Madagascar: Ousmane Yara, le sulfureux homme d’affaires malien qui murmure dans l’oreille du colonel putschiste Michaël Randrianirina

Madagascar  Atlanticactu / Antananarivo / Hamet Ousmane Yara, ce célèbre et controversé homme d’affaires malien et lobbyiste très connu des palais africains de Conakry à la forteresse militaire de Benghazi du Maréchal Khalifa Haftar en passant par Dakar, reprend du service. A peine le nouvel homme fort de la grande île malgache, Colonel Michaël Randrianirina […]

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Atlanticactu / Antananarivo / Hamet

Ousmane Yara, ce célèbre et controversé homme d’affaires malien et lobbyiste très connu des palais africains de Conakry à la forteresse militaire de Benghazi du Maréchal Khalifa Haftar en passant par Dakar, reprend du service. A peine le nouvel homme fort de la grande île malgache, Colonel Michaël Randrianirina s’est emparé du pouvoir, revoilà le « sulfureux » « courtier des officines occultes» est à Madagascar où il a été reçu dans la sobrété au palais d’Antananarivo.  Cadeau empoisonné pour le nouveau régime pour ses démêlés politiques ou pompier de circonstance pour tirer d’affaire l’équipée actuelle à bord depuis la fuite du président Andry Rajoelina du pays? Confidentiel Afrique revient sur les dessous de cette visite étrange. 

Le « teigneux » Ousmane YARA resurgit subitement au devant de la scène au palais d’Antananarivo. L’homme d’affaires malien dont le parcours est fait de lumières et d’ombres, en posant avec le nouvel homme fort de Madagascar, le Colonel Michaël Randrianirina, dans un des salons du bureau présidentiel devient un des premiers visiteurs assidus du palais d’Antananarivo. Ousmane Yara compte-t-il remettre au grand goût du jour sa fibre imprévisible de messager des transitions africaines? Il est le seul qui détient le secret pour l’instant? Que vaut bien cette visite auprès du Colonel Michaël Randrianirina de celui que l’on présente comme le lobbyiste analphète africain le plus introduit mais redoutable dans les montages politiques les plus insoupçonnés ? Ousmane Yara, est un mélange de grandeur, de désastre et d’imbroglio. Il a l’art des entre-deux et des portes entrouvertes. Cet homme d’affaires malien a tissé en quatre décennies un réseau continental qui le place au carrefour des influences africaines. Proche tour à tour de Lansana Conté, Alpha Condé, Mahamadou Issoufou, Macky Sall ou Muhammadu Buhari, Yara se définit moins comme un « courtier du pouvoir » que comme un facilitateur africain- un homme de la conciliation silencieuse, à l’écoute des humeurs des palais et des rumeurs des rues. Confidentiel Afrique était revenu largement sur ses accointances lugubres notamment au Niger et en Guinée où il s’est fait « crucifier » â petit feu pour des actes à l’effet clair- obscur. Au Sénégal, avant le départ à la tête du pays d’un de ses plus grands fidèles et alliés Macky SALL, son nom avait été cité fréquemment dans les négociations visant à libérer de prison l’actuel Premier ministre Ousmane SONKO et le président Bassirou Diomaye Faye. Au fil rouge de la contestation populaire et de la crise politique fulgurante. Ousmane Yara avait reçu le quitus de Macky SALL pour prendre langue avec ces deux ex- opposants.

Selon des informations exclusives obtenues par Confidentiel Afrique, à Madagascar, sa présence récente auprès du colonel Michaël Randrianirina, nouvel homme fort de l’île, n’a rien d’anodin. Le putschiste malgache, âgé de 51 ans, propulsé par un mouvement de jeunesse lassé du régime Andry Rajoelina, incarne cette ambition d’une génération en quête de souveraineté et de légitimité démocratique. La déchéance de nationalité de l’ex-président, accusé d’avoir trahi la loi en cumulant citoyennetés française et malgache, symbolise cette rupture avec les élites perçues comme déconnectées. Randrianirina, modeste et ancré dans la foi luthérienne, a promis une transition sobre, inspirée par la rue plus que par les chancelleries.

Dans cet alignement inédit, Ousmane Yara vient jouer sa partition habituelle : celle de « médiateur » non conventionnel des transitions africaines. Cette « diplomatie du salon » trouve un écho auprès de ces nouveaux chefs militaires qui cherchent à se doter d’une porte vers les mondes politiques et économiques d’Afrique de l’Ouest. Ses relations privilégiées avec les cercles d’Abuja, de Dakar ou de Conakry en font un catalyseur utile pour le colonel Randrianirina, soucieux d’élargir son champ de reconnaissance au-delà de l’océan Indien.

Mais derrière le charme prudent de cet homme  se profile un vrai paradoxe : alors que Yara incarne la continuité de ces intermédiaires sans mandat qui font et défont des équilibres, la génération Z africaine – celle des rues d’Antananarivo comme de Bamako – revendique une transparence et une horizontalité politique inédites. Entre le pragmatisme des élites de coulisses et les aspirations d’une jeunesse numérisée qui veut « prendre la parole » sans parrain, se joue une tension constitutive du continent politique de demain.

Le colonel Randrianirina, soutenu par cette génération en éveil, pourrait être le point de bascule : un militaire de transition, cherchant des alliances sans s’y perdre. Si Ousmane Yara tente d’y inscrire son fil invisible, c’est peut-être pour garantir ce qu’il a toujours su offrir : la continuité, là où les peuples espèrent désormais la refondation. Toutefois, l’homme d’affaires malien, loin d’être un enfant de cœur, à la fois redoutable et vicieux dans ses calculs politiques, pourrait dévier à tout moment le curseur selon ses appétits et ses manoeuvres souvent « désastreuses ». A qui profitera finalement ce nouveau rapprochement ?

Source : https://atlanticactu.com/madagascar-ousmane-yara-l...