Oumy Gaye, candidate "Miss Jongoma" : «Des hommes pleurent chez moi»

Présentez-vous ?

Je m’appelle Oumy Gaye et j’habite à Pikine Nietty Mbar. J’ai 26 ans. J’ai fait l’école française jusqu’en classe de Cm2. Par la suite, j’ai arrêté pour faire de la coiffure. Ma mère voulait que je continue les études car j’étais une brillante élève. J’ai toujours été parmi les cinq premiers de ma classe. Mais, je n’avais pas la tête à ça. C’est ainsi que j’ai suivi des formations en la matière. Le diplôme en poche, j’ai ouvert un salon de coiffure. En même temps, je fais du commerce. Je vends des tissus. Récemment, j’ai mis en place une boutique pour y vendre des produits cosmétiques.

Comment s’est déroulée votre enfance ?

Je l’ai passée avec ma mère. Elle m’a bien éduquée et j’ai passé une enfance normale. Je n’avais pas de problèmes avec qui que ce soit. Ma mère m’a toujours soutenue. Cependant toute petite, j’étais une fille espiègle. Certains m’appelaient même «Djiné». Je suis l’unique fille de ma mère. Je n’ai qu’un frère. C’est la raison pour laquelle, je me comportais ainsi. Elle m’habillait en grande dame.

Vous ne parlez pas de votre père. Il est où ?

Il est chez lui. (S’est-elle limitée à dire)

Qu’est ce qui vous a poussé à vous présenter à l’élection Diongoma ?

Je ne suis pas à ma première expérience. Une fois, je me suis présentée à un concours de beauté organisé par Moïse Ambroise Gomis. J’étais plus jeune. Mais pour ce qui est du Diongoma, j’ai entendu la publicité à la radio, je n’ai pas pensé à y prendre part. C’est ma mère qui m’a demandée de participer à cette élection du fait que lorsqu’elle sortait dans la rue, tout le monde lui disait cela. Et c’est elle qui a essayé d’aller vers les organisateurs, mais ça n’a pas marché. Je lui ai dit que j’avais le numéro de téléphone d’Ambroise Gomis. Je l’ai contacté et il m’a dit de venir le trouver dans son bureau. Arrivée, il me dit que j’étais jeune et c’est quand je me suis levée de ma chaise, qu’il a su qui j’étais. Finalement, j’ai été choisie. Et, je dois passer ce samedi (Ndlr : aujourd’hui).

En postulant à ce concours, n’aviez vous pas peur des préjugés ?

Oui et non. Car, les Sénégalais sont comme ça. Ils aiment juger les gens sans les connaitre. On ne peut pas faire taire les commentaires. Nous sommes dans un pays démocratique et les gens sont libres de donner leurs opinions. Mais, je peux dire qu’il n’y aucun mal à ça. Cela dépend juste de la façon dont on fait l’élection Diongoma. Il y’a certes des femmes qui exagèrent. Dès fois, certaines candidates usent des trucs et astuces indécents rien que pour gagner alors qu’il suffit juste d’être correcte et avoir une démarche de Diongoma, pour ne pas choquer personne dans la mesure où il y’a des autorités qui nous regardent

Mais pourquoi la femme doit porter des ceintures de perles ?

En tout cas, moi je porte des ceintures de perles pour faire ressortir ma forme. C’est mon style. J’aime bien les entendre tinter autour de mes reins. Je suis folle des ceintures de perles. A chaque fois que je m’habille en tenue traditionnelle, je les mets pour me sentir à l’aise. Les hommes les adorent aussi.

Vous portez des habits modernes ?

Si je ne porte que des pantalons. Dans ce cas, je mets des chainettes avec de petites perles.

Comment faire d’un homme un bébé ?

(Rires). C’est une chose facile. Il faut savoir bien prendre soin de son homme et le garder jalousement sinon il va chercher ailleurs. D’abord, un homme a besoin de paix. On peut avoir des astuces mais on crée toujours des problèmes là où il n’y en a pas. On finira par le perdre. C’est pourquoi, quand je vois un homme marié draguer, automatiquement, j’impute la faute à sa femme. Un mari doit être au travail et avoir même hâte de rentrer chez lui. Et s’il n’a pas la paix, il n’y pensera même pas. Pour dire que c’est dans la paix et la bonne humeur, qu’on peut tout faire. Le reste, c’est du «Salagn Salagn». Une femme doit être djongué (Ndlr : avoir des astuces à elle)

Quels sont ces astuces ?

Parfois, des femmes se vantent d’avoir des astuces alors qu’elles n’ont rien. Elles l’ont simplement au bout de la langue. Une femme doit ferrer son mari à tel point qu’il ne pourra pas se concentrer une fois devant l’écran de l’ordinateur. Lorsque l’homme rentre du travail, la femme doit l’accueillir à bras ouverts. Tu le salues en prononçant son nom, lui donner de l’eau à boire avant de préparer son bain. Après, je lui donne le temps de se reposer et de faire ses prières de la journée. Puis, je lui donne à manger en préparant le thé. L’homme doit toujours trouver son repas à n’importe quel moment à la maison, car c’est lui qui donne la dépense.

Mais comment tuer un homme au lit ?

(Elle s’esclaffe de rires). C’est le «dieul rek dem» (Ndlr : littéralement prendre et partir, c’est un produit aphrodisiaque). Il y a toujours des préliminaires avant d’aller au lit. D’abord la femme doit avoir dans son armoire une partie où elle rangera ses linges de corps. Elle doit prendre un bon bain de nuit, bien parfumé son corps. Avant d’aller se doucher, elle doit mettre tous ses habits sur le lit. Tous les jours, la femme doit savoir la couleur préféré de son homme. Ca doit être un réflexe. Dès fois, on porte un string rouge et un petit pagne «Thiat». On s’habille devant lui. Dès fois, on fait semblant de chercher quelque chose en se courbant pour lui montrer le derrière. Cela lui donne déjà de l’envie. Ce, sans oublier de bien nouer soigneusement les greffages pour ne pas le déranger. Mieux, il faut éviter toujours de bien nouer la tête, ça peut faire fuir ton mari. En sus, il faut avant d’aller au lit faire un maquillage discret parce qu’à tout moment les corps peuvent s’échauffer. Au lit, les choses doivent se faire doucement, lentement et sûrement. Mon ex-mari était comme un doux agneau, après le boulot, il ne mettait plus son nez dehors. Je lui donnais tout le plaisir qu’il pouvait trouver dehors. Il s’allongeait sur le lit avec son caleçon et un sous-vêtement. Chaque femme a ses trucs et astuces pour ferrer son homme parce que ‘’mane Dieul rek dem dama ko yor’’. Personne ne peut me retenir (Rires).

Il s’agit de quoi ?

Je préfère le garder jusqu’à demain (Ndlr : aujourd’hui). C’est un liquide mélangé. Une sorte de parfum quoi. On le prend et on s’en va (Dieul rek dem).

C’est qui on?

Les deux. L’homme et la femme.

Quels sont les effets attendus ?

Un homme qui prend (Dieul rek Dem) ne pourra plus se maitriser. Il fonce tout droit rien ne pourra l’arrêter. Quiconque le prend, aura les mêmes sensations. Ceux qui seront à la compétition, seront servis.

A quel âge étiez-vous marié ?

C’est à l’âge de 18 ans que je m’étais mariée. C’était en 2003. Le mariage a duré juste un an avant qu’on ne divorce. Il n’était pas au Sénégal. C’est quand il est revenu qu’on n’a pris la décision de nous séparer.

Qu’est ce qui est à l’origine du divorce parce que ce n’est pas la beauté qui manque ?

Je peux assurer que ce n’est pas de ma faute. Les hommes sont difficiles à comprendre. Ils ne montrent jamais leur vrai visage au moment des fiançailles. Je n’ai pas eu d’enfant dans cette union.

Qu’a déjà fait un homme pour vous ?

(Elle jure sur le prophète). Dès fois en plein chemin, des gens m’offrent des cadeaux en tous genres. Parfois, c’est de l’argent alors que je ne les connais même pas. C’est en moi.

Quelles sont les folies des hommes devant vous ?



Rien ne peut m’impressionner parce que je suis une femme. Mais l’argent que j’aime le plus est celui que j’ai eu à la sueur de mon front. Mais si on me le donne, je le prends.

Comment faire fuir ses rivales ?

Ce n’est pas en se querellant avec sa coépouse qu’on peut la faire fuir. Il faut se faire la paix d’abord. Il faut même essayer de satisfaire votre mari au-delà des moyens qu’il vous donne. La femme doit toujours croire en elle. Et faire croire que son homme lui donne beaucoup de choses alors que tel n’est pas le cas.

Est-ce que tu as une fois fait pleurer un homme.

A maintes reprises. Beaucoup d’hommes viennent chez moi tout le temps pour pleurer. Certains sont mêmes mariés. Et, si je leur dit de rester chez eux auprès de leurs épouses, ils refusent. C’est grâce à mes astuces.

Des hommes mariés vous courent derrière?

Je préfère les personnes âgées et mariées plutôt que les jeunes. Non seulement, ils sont plus câlins mais ils ne nous fatiguent en rien. Ils sont généreux et n’hésitent pas à mettre la main dans la poche rien que pour faire plaisir.

Ils vous offrent leur argent sans rien recevoir en retour ?

Ils me comblent de cadeaux parce qu’ils sont gentils. Parfois un homme gare ici sa voiture pour me remettre un chèque sans que je le connaisse. Ils disent qu’ils m’adorent, que je suis belle. Ils ne doivent rien espérer en retour parce que je ne les aime pas. Tout ce que je leur dis c’est : merci. Pas plus ni moins. Je ne bouge pas de chez moi. Ce sont eux qui viennent jusqu’ici pour me combler de cadeaux. A chaque fois, je dis : Merci Tonton du fait que ce sont des vieux qui ont l’âge de mon père. Parfois, ils pleurent derrière quand je les dépasse

Vous recevez combien de déclarations d’amours par jour ?

Mon téléphone sonne sans cesse. Les hommes m’appellent de partout pour me faire des propositions, afin de sortir avec moi. Certains me draguent même par téléphone. Mais, c’est peine perdue. Je ne tombe pas sous les charmes d’un homme via téléphone. Ainsi, l’homme qui essaye de me joindre par téléphone, pour espérer d’avoir quelque chose avec moi, se leurre. Il n’atteindra jamais son objectif. Il y en a même certains qui m’appellent pour me dire qu’ils ont payé pour avoir mon numéro. Mon téléphone c’est pour mes clientes.

Ils payent rien que pour avoir votre numéro de téléphone?

Je ne cherche même pas à savoir la somme qu’ils ont payée pour obtenir mon numéro. C’est bien d’être comblé de cadeaux.

Avez-vous un copain ?

Bien sûr que oui.

Il doit être jaloux alors.

L’homme est naturellement jaloux. Mon copain et moi, nous nous connaissons. Il sait que je ne m’aventure pas dans des futilités. Il a confiance en moi et c’est l’essentiel.

Ne se fâche-t-il pas quand, il vous aperçoit avec un autre mec ?

Je n’accepte pas qu’on m’aborde dans la rue. Je suis une jeune fille et je dois préserver mon image. Je ne sors pas avec un homme autre que mon copain.

Il vit ici au Sénégal ?

Je ne vous le dirai pas.

Pourquoi ? Avez quelque chose à cacher ?

Je n’ai rien à cacher. C’est que mon amant est un homme d’affaires. Il est aujourd’hui au Sénégal, demain hors du pays

Votre homme est-il célibataire ou marié ?

Absolument qu’il est marié. Je vous l’ai dit, ce sont les hommes mariés qui sont gentils. Ils savent apprécier la valeur de la femme. Ils ne nous frappent pas, ni nous insultent. Ils nous donnent ce dont nous avons besoin. Ils savent comment aimer et cajoler une fille. Ils connaissent déjà ce qui se passe dans le mariage.

Avez-vous discuté avec lui avant de vous présenter à l’élection Diongoma ?

Avant d’en discuter avec lui, j’en ai d’abord parlé à ma mère. Il faut aussi savoir que mon copain n’a pas encore un droit sur moi. Si je n’avais pas le consentement de mon parent, je ne me lancerais jamais dans cette compétition. C’est après le casting que je l’ai dit à mon copain.

Quelle a été sa réaction ?

Il m’a demandé pourquoi je suis allée au casting sans le prévenir. Je lui ai dit carrément que j’avais l’aval de ma maman. Personne d’autre ne pouvait m’empêcher de se présenter. Si on s’était mariés, il pourrait me diriger. Mais actuellement il n’a pas ce droit.



Quels sont vos premiers gestes à votre réveil ?

Je me douche d’abord avant de prier. J’allume de l’encens dans la chambre. Après le petit déjeuner, je vais travailler. J’aime prendre soin de moi. Je ne fais jamais de mauvaises choses pour avoir de l’argent. Les hommes me donnent leur argent sans que je ne leur en demande. Ma famille peut en être témoin. C’est ma chance et je vais en profiter le maximum possible.

Vous fréquentez les boites de nuit ?

Je vais dans les boites de nuit une fois par an. Et, c’est lors des soirées de Secka. Je ne sors pas la nuit. C’est comme ça qu’on m’a élevée. Nous n’avons pas cette habitude. Mes parents n’aiment pas cela. La preuve, j’ai les moyens de louer un appartement, mais je ne le ferai jamais. Je préfère vivre avec mes parents. Et ce sera ainsi jusqu’au remariage.

Pensez-vous à vous remarier?

Oui, Je pense me remarier et avoir des enfants. Il est temps.

Le soir, est ce qu’un Diongoma doit mettre des nuisettes ou des petits pagnes?

Les nuisettes comme les petits pagnes sont tous séduisants. Mais, les chemises de nuit sont pour les célibataires. Une Diongoma doit porter des béthios comme «Samedi soir», «Thiat», et non une nuisette.

Vous aimez les perles, vous dépensez combien pour vous les procurer ?

Aujourd’hui (Ndlr : hier) j’ai dépensé 100 mille francs CFA pour acheter des perles et des encens pour préparer le concours et si je me qualifie, j’en achèterai encore. Ce sont des trucs que j’adore. Même étant malade, je porte des ceintures de perles lourdes. Je n’aime pas les acheter en détail. Je m’approvisionne par kilogramme que je mélange avec des bijoux blancs afin qu’elles deviennent plus jolies à voir. Djongué, c’est dans le sang, on ne le force pas.

Tes formes généreuses, c’est inné ou bien ?



Je suis Walo walo pure souche. Ma mère était plus belle que moi. Je l’ai héritée.

On vous taxe comme étant des femmes de mœurs légères, est ce vrai ?

C’est faux. Certains disent qu’on prend des mesures de nos fesses pour nous sélectionner. Ce n’est pas la vérité. Pour le casting, on fait juste des déhanchements pour montrer nos formes. Rien de plus. Ces genres de paroles me font mal. Il y a des filles qui sont dans leurs maisons et qui font pire que les prostituées. Les mauvaises choses, je les entends seulement.

On vous a une fois fait des propositions indécentes?

Jamais. Une femme doit toujours imposer le respect. La femme doit toujours avoir de la dignité. Une femme qui accepte toutes propositions peut être assimilée à une prostituée. Elle peut chercher une carte du vieux métier.

Rêvez-vous de remporter la couronne?

Bien sûr. Je n’ai même plus le temps de dormir. J’ai tous les atouts pour remporter la compétition. Je veux la couronne.



Entretien réalisé par AWA FAYE, ALIOU DIOUF

& ERMENCE Y. MOUSTINGA (Stagiaire)
Senegalais.net