PERCHOIR DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE :Ultimes manœuvres pour liquider Moustapha Niasse

Des sources proches des cadres de l’Alliance pour la République (Apr), au pouvoir, sont catégoriques : des manœuvres sont en cours pour installer un responsable de ce parti au poste de président de l’Assemblée nationale ; ceci, au détriment de Moustapha Niasse, pour lequel le chef de l’Etat Macky Sall veut ce très stratégique et prépondérant fauteuil. Les instigateurs de l’opération ont, de sources sûres, pris langue avec les chefs de file de l’opposition parlementaire, particulièrement Serigne Mansour Sy Djamil, Serigne Modou Kara Mbacké et Me Elhadj Diouf, pour rallier ces derniers à leur cause. Une démarche en perspective d’une éventuelle radicalisation des élus de la coalition Benno Bokk Yakaar, issus des autres formations politiques.

Un pactole de près de 2 milliards en jeu

Les partisans de Macky opposés à la candidature de M. Niasse cherchent des soutiens pour que le perchoir revienne à leur parti. Car, poursuivent nos sources, pour la plupart des responsables de l’Apr, laisser la direction de l’Hémicycle à un allié, équivaudrait à se faire harakiri, politiquement : ce serait laisser à un potentiel adversaire un pactole annuel de 1 milliard 200 millions de francs Cfa et des fonds politiques estimés à 600 millions. Or, soutiennent les « mutins », cette manne financière doit être au service de la massification de leur parti. Ils sont, aussi, d’avis que l’heure doit être au renouvellement de la classe politique, sous le magistère de leur mentor. Et sous ce rapport, soulignent-ils, Niasse doit agir comme Ousmane Tanor Dieng, qui a annoncé qu’il va se retirer du Parlement, au profit d’un militant de son parti figurant sur la liste de la coalition Benno Bokk Yaakaar Élire Niasse, ce sera perdre le contrôle des institutions Ceux qui entendent torpiller la candidature du chef de l’Alliance des forces de progrès estiment que lui laisser le perchoir de la Chambre basse reviendrait à exposer celui du Sénat. Car, si Niasse passe, un autre allié pourrait bien réclamer la présidence de la Chambre haute, qui a presque les mêmes avantages que celle de patron de l’Hémicycle. Les responsables de l’Apr, qui veulent la place que leur leader destine à Niasse, soulignent également que si la volonté de Macky Sall se réalise, c’est leur formation politique qui va, à nouveau, perdre un poste stratégique. En effet, rappellent nos interlocuteurs, le Premier ministre Abdoul Mbaye n’est pas militant de leur parti. Et, avancent-ils, pour gouverner, il faut forcément contrôler les institutions décisives. « On ne peut pas laisser le fauteuil du potentiel remplaçant du président à un allié par obligation », souligne un de nos contacts.

Dimanche, jour de vérité

Les cadres hostiles à la candidature de M. Niasse poursuivent leurs agissements dans l’ombre. L’avenir politique de celui-ci ne tient plus qu’à un très mince fil : la rencontre que le président Macky Sall a prévu avec les députés, le dimanche prochain. Il cherchera à les convaincre d’élire son candidat. Mais, selon nos sources, la rencontre sera houleuse, parce que des élus de son parti vont lui opposer un refus « poli, mais catégorique ». C’est donc à se demander si l’ancien parlementaire Mamour Cissé a tort de parler de « gouvernement du bruit », au sujet des nouvelles autorités.



Source:Loffice.sn
Alioune Badara DIALLO