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Pêche artisanale I Adopter un nouveau mode de gestion ou périr : Des chercheurs tirent la sonnette d’alarme sur l’avenir du secteur

« Les pêches artisanales sénégalaises vont-elles disparaître ? » C’est le cri d’alerte lancé par deux chercheurs, Dr. Jacques Quensière et Samba Tounkara, dans un article récemment publié dans la base documentaire de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et relayé par "L’As". Ils y décrivent une crise profonde qui secoue le secteur, notamment sous l’effet des changements climatiques et de la surexploitation des ressources halieutiques.


Rédigé par leral.net le Jeudi 12 Juin 2025 à 09:32 | | 0 commentaire(s)|

Profitant de la tenue à Nice de la 3e Conférence des Nations unies sur l’Océan (UNOC 3), les deux chercheurs – l’un, Directeur de recherche retraité de l’IRD, l’autre, ingénieur agronome diplômé de Rennes – plaident pour une mobilisation urgente en faveur de cette activité vitale pour le Sénégal. Ils rappellent que les pêches artisanales représentent près de 600 000 emplois et environ 44 % de la valeur ajoutée nationale, selon les chiffres de l’ANSD (2022).

Dans leur analyse, ces spécialistes mettent en lumière l’absence de gestion nationale efficace, qui a plongé les pêcheries artisanales dans une concurrence directe et déloyale avec les pêches industrielles étrangères. Résultat : une surexploitation généralisée des ressources, y compris des espèces les moins prisées, créant une pénurie qui met en péril non seulement les pêcheurs artisans, mais aussi la souveraineté alimentaire du pays.

Pour Dr. Quensière et Samba Tounkara, cette situation n’est pas irréversible. Ils proposent une série de mesures concrètes et urgentes : proscrire les pêches industrielles dans les zones côtières exploitées par les artisans, confier aux communautés de pêcheurs, la gestion intégrale de ces espaces et leur fournir les moyens techniques, financiers et humains nécessaires. Ils insistent aussi sur la nécessité de reconnaître officiellement, la compétence du monde de la pêche artisanale, à travers un contrat clair avec l’État.

Par ailleurs, ils dénoncent l’impéritie des structures administratives, incapables, selon eux, de produire des statistiques fiables ou de faire appel aux compétences locales, notamment celles du Centre de recherches océanographiques de Dakar-Thiaroye (CRODT). « Qui mieux que les pêcheurs eux-mêmes, peut définir des règles adaptées et durables pour protéger les ressources ? », s’interrogent-ils dans leur publication.

Enfin, ils estiment que ces réformes doivent aller de pair avec la formalisation du secteur, par le biais de l’immatriculation, l’octroi de permis de pêche, l’embarquement d’observateurs et la participation financière aux efforts de gestion.

En définitive, Dr. Jacques Quensière et Samba Tounkara appellent les autorités sénégalaises et les institutions internationales, à agir vite et fort. La survie d’un secteur stratégique pour l’économie et la sécurité alimentaire est en jeu.