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Papa Samba Diouf, porte-parole D’Auchan Sénégal: «Pas de licenciement parmi les 1700 employés»

Rédigé par leral.net le Samedi 13 Mars 2021 à 13:00 | | 0 commentaire(s)|

Principale cible des pilleurs lors des récentes manifestations à Dakar et dans les régions, Auchan a vu 19 de ses 34 magasins saccagés. Son porte-parole et responsable de la communication fait le point dans cet entretien. Il réaffirme l’engagement de la filiale française à préserver les emplois. Pouvez-vous nous faire le point des dégâts occasionnés […]

Principale cible des pilleurs lors des récentes manifestations à Dakar et dans les régions, Auchan a vu 19 de ses 34 magasins saccagés. Son porte-parole et responsable de la communication fait le point dans cet entretien. Il réaffirme l’engagement de la filiale française à préserver les emplois.

Pouvez-vous nous faire le point des dégâts occasionnés par le pillage des magasins Auchan au Sénégal lors des manifestations ?

Sur un parc de 34 magasins, 19 ont été saccagés, pillés et certains incendiés, dont 18 dans la région de Dakar et un dans la région de Thiès, en l’occurrence le grand magasin de Mbour.

Est-ce qu’on peut quantifier les pertes engendrées ?

Pour le moment, il serait très difficile et même prématuré de donner un chiffre. Là, nous avons comme priorité les 2R (réouverture et rénovation des magasins). Nous avons rouvert le magasin de Fann Résidence mardi, en plus de 14 autres magasins qui n’ont pas été pillés. Après, notre service technique va évaluer les dégâts, voir combien va nous coûter la restauration et évaluer le préjudice global.

Ces pertes sont-elles prises en compte par l’assurance ?

Normalement oui ! Nous avons une assurance, mais je ne connais pas les détails. Mais nous allons évaluer les pertes et déposer le dossier auprès de l’assureur.

En tant que Sénégalais, quel est le sentiment qui vous anime ?

Un sentiment de tristesse, parce que j’ai l’habitude de dire qu’Auchan est un patrimoine national dans la mesure où la société emploie plus de 1700 Sénégalais en Cdi (contrat à durée indéterminée), travaille avec plus de 1600 fournisseurs sénégalais évoluant dans des secteurs allant de l’agriculture à la pisciculture en passant par la floriculture… Donc, ce sont des produits sénégalais qu’on retrouve dans nos magasins. Sans compter ceux qui travaillent avec Auchan dans le secteur du nettoiement, de la sécurité… Tout cela fait des milliers d’emplois indirects. C’est une chaîne de valeur qu’on a créé au niveau national qui a été attaquée. À Auchan, vous ne verrez jamais un Blanc aux caisses ou dans les rayons. Tous les employés sont des Sénégalais, y compris les postes stratégiques. Je suis d’autant plus triste que ce sont des compatriotes, des Sénégalais bon teint, qui ont été agressés ce jour-là et ce sont nos valeurs religieuses de tolérance et de piété qui ont été piétinées.

Quel avenir pour ces 1700 employés ?

Il n’y aura pas de licenciement ni de chômage technique. Ils sont pour le moment réaffectés dans les magasins qui sont rouverts pour tourner avec les équipes. Au besoin, ils vont prêter main forte dans leurs magasins d’origine en attendant que ceux-ci soient rénovés. Nous espérons rénover et rouvrir tous les magasins le plus rapidement possible, parce qu’il y a le ramadan (mi-avril, ndlr) qui arrive bientôt et c’est la période de consommation par excellence des Sénégalais. Nous pouvons assurer aux consommateurs que les produits seront disponibles aux prix habituels et il n’y aura point de spéculations.

Donc il n’est pas question d’un retrait d’Auchan du Sénégal ? 

Pas pour le moment. Ce n’est pas à l’ordre du jour.

Et comment envisagez-vous l’avenir ? 

Prendre plus de dispositions en matière sécuritaire, mieux communiquer avec les populations afin de leur donner la bonne information. En effet, il y a eu beaucoup de quiproquo, beaucoup de choses qui ont été dites sur nous mais qui ne reflètent nullement la réalité.

Quelle est la contribution d’Auchan Sénégal au chiffre d’affaires du groupe ? 

Le groupe Auchan a réalisé un chiffre d’affaires de 32 milliards d’euros hors taxes au 31 décembre 2020 au niveau mondial. La contribution d’Auchan Sénégal ne représente que 0,01% de ce montant. Nous sommes toujours en phase d’investissement, tous les bénéfices sont réinjectés dans la construction de nouveaux magasins ou l’achat d’équipements.

Propos recueillis par Seydou KA

 

MAJDI YASSINE, CEO DE SAHAM ASSURANCES SÉNÉGAL :

Les dommages matériels pourraient atteindre 10 milliards de FCfa 

Peut-on estimer les dégâts matériels suite aux violentes manifestations de la semaine dernière ayant occasionné le saccage de plusieurs commerces et biens privés ? Nous avons donné la parole à un assureur, Majdi Yassine, Ceo de Saham Assurances Sénégal, pour apporter des éclairages.

Les violentes manifestations accompagnées de pillage de plusieurs magasins et stations-service peuvent avoir plusieurs impacts sur les plans social, économique, environnemental, sanitaire et politique. C’est pourquoi, il est difficile de chiffrer avec exactitude les dommages matériels causés. Toutefois, « avec quelques experts, nous nous accordons à l’estimer pour les entreprises et commerces du secteur privé aux environs de 10 milliards de FCfa, sans prendre en compte la perte d’exploitation du secteur privé », explique Majdi Yassine, Ceo de Saham Assurances Sénégal et président du pool d’assurance des risques pétroliers et gaziers du Sénégal. À titre de comparaison, les pertes engendrées par les manifestations des Gilets Jaunes en France, selon le rapport établi par des députés, se sont élevées à 1300 milliards de FCfa pour les centres commerciaux, 557 milliards de FCfa pour le secteur du tourisme et près de 20 milliards de FCfa pour les collectivités locales…

« Ces différents impacts cumulés peuvent détériorer le risque pays et le risque souverain », note M. Yassine. Il est donc nécessaire, ajoute-t-il, que des mesures pragmatiques soient prises sur la réduction du chômage, la maîtrise de l’inflation, l’optimisation des budgets publics, les conditions d’accès au crédit, de mobilisation de l’épargne public, le renforcement du système éducatif et de la formation professionnelle, l’allégement des impôts et taxes, le renforcement du plateau médical et des systèmes de prévoyance sociale.

Ces dégâts sont-ils couverts par l’assurance ? À en croire notre interlocuteur, les conséquences des dégâts matériels directs et indirects ainsi que les dommages corporels ne sont pas couverts au titre des assurances automobile, Multirisques habitation (Mrh), ou Multirisques professionnelles (Mrp), sauf si la garantie « Grèves, émeutes et mouvements populaires » ou acronyme Gemp ou encore la garantie « violences politiques » a été souscrite. Ce genre de risque est également couvert dans la plupart des contrats d’assurance de type « Tous risques sauf… ».

 « Si tel est le cas, il appartient à l’assuré de se rapprocher de la compagnie d’assurance ou de son conseil afin d’étudier la mise en œuvre de la garantie », indique M. Yassine.

Seydou KA

 

GRÈVES, ÉMEUTES ET MOUVEMENTS POPULAIRES

Ces risques émergents atypiques

L’assureur Majdi Yassine, Ceo de Saham Assurances Sénégal, explique les risques émergents appelés dans le langage des assureurs risques liés aux « Grèves, émeutes et mouvements populaires » (Gemp). 

Le risque de grèves, émeutes et mouvements populaires ou Gemp ne s’applique pas de façon systématique. « Cela dépend du besoin exprimé par l’assuré, la quasi-totalité des cas pour lesquels nous sommes consultés pour couvrir le risque Gemp le sont en complément des contrats d’assurance incendie ou Mrp, mais pas pour couvrir les conséquences de Gemp sur le risque automobile ou habitation », renseigne ce dernier. Pour lui, le risque Gemp est un risque « atypique et émergent ». Atypique, car « on sait qu’il existe, mais on n’est toujours pas surpris de le voir surgir (Cygne Noir) », et émergent car l’augmentation de sa fréquence est devenue quelque peu liée et soutenue par le développement des moyens de communication. L’approche qu’utilisent les compagnies d’assurance au niveau privé est de suivre les critères définis par le diagramme de Pestel au nombre de six. Premièrement, la politique : ensemble des décisions prises par les gouvernements nationaux et des instances internationales (comme les décisions de la Cedeao, Bceao…) qui fixent de nouvelles règles du jeu. Deuxièmement, l’économie : état de santé macro-économique (taux de croissance, confiance des consommateurs, inflation…) qui crée des tendances de fond en matière de niveau de consommation. Troisièmement, le social : évolution de la population et de ses caractéristiques (démographie, pyramide des âges, nouveaux comportements socioculturels…) générant, entre autres, de nouveaux comportements d’achat. Quatrièmement, la technologie : les avancées et innovations technologiques qui permettent notamment la circulation rapide de l’information et à tous les paliers sociaux d’un pays suivant le degré d’accessibilité du net. Cinquièmement, l’écologie : les réglementations et contraintes écologiques, les nouvelles normes édictées par les positions prises en matière de développement durable. Enfin, sixièmement, la législation : évolution du cadre réglementaire et législatif (indépendance de la justice, droit du travail, droit du commerce, évolution des taxes…). À cela s’ajoutent des impacts de tout ordre pouvant créer des charges supplémentaires, des lourdeurs administratives, des accès restreints à certains marchés, etc. S. KA



Source : http://lesoleil.sn/papa-samba-diouf-de-auchan-sene...