Leral.net - S'informer en temps réel

NON, LE LOGEMENT UNIVERSITAIRE AU SÉNÉGAL N'EST PAS GRATUIT

Rédigé par leral.net le Mercredi 10 Décembre 2025 à 00:55 | | 0 commentaire(s)|

Présenté par une élue du PASTEF comme entièrement pris en charge par l’État, le logement universitaire au Sénégal repose en réalité sur une grille tarifaire précise facturée aux étudiants

(SenePlus) - Alors que les universités sénégalaises traversent une zone de turbulences marquée par des grèves et des revendications étudiantes, une déclaration politique a mis le feu aux poudres. La députée Mame Diarra Bèye, membre du parti au pouvoir (Pastef), a affirmé le 1er décembre 2025 que les chambres des campus publics étaient « gratuites pour les étudiants » et « entièrement prises en charge par l'État ». Une assertion contredite par les faits, comme le démontre une enquête approfondie menée par le chercheur Azil Momar Lô pour Africa Check, publiée le 5 décembre 2025.​

Dans un contexte social tendu, marqué par des affrontements à l'Université Cheikh Anta Diop (UCAD) liés au retard des bourses, la sortie de la parlementaire visait à souligner l'effort de l'État. Cependant, cette déclaration ne résiste pas à la réalité du terrain. Les vérifications effectuées auprès des organes de gestion des œuvres universitaires révèlent une tarification bien établie, loin de la gratuité annoncée.​

À Dakar, le Centre des œuvres universitaires (COUD), bras armé de la gestion sociale à l'UCAD, est formel : l'hébergement est payant. Interrogé par Africa Check, l'organisme détaille une grille tarifaire mensuelle stricte : « Chambres individuelles : 4 000 F CFA ; chambres à deux lits : 3 000 F CFA par étudiant ». Même dans les chambres de six lits, chaque occupant doit s'acquitter de 3 000 F CFA.​

L'accès à ces logements, géré via la plateforme numérique Campuscoud.com, obéit à des critères d'excellence (70% des places) et sociaux. Les étudiants étrangers, s'ils sont issus de pays signataires d'une convention avec le Sénégal, sont soumis aux « mêmes tarifs que les étudiants sénégalais », confirme le COUD.​

La situation est identique à l'Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis. Le CROUS, équivalent régional du COUD, confirme que « les chambres sont composées de lits payants ». Les tarifs varient selon le type de logement : 4 000 F CFA pour une chambre individuelle, 3 000 F CFA pour une chambre double. Même les solutions plus précaires, comme les « chambres-modules » (anciens conteneurs du FESMAN), sont facturées à 1 000 F CFA par mois. À cela s'ajoutent des frais de codification uniformisés à 5 000 F CFA par lit.​

Les acteurs du monde académique réfutent également la thèse de la gratuité. L'ancien recteur de l'UCAD, le professeur Ibrahima Thioub, rappelle une règle immuable : « Dans les campus publics, quand un étudiant est hébergé, il paie sa chambre ». Une réalité corroborée par les représentants étudiants. Serigne Saliou Fall, de la commission sociale de la faculté de médecine, précise qu'après l'attribution, l'étudiant doit verser « une caution de 5 000 FCFA ainsi qu'une mensualité ».​

En conclusion, l'enquête d'Africa Check qualifie de « fausse » la déclaration de la députée. Tant à Dakar qu'à Saint-Louis, le logement universitaire reste un service payant, dont les coûts sont directement supportés par les étudiants.

Primary Section: 
Secondary Sections: 
Archive setting: 
Unique ID: 
Farid


Source : https://www.seneplus.com/education/non-le-logement...