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Non-respect des normes internationales, insuffisance de ressources humaines... les laboratoires de biologie médicale à l’agonie


Rédigé par leral.net le Mercredi 20 Septembre 2023 à 11:37 | | 0 commentaire(s)|

Au Sénégal, les laboratoires sont à l’agonie. C’est le constat amer qui est fait par les autorités. D’où le lancement du programme spécial de développement des laboratoires sur la période 2024-2028 d’un montant de près de 30 milliards. Dans sa présentation dudit programme, le Directeur des laboratoires, Pr Amadou Moctar Dièye, révèle que les normes internationales de qualité ne sont pas toujours respectées dans nos laboratoires. «Nos laboratoires de biologie médicale (Lbm) ne permettent pas toujours d’éclairer les médecins et sages-femmes dans leurs diagnostics. C’est pourquoi certaines analyses essentielles sont envoyées à l’étranger car non disponibles dans tout le pays», regrette-t-il.

Poursuivant son propos, il note l’insuffisance de ressources humaines multidisciplinaires, une disparité dans leur répartition géographique et un déficit en équipements nécessaires pour réaliser les analyses et pour l’application des bonnes pratiques de gestion de la biosécurité garantissant la protection de la santé humaine et de l’environnement. «La maintenance des équipements de laboratoire constitue un grand défi à relever en plus du problème de la disponibilité permanente de réactifs de laboratoire de qualité. L’essentiel des réactifs est importé par des sociétés privées. Il y a aussi la problématique de la sous-traitance à l’étranger avec un retard dans le rendu des résultats», souligne M. Dièye. Selon lui, pour toutes ces raisons, le système de laboratoire devrait être développé pour une meilleure prise en charge de la santé de la population et la détection des maladies à potentiel épidémique. Le directeur des laboratoires Pr Amadou Moctar Dièye estime que dans nos laboratoires, à 90%, ce sont des analyses de routine. «Nous pensons qu'il faudra élaborer notre programme national dans lequel nous prendrons aussi bien les épidémies que les autres maladies courantes. Ce programme, nous l'avons élaboré et sommes en train de le valider. Si nos autorités l’acceptent, nous pensons que la mise en œuvre va commencer en 2024», annonce-t-il.

Il est d’avis qu’il faut des biologistes dans les laboratoires et certains n’en disposent pas. «Nous avons fait une analyse situationnelle. Des gaps ont été identifiés et nous voulons résorber ces gaps à travers le programme. Nous voulons augmenter la masse critique de biologistes», promet-il.

Interpellé sur la problématique des cabinets médicaux qui ont des laboratoires, Pr Dièye répond : «Les cabinets médicaux qui font du laboratoire n’ont pas d’autorisation. Nous travaillons pour que cela cesse parce que si vous avez des laboratoires qui ne sont pas autorisés, les résultats que vous donnez ne sont pas forcément fiables et c'est dangereux pour la population », avertit-il. A en croire Pr Dièye, il vaut mieux ne pas donner de résultats que de donner un résultat erroné parce que le médecin se base sur le résultat pour faire son traitement. «Il est important qu'au niveau de ces cabinets, les gens se conforment à la réglementation. Ils peuvent faire de la biologie mais sous la responsabilité d'un laboratoire de biologie médical agréé qui va valider les résultats. J'appelle la population à faire attention car les laboratoires qui sont agrées sont sur internet et ils ont des agréments. Ils sont inspectés régulièrement et c'est là que nous pouvons garantir la fiabilité des résultats des analyses», dit-il.
L’As

Ndèye Fatou Kébé