Leral.net - S'informer en temps réel

Opinions : Pastef à l’épreuve du pouvoir, Diomaye et Sonko resisteront-ils aux demons de la realpolitik ? ( Par Pape Sané)

Rédigé par leral.net le Dimanche 26 Octobre 2025 à 13:38 | | 0 commentaire(s)|

Sénégal Atlanticactu/ Dakar/ Pape Sané Après l’épisode Senghor/ Mamadou Dia, Wade / Idrissa Seck, n’est-il pas temps de comprendre que « la politique demeure le tombeau des amitiés ». Même s’il faut accepter que les tenants de l’actuel pouvoir peuvent encore faire preuve de dépassement et reléguer leur personne ou personnalité derrière  pour éviter de grossir la […]
Sénégal
Atlanticactu/ Dakar/ Pape Sané
Après l’épisode Senghor/ Mamadou Dia, Wade / Idrissa Seck, n’est-il pas temps de comprendre que « la politique demeure le tombeau des amitiés ». Même s’il faut accepter que les tenants de l’actuel pouvoir peuvent encore faire preuve de dépassement et reléguer leur personne ou personnalité derrière  pour éviter de grossir la liste des déceptions politiques. Pastef résistera-t-il longtemps aux démons du pouvoir ?
Avec ce statu quo et ce dualisme savamment entretenu par la presse, l’opposition et certains cadres de Pastef, il est juste de penser que le réveil sera brutal pour tous ceux qui avaient entonné ses célèbres slogans de campagne  » Sonko Moy Diomaye, Diomaye Moy Sonko » ou  » Avec un candidat nous avons élu 2 Présidents « .
Aujourd’hui, à l’épreuve de l’exercice du pouvoir où le président de la République Bassirou Diomaye Faye, est détenteur des plus hautes habilitations « Secret Défense » avec des domaines à lui exclusivement réservés, à côté du tout puissant Premier ministre Ousmane Sonko, révocable à tout moment, également leader de Pastef et principal artisan de la  » révolution » ayant mis fin au rêve d’un troisième mandat de Macky Sall, il fallait s’attendre à un choc des ambitions entre légitimité politique et légitimité étatique.
Nombreux étaient ceux-là, laudateurs pour la plupart, qui ont toujours entretenu cette dose de  » confrontation  » en méconnaissance des pouvoirs d’un président de la République qui, sous nos cieux, a “un pouvoir de vie et de mort sur tous”, sans compter cette résistance imprévue du « système  » dénoncé et combattu avec des moyens d’un autre âge. En effet,  du fait de son ancrage profond dans nos moeurs, il était prématuré de combattre le « système  » dès les premières heures de la présidence Diomaye sans s’assurer les moyens politiques et constitutionnels de sortir victorieux.
L’autre facteur non pris en compte, volontairement ou non, est la réalité à laquelle l’opposant doit faire face dans l’exercice du pouvoir, c’est-à-dire l’apprentissage de l’appareil d’État. Pas celui visible de tous mais celui-là appelé « État profond », un véritable rouleau compresseur pour anticonformistes de première heure.  D’autant plus que l’élection de Bassirou Diomaye Faye a été vite confrontée au lourd passif économique, judiciaire et antagoniste hérité de Macky Sall, et en particulier, à la transition entre la contestation des clients politiciens et l’exigence d’une équipe de gouvernance, à la gestion des rivalités internes, ainsi qu’à la pression du pouvoir exécutif.
Cela met en lumière le changement de rôle et les difficultés d’adaptation, comme l’exemple du Sénégal avec le duo Faye-Sonko, où les dynamiques de pouvoir changent radicalement les positions initiales. Notamment les défis de la gouvernance car, dans l’euphorie, ils n’étaient pas nombreux pour comprendre qu’un homme politique qui était opposant doit concilier ses idéaux avec les réalités du pouvoir, ce qui peut se traduire par une gouvernance exigeante qui met à l’épreuve les promesses électorales.
Autre fait majeur royalement ignoré par le duo Diomaye/ Sonko, la gestion des relations politiques pour apaiser le climat social et entamer une présidence sans beaucoup de heurts et de fronts à gérer. En effet, une opposition, une fois au pouvoir, doit gérer des relations parfois tumultueuses avec d’autres figures politiques, même au sein de son propre camp. Mais surtout, se doit de mettre en bémol activité politique le temps de la période de grâce.
Les électeurs et les sénégalais conscients des dangers qui guettent le pays doivent sauver les soldats Diomaye et Sonko. Même si avec toutes les stratégies prises pour étouffer dans l’œuf les prémisses d’un choc des ambitions entre les deux hommes, comme cela a pu se produire dans d’autres duos politiques sénégalais par le passé, « à l’épreuve du pouvoir », il faut travailler à sauver ce quinquennat prédestiné à désamorcer les milles et un pièges légués par l’ancien président Macky Sall.
En somme, et pour l’intérêt de la  » révolution  » pastefienne, le Premier ministre Ousmane Sonko aurait dû dès l’installation de Bassirou Diomaye Faye à la tête du pays, s’éloigner des sirènes du pouvoir et attendre tranquillement heure. Entre-temps le leader de Pastef gagnerait en expérience,  en sagesse et serait le Conseiller incontournable de la présidence de Bassirou Diomaye Faye. Mais hélas,  à force de vouloir endosser (légitimement) toute la responsabilité de l’avènement de son poulain, Ousmane Sonko s’est retrouvé au coeur des enjeux et intérêts d’un « système » encore très résistant.
Ce qui, d’ailleurs a précipité le risque de voir sa brillante trajectoire comparée à celle des anciens présidents guinéen Alpha Condé et sénégalais Abdoulaye Wade souvent cités comme des exemples d’opposant historique ayant passé par cette « épreuve d’échec au pouvoir ». Même s’il est à préciser que l’actuel Premier ministre Ousmane Sonko n’a pas enfilé les boubous présidentiels. Ousmane aurait dû comprendre très tôt que Sonko serait la bête à abattre pour avoir envoyé la plupart de ses contemporains à la retraite.
Sans souhaiter le pire c’est-à-dire une séparation qui serait préjudiciable tant au Président de la République qu’au Premier ministre, il faut envisager de potentielles conséquences. Notamment des sources de tensions internes et de crises politiques graves, comme dans le cas de l’épisode Senghor-Dia ou Wade-Seck. Mais, surtout assister à un bal des vautours qui, depuis le 02 avril 2024, a été le souhait et l’agenda de toute l’opposition.
Plus grave, sans s’en rendre compte ou plutôt sûr du soutien indéfectible des sénégalais, Pastef a réveillé et outillé l’opposition qui ne va tarder à sonner l’union sacrée pour jouer son rôle. Cette opposition, pour avoir été aux affaires il n’y a guère longtemps, fera preuve de vigilance pour combattre l’oppression et l’empiétement injuste sur les droits du peuple, même si elle n’est plus aux commandes.


Source : https://atlanticactu.com/opinions-pastef-a-lepreuv...