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Occupation du terrain politique: Les partisans d’Amadou Bâ l'invitent au combat

Il y a pression autour d’Amadou Bâ, candidat à la Présidentielle de mars 2024. La foule venue l’accueillir à l’AIBD lundi dernier, semble lui dire qu’il doit à tout prix continuer le combat. Mais, est-il prêt à mouiller le maillot pour arracher l’APR ? La question reste ouverte.


Rédigé par leral.net le Mercredi 15 Mai 2024 à 20:14 | | 0 commentaire(s)|

Occupation du terrain politique: Les partisans d’Amadou Bâ l'invitent au combat
La foule qui a accueilli, lundi dernier, le candidat de Benno Bokk Yakaar à la Présidentielle de mars 2024, Amadou Bâ, en dit long sur ses intentions. C’est, en effet, en leader politique, qu’il a foulé le tarmac de l’aéroport international Blaise Diagne de Diamniado. Englouti dans un bain de foule scandant “Amadou Bâ namnagnoula”, ce chant fétiche qui a enflammé les stades à l’été dernier durant l’emprisonnement d’Ousmane Sonko, Amadou Bâ, tout souriant, n’est pas étranger dans la qualité de son accueil. Se prépare-t-il à assumer un rôle dans l’opposition ? La question reste entière.

Absent du pays depuis sa défaite à la Présidentielle, Amadou Bâ, visiblement ravi, s'est affiché au milieu d'une foule de partisans venus l'accueillir. Si le challenger de Bassirou Diomaye Faye ne s’est pas encore déterminé sur la suite à imprimer à sa carrière politique, la foule venue l’accueillir semble déjà lui indiquer la voie à suivre : celle de l’opposition. Et il ne manque pas de viatique pour s’engager dans la bataille politique, pour s’imposer au sein de l’APR.

Candidat désigné à la dernière Présidentielle, Amadou Bâ semble se positionner en leader d’un parti non structuré. Il a conduit la dernière bataille du parti naguère au pouvoir, même s’il a perdu face à l’opposition. Le choix porté sur lui, à l’époque, pour enfiler la bannière de Benno, fait de lui, le leader de la coalition. Certes, nombre de cadres de l’APR, à l’image de Mame Mbaye Niang, avaient refusé de s’aligner derrière lui, sans lui enlever, néanmoins, son statut de porte-étendard de la coalition présidentielle. C’est à croire que l’acte posé lundi dernier à l’AIBD, contraint Amadou Bâ à enfiler son costume d’homme politique, résolument engagé dans l’opposition.

D’ailleurs, au sujet du statut de chef de l’opposition, la loi est claire. Ainsi, au titre III de la loi, le statut du chef de l’opposition est clairement défini et dispose en son article 10 : « Le candidat arrive´deuxième a`l’élection présidentielle, est désigné´comme chef de l’opposition. Ce dernier a rang de président d’institution de la République”. Autant dire que le candidat Amadou Bâ, classé 2e à la dernière Présidentielle, avec 35,79%, tient le bon bout. Mais jusque-là, impossible de percer le mystère sur les intentions de l’ancien candidat de Benno. En dehors de sa dernière sortie à l’occasion de la fête du 1er mai, Amadou Bâ continue à garder le silence, sans doute, par élégance républicaine. S’il décide de plonger les mains dans le cambouis, il devra se préparer à affronter Macky Sall, qui avait pris soin de se faire élire président du parti, lors de l’investiture du candidat Amadou Bâ à la Présidentielle.

Mais depuis que l’opposition a gagné la Présidentielle et l’installation officielle de Bassirou Diomaye Faye, président élu, Macky Sall ne cesse de poser des actes dans l’espace public et au sein de son parti. “Je vous recommande donc de rester en alerte, d’être plus que jamais ancrés dans notre tradition républicaine, de rester fermement vers les nouveaux horizons pour de nouvelles victoires”, écrit-il à ses partisans le 1er avril dernier. “Je vous recommande enfin de consolider la cohésion de notre parti et de perpétuer la solidarité avec nos partenaires de Benno Bokk Yakaar”, ajoute-t-il, tout en martelant : “Mes chers camarades de l’APR Yakaar, je reste le président du Parti, et serai toujours avec vous, toujours à vos côtés, pour défendre les acquis de notre pays et disputer à l’histoire de nouvelles conquêtes, pour que les aspirations de notre peuple se traduisent en réalité”.

Des propos sans équivoque, qui montrent que le président Macky Sall est loin de lâcher le morceau APR. Au dernier Daakaa de Médina Gounass, Macky Sall a créé l’émoi en y envoyant une délégation pour le représenter. A la tête de cette délégation, figuraient le président de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, le président du Conseil économique, social et environnemental, Abdoulaye Daouda Diallo, le dernier Premier ministre de Macky Sall, Me Sidiki Kaba, l’ancien ministre de la Culture Aliou Sow, son collègue Moussa Baldé, ministre de l’Enseignement supérieur, l’ancien ministre Abdoulaye Bibi Baldé, les députés Farba Ngom et Aliou Dembourou Sow, entre autres.

D'après le journal "Point Actu", cette pratique, quasiment une première dans l’élégance républicaine au Sénégal, était en rupture avec la tradition consistant à marquer une distance. Au retour, à Dakar, de la délégation envoyée au Daakaa de Médina Gounass, le président Macky Sall a parlé aux militants à l’étape de Tambacounda, puis de Kaffrine. Des responsables lui en ont donné l’occasion. en collant le micro à leur téléphone. En dépit des atouts détenus par le candidat de Benno à la Présidentielle, le doute plane encore sur ses intentions. Va-t-il engager le bras de fer pour trôner au sommet de l’APR ? Quelle forme d’opposition va-t-il imprimer à son engagement sur le terrain ? Autant de questions qui restent sans réponse.


Ousmane Wade