PATRICK CHAMOISEAU DÉFEND LA PUISSANCE DE LA LITTÉRATURE

Dans l’émission « Au Gré Des Pages » diffusée sur Zitata TV, l’écrivain Patrick Chamoiseau a présenté son dernier manifeste, « Que peut littérature quand elle ne peut ? » sorti aux éditions du Seuil en octobre 2025. Invité par Claire Richer, l’auteur martiniquais revient sur le rôle fondamental que doit jouer la littérature face à la crise de l’imaginaire politique et au repli des grands récits dominants.

Pour Chamoiseau, la littérature n’est pas un simple divertissement, mais une véritable force de connaissance, capable d’interroger les urgences humaines, sociales et mondiales. « L’art et la littérature recherchent des oxygènes naissants », explique-t-il, face à la fermeture de l’intelligible et du sensible provoquée par les récits simplificateurs comme le colonialisme ou le capitalisme. Selon lui, ce sont les arts qui stimulent la sensibilité, la conscience et permettent de résister aux oppressions, rappelant le rôle de la créativité dans l’histoire des esclaves de la Martinique.​

L’auteur alerte sur le risque pour la société de s’enfermer dans des « petites réalités » forgées par des récits totalisants : « Tous les malheurs autour de nous proviennent d’un grand récit totalitaire verrouillant une réalité qui simplifie jusqu’à l’irréalisme l’impensable du réel ». Pour Chamoiseau, il faut s’extraire de ces carcans et valoriser les organismes narratifs qui reconnectent l’individu à la complexité du réel, à travers la beauté et la relation.​

Inspiré par Édouard Glissant, Chamoiseau défend une vision du « diversiel » plutôt que de l’universel. Cette pluralité doit permettre d’élargir les imaginaires et de réinventer les relations, tant individuelles que collectives. La beauté, pour lui, est la capacité de l’art à ouvrir de nouvelles perspectives et à bouleverser les normes établies : « La beauté est ce qui réinvente subitement le regard et relie un bref instant la conscience à la totalité des ombres et des forces lumineuses de l’esprit ».​

Patrick Chamoiseau conclut que lorsque la littérature semble impuissante face à l’urgence du monde, c’est alors qu’elle devient essentielle. Elle porte la puissance relationnelle capable de créer « une nouvelle donnée, un nouvel élan » et de donner « à chaque peuple une conscience créative » pour se recomposer continuellement et réhumaniser la société.