POUR UN FINANCEMENT PRODUCTIF AU-DELÀ DE LA DETTE

Invité de l'émission "Soir d'Infos" ce mardi 17 septembre 2025 sur TFM, le professeur Ameth Ndiaye, économiste à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, a livré sa vision des diaspora bonds en appelant à dépasser le simple financement de la dette publique.

Selon l'économiste, les diaspora bonds – ces obligations d'État destinées aux Sénégalais de l'extérieur avec des taux attractifs de 6,4% à 6,9% – ne doivent pas se limiter au financement des besoins budgétaires immédiats. "Il faut aller au-delà du financement de la dette et aller vers vraiment le financement productif", a-t-il souligné.

Le professeur Ndiaye propose une approche révolutionnaire : transformer la diaspora en actionnaire du développement national. "Au lieu de dire aux gens de la diaspora qu'on veut construire une autoroute de Touba au Fouta, vous créez une société, vous leur dites : vous participez, vous êtes actionnaire", illustre-t-il.

Cette vision offrirait selon lui un "triple gain" : contribuer au développement de leur terroir d'origine, participer au développement communautaire et générer des revenus en tant qu'actionnaires. L'économiste évoque plusieurs exemples concrets : financement d'hôpitaux privés, de fermes agricoles modernes employant les jeunes locaux, ou d'infrastructures routières.

Malgré ce potentiel estimé à 1500 milliards de francs CFA, Ameth Ndiaye reste réaliste. Les diaspora bonds ne peuvent remplacer les financements traditionnels multilatéraux, car même une mobilisation optimiste de 500 milliards reste modeste face aux besoins de financement de l'État évalués à plus de 5000 milliards pour 2025.

Le professeur insiste sur la dimension patriotique de cette initiative qui doit transcender les clivages politiques : "C'est une affaire de tous les Sénégalais. Celui qui participe aide la nation, n'aide pas Pastef mais aide le Sénégal."