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Mahawa Sémou Diouf enquête sur la drogue dans la police: Abdoulaye Niang et Cheikhna Keïta livrés à la Section de recherches

Le Procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye, a demandé au Doyen des juges, Mahawa Sémou Diouf, de faire la jonction entre l’affaire Raymond Ike alias Austin et celle de la drogue dans la police qui vise Abdoulaye Niang, l’ancien Directeur général de la Police nationale, et Cheikhna Keïta, l’ex-patron de l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis). Des sources judiciaires nous informent que la Section de recherches est destinataire d’une délégation judiciaire émanant du Doyen des juges pour pousser les investigations sur l’affaire de la drogue dans la police.


Rédigé par leral.net le Jeudi 8 Août 2013 à 12:15 | | 0 commentaire(s)|

Si le président de la République a reçu le nouveau Directeur général de la Police nationale (Dgpn), Anna Sémou Faye, avant la cérémonie de son installation prévue le 13 août, c’est parce qu’il a pris conscience de la chute du moral des policiers suite à l’affaire de la drogue qui a éclaboussé leur corps. Par cette audience, Macky Sall a voulu revigorer l’ardeur et restaurer la dignité des policiers sérieusement malmenés ces derniers temps par les accusations de trafic de drogue formulées contre Abdoulaye Niang, l’ancien Directeur général de la Police nationale récemment limogé.
Mais parallèlement à cette gestion de l’affaire par Macky Sall qui cherche à sauver la crédibilité d’un corps de l’Etat, le Procureur de la République près le Tribunal régional hors classe de Dakar, Serigne Bassirou Guèye, veut tirer cette affaire au clair. Il a envoyé un réquisitoire introductif au Doyen des juges, Mahawa Sémou Diouf, pour lui demander de faire une jonction entre l’affaire Raymond Ike alias Austin et l’enquête diligentée contre Abdoulaye Niang et Cheikhna Keïta.
NIANG ET KEITA EGAUX DANS LA PROCEDURE- Selon nos sources, contrairement aux déclarations du porte-parole du gouvernement, le ministre Abdou Latif Coulibaly, l’enquête de la Direction de l’inspection des services de sécurité (Diss) ne considère par les allégations du commissaire Cheikhna Keïta comme «mensongères et cherchant tout simplement à jeter l’opprobre sur quelqu’un ou un corps de l’Etat». Le Procureur de la République ne blanchit pas a priori le commissaire Abdoulaye Niang. L’enquête le vise, comme elle n’épargne pas l’accusateur, Cheikhna Keïta. C’est pourquoi, le président de la République, Macky Sall, a jugé nécessaire de le décharger de ses fonctions pour lui permettre de se défendre.
Le «maître des poursuites» a ainsi demandé au Doyen des juges, Mahawa Sémou Diouf, de fouiner pour voir les tenants et les aboutissants de cette affaire. Une source proche du dossier révèle que Cheikhna Keïta n’a pas encore tout dit, un déballage plus scandaleux est à redouter lorsque viendra l’heure de sa déposition d’abord devant ses pairs de police lors du Conseil d’enquête administratif qui l’attend (le Dgpn Anna Semou Faye a pris connaissance du rapport et va bientôt faire convoquer ledit Conseil : Ndlr), mais aussi devant les enquêteurs qui s’occupent du volet judiciaire.
DELEGATION JUDICIAIRE- Le Doyen des juges va donner une délégation judiciaire à la Section de recherches de la gendarmerie pour la recherche de preuves. Et des commissions rogatoires seront envoyées, au besoin, dans d’autres pays pour mener des investigations.
En effet, le caractère international souligné par le commissaire Cheikhna Keïta dans son rapport de dénonciation a retenu l’attention du Procureur de la République. Selon l’ancien patron de l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis), Cheikhna Keïta, les ramifications de la pratique qu’il a dénoncée vont outre atlantique. Raison pour laquelle, les juges envisagent d’investiguer au-delà de nos frontières, si les premiers résultats de l’enquête l’exigent, étant entendu que le trafic supposé ou réel a pu se passer entre ressortissants de nations différentes.
Des commissions rogatoires, à l’instar de celles lancées tout au début de la traque des biens mal acquis, pourraient ainsi être délivrées à qui de droit, afin que des investigations puissent mobiliser et mettre à contribution l’assistance de plusieurs organismes internationaux comme Interpol et quelques services d’appoint spécialisés dans la lutte contre la drogue.
AUSTIN ELEMENT DU PUZZLE- Raymond Ike alias Austin, celui qui est incarcéré à la prison centrale de Rebeuss et qui serait un des anciens dealers utilisés par Abdoulaye Niang, sera également auditionné, ainsi que toute personne susceptible d’éclairer le magistrat-instructeur. Après les investigations qui seront menées, l’audition du tout récent ex-Dgpn, Abdoulaye Niang, sera une des clés de l’énigme sur laquelle cogitent les magistrats.
Si des preuves sont trouvées contre Abdoulaye Niang et/ou Cheikhna Keïta, des ordres de poursuite seront sollicités du ministre de l’Intérieur, Pathé Seck (si le vent de remaniement annoncé ne l’emporte pas : Ndlr) pour leur inculpation et leur incarcération, le trafic international de drogue étant un crime passible de la Cour d’assises.
Mais l’enquête est loin de connaître son épilogue. Elle peut s’étirer en longueur car ce n’est pas une mince affaire.


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