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Monnaie africaine : Ousmane Sonko appelle à rompre avec la dépendance et la résignation.

Rédigé par leral.net le Jeudi 18 Décembre 2025 à 17:19 | | 0 commentaire(s)|

XALIMANEWS: La bataille pour l’avènement d’une monnaie africaine demeure un « front majeur », à la fois politique, culturel et psychologique. C’est le message fort lancé par le Premier ministre, Ousmane Sonko, lors de l’ouverture officielle du colloque international marquant le centenaire de Frantz Fanon, mercredi au Musée des civilisations noires (MCN) de Dakar. « […]

XALIMANEWS: La bataille pour l’avènement d’une monnaie africaine demeure un « front majeur », à la fois politique, culturel et psychologique. C’est le message fort lancé par le Premier ministre, Ousmane Sonko, lors de l’ouverture officielle du colloque international marquant le centenaire de Frantz Fanon, mercredi au Musée des civilisations noires (MCN) de Dakar.

« Une monnaie, ce n’est pas seulement du papier ou du code numérique. C’est la matérialisation du pouvoir d’un peuple, la traduction concrète de sa capacité à décider pour lui-même », a martelé le chef du gouvernement sénégalais, insistant sur l’indissociabilité entre souveraineté monétaire et souveraineté économique.

Selon lui, aucune émancipation réelle n’est possible sans maîtrise de la monnaie, rappelant que cette exigence rejoint les combats intellectuels et politiques portés par Frantz Fanon. « Ce n’est pas une équation théorique, mais la condition matérielle de l’émancipation », a-t-il souligné.

En présence de Murielle Fanon, présidente de la Fondation Frantz Fanon, de plusieurs membres du gouvernement et de diplomates accrédités au Sénégal, Ousmane Sonko a dénoncé une Afrique encore enfermée dans un système de dépendance économique. La question monétaire, a-t-il insisté, reste « un champ où se joue la lutte entre dépendance et désaliénation ».

Appelant à « reconstruire l’économie politique de la dignité », le Premier ministre a plaidé pour la maîtrise des ressources africaines, la refondation des institutions financières du continent, la lutte contre les fuites de capitaux et une meilleure régulation des chaînes de valeur. « L’Afrique doit compter sur ses propres forces, et non sur la protection paternaliste ou les arbitrages lointains d’un autre centre », a-t-il affirmé.

Reconnaissant la complexité du combat, Ousmane Sonko a toutefois mis en garde contre l’attentisme : « La prudence excessive et la peur des représailles des marchés sont souvent les autres noms de la résignation ».

Prenant l’exemple du franc CFA, il l’a qualifié d’outil de contrôle, conçu pour prolonger, sous couvert de coopération, des mécanismes de tutelle. Une monnaie qui, selon lui, a profondément structuré les politiques publiques et façonné les imaginaires économiques africains en instillant l’idée qu’une monnaie autonome serait un risque.

Il a également critiqué la réforme inachevée de l’Eco, projet de monnaie unique de la Cédéao. « Changer de nom sans changer de logique n’est pas une révolution. C’est un rebranding de la dépendance », a-t-il tranché.

S’appuyant sur la pensée de Fanon, le Premier ministre a rappelé que la domination ne se limite pas aux structures visibles, mais s’infiltre aussi dans les mentalités. « Nos peuples ne doivent plus être des variables d’ajustement dans l’ordre mondial », a-t-il déclaré, avertissant que sans souveraineté monétaire, la dignité africaine restera négociable.

Enfin, rendant hommage à Frantz Fanon, disparu à 36 ans, Ousmane Sonko a salué une œuvre « immense » et une pensée toujours « intacte, brûlante et indispensable ». « Fanon n’est pas seulement un héritage, il est une promesse inachevée que l’Afrique doit transformer en actes », a-t-il conclu.



Source : https://xalimasn.com/2025/12/18/monnaie-africaine-...