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Obama hausse le ton face à Israël

Rédigé par leral.net le Vendredi 29 Mai 2009 à 23:18 | | 0 commentaire(s)|


Contrairement à ses prédécesseurs, le président des Etats-Unis ose étaler au grand jour ses divergences de vue avec le gouvernement israélien, notamment sur la question des colonies juives et sur la nécéssité de créer un Etat palestinien distinct


Obama hausse le ton face à Israël
Jeudi 28 mai, le président Barack Obama et de hauts responsables israéliens ont exprimé des vues très divergentes sur l’épineuse question des colonies juives. Un rare désaccord est ainsi publiquement apparu entre les deux pays, et ce quelques jours seulement avant le très attendu discours que doit prononcer le président américain, le 4 juin prochain, en Egypte.

Après avoir reçu le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à la Maison-Blanche, Barack Obama a répété qu’il avait “clairement exprimé son opposition à la construction de nouvelles colonies et avant-postes israéliens” en territoire palestinien. Quelques heures plus tôt, le gouvernement israélien avait indiqué qu’il autoriserait l’extension de certaines colonies situées en Cisjordanie.

Ces propos soulignent l’attitude de fermeté – rare chez un président américain – adoptée par Barack Obama vis-à-vis d’Israël depuis le début de son mandat. Conscients de toucher là un sujet sensible, la plupart de ses prédécesseurs se sont toujours efforcés de cacher leurs différends avec l’Etat hébreu.

Ce désaccord public a surpris les responsables des deux pays ainsi que bon nombre d’experts selon lesquels le nouveau président américain et le Premier ministre israélien – fraîchement élu – rechercheraient plutôt une solution pragmatique afin d’éviter toute divergence publique. Depuis sa rencontre avec le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, il y a une dizaine de jours à la Maison-Blanche, Barack Obama se démarque pourtant de plus en plus ouvertement du gouvernement israélien.

Le président américain estime qu’un gel des colonies juives permettrait d’obtenir des concessions de la part des Etats arabes modérés et de relancer les négociations de paix. Mais, dans les réunions bilatérales qui se poursuivent presque quotidiennement, les responsables israéliens font la sourde oreille.

Lors de sa rencontre avec Mahmoud Abbas, le président américain a réitéré sa position sur les colonies juives et sur la nécessité de créer un Etat palestinien. Obama a également répété qu’un progrès du processus de paix israélo-palestinien permettrait d’alléger bien d’autres tensions dans la région, ce que les Israéliens réfutent également. “Si j’insiste sur ce point, c’est en partie parce qu’il est dans l’intérêt des Etats-Unis de faire la paix, a déclaré Obama. L’absence de paix entre Palestiniens et Israéliens est un obstacle dans d’autres domaines comme la coopération et la sécurité dans toute la région mais aussi aux Etats-Unis. C’est pourquoi je veux voir des progrès et nous ne ménagerons pas nos efforts pour y parvenir.”

Lors de la rencontre entre Obama et Nétanyahou, les différences entre les deux dirigeants sautaient aux yeux. Avec Abbas, au contraire, Obama avait l’air d’être d’accord sur la plupart des sujets abordés. Il a félicité le gouvernement palestinien pour sa coopération dans le domaine de la sécurité et pour sa conduite à l’égard de son rival, le Hamas. L’effet immédiat de cette rencontre a été de faire passer les membres du gouvernement israélien pour des irréductibles.

Au-delà de la question des colonies juives, Obama et Nétanyahou ont également des divergences de vues sur la question cruciale d’un Etat palestinien distinct. Le dirigeant israélien serait favorable à un Etat palestinien, à condition qu’il soit dénué de toute souveraineté dans le domaine militaire et le contrôle de ses frontières. Fort de sa position, Obama donnait parfois le sentiment de s’adresser directement au public israélien quand il répondait aux questions des journalistes. “Je pense que de nombreux Israéliens sont d’accord pour dire que le temps est un facteur essentiel et que nous ne pouvons pas continuer ainsi, a-t-il déclaré. Nous devons remettre le processus de paix sur les rails.”

Les Israéliens ont dit qu’ils allaient démanteler vingt-six avant-postes sauvages et en ont démoli trois la semaine dernière. Mais selon eux, l’“accroissement naturel” – une expression on ne peut plus vague – devait être autorisé dans les implantations les plus importantes. Les colonies sont presque unanimement considérées par la communauté internationale comme une violation du droit international. Aujourd’hui, environ 300 000 Israéliens vivent dans 120 colonies.

Obama a également exprimé l’espoir que les Etats-Unis et Israël seraient capables de surmonter leurs différences. “Je pense qu’il est important de ne pas s’attendre au pire mais d’espérer le meilleur, a-t-il dit. De toute évidence, le Premier ministre Nétanyahou doit régler ces questions au sein de son propre gouvernement.”

Il y a près de vingt ans, le président George Bush père et son administration s’étaient publiquement opposés au gouvernement israélien sur la question des colonies, ce qui avait compromis ses relations avec le Congrès et avec les ardents défenseurs d’Israël aux Etats-Unis. Son fils, le président George W. Bush, s’était exprimé à ce sujet, disant qu’il avait tiré les leçons de cette expérience et prenait désormais soin d’exprimer ses réserves – si réserves il y avait – en privé.

Pour Aaron David Miller, ancien négociateur américain pour la paix au Moyen-Orient, la politique de l’administration Obama pourrait représenter “une rupture radicale” avec les précédentes politiques américaines en matière de colonisation. “On dirait qu’ils ont décidé qu’il n’y aurait pas de marchandages, souligne Aaron David Miller. Ce sera à prendre ou à laisser.”