusées quelques semaines plus tard montrant le monarque de 62 ans "en maillot de bain, à cheval sur un Jet-Ski, au large de Cabo Negro".

Cette "chorégraphie duale", selon l'expression des auteurs, illustre parfaitement le processus de transition que traverse le royaume chérifien. Si le roi apparaît "physiquement diminué" - notamment lors de la visite d'Emmanuel Macron à Rabat fin octobre 2024 où il était "amaigri, une canne en main" - le message officiel veut rassurer sur sa capacité à gouverner.

La préparation de la relève s'organise autour du prince héritier Moulay Al-Hassan, 22 ans, dont l'exposition internationale demeure cependant mesurée. Si sa rencontre avec Xi Jinping en novembre 2024 à Casablanca a marqué "un tournant", aucune autre rencontre d'envergure n'a suivi, observe l'enquête du Monde.

"Il y a une mise en scène millimétrée, afin de ne pas envoyer de signaux susceptibles d'être interprétés comme un passage de témoin entre Mohammed VI et son fils Hassan", explique un diplomate occidental cité par les journalistes. "La transition n'a pas commencé, même si elle est dans toutes les têtes."

Cette prudence s'accompagne d'une stratégie de communication familiale, avec l'émergence progressive de Lalla Khadija, 18 ans, sœur du prince héritier. Les auteurs décrivent sa récente apparition lors du dîner offert à Emmanuel Macron, puis une "paparazzade" manifestement organisée lors d'une escapade parisienne avec son père et son frère.

L'enquête révèle l'un des épisodes les plus controversés du règne actuel : l'influence des frères Azaitar sur Mohammed VI. Abou Bakr Azaitar, champion d'arts martiaux mixtes rencontré en 2018, est devenu proche du souverain dans ce qui est décrit comme "un coup de foudre". Cette relation personnelle s'est étendue à toute la fratrie, provoquant l'indignation de l'élite marocaine face à "l'entrisme de cette fratrie aux manières tapageuses".

L'article de The Economist publié en avril 2023, intitulé "Le mystère du roi du Maroc disparu", avait provoqué "un séisme dans les cercles du pouvoir" en exposant internationalement cette affaire. Depuis, les frères Azaitar "ont été progressivement effacés des réseaux sociaux", remplacés par de nouveaux favoris plus discrets comme Youssef Kaddour.

L'atmosphère décrite par Ayad et Bobin révèle des tensions croissantes au sein de l'élite marocaine. "Une fin de règne suffocante", confie un homme d'affaires casablancais cité dans l'enquête. Les auteurs évoquent des "tiraillements, luttes d'influence et coups bas" qui "alourdissent le climat général".

Cette nervosité se manifeste notamment par la campagne menée contre Mostafa Terrab, patron de l'Office chérifien des phosphates, accusé d'avoir fait de l'OCP son "jouet" selon le journal Le360. Plus troublant encore, une série de piratages informatiques au printemps a révélé des informations compromettantes sur de hauts responsables du royaume, créant un climat de suspicion généralisée.

Parmi les non-dits de cette transition figure l'ex-épouse du roi, Lalla Salma, disparue de l'iconographie officielle depuis le divorce de 2018. Les journalistes soulignent qu'elle constitue "le grand non-dit de la transition en cours, une source d'embarras". Très proche du prince héritier qui vit avec elle à Rabat, "elle sera nécessairement amenée à revenir en grâce après l'intronisation de son fils", prédisent-ils.

Cette perspective inquiète déjà certains cercles du pouvoir, d'autant que "le futur roi ne ménagera pas les artisans ou les complices de la cabale" orchestrée contre sa mère, murmurent les observateurs cités par l'enquête.

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Farid


Source : https://www.seneplus.com/international/mohammed-vi...