Pour pérenniser la Couverture maladie universelle, la rendre obligatoire et organiser sa mise en œuvre, un projet de loi est en cours d’élaboration, renseigne le conseiller juridique de l’agence de la Cmu. La mouture, déjà produite, sera bientôt soumise au Conseil des ministres avant son adoption par les députés.
Initiée par le Chef de l’Etat, Macky Sall, et lancée en 2013, la Couverture maladie universelle (Cmu), visant à faciliter l’accès aux soins aux Sénégalais ne disposant pas d’une assurance maladie, sera bientôt dotée d’une loi.
L’information a été donnée lors de l’ « Atelier de partage des enjeux et orientations de la Cmu avec les journalistes » (Saly, 25-26 janvier 2018) organisé par l’Agence de la Couverture maladie universelle (ACmu). « Une mouture très avancée est produite. Le texte est à la Primature, il sera bientôt envoyé au Conseil des ministres.
Et on espère que le projet sera à l’Assemblée nationale dans un semestre pour son adoption », a révélé Mamadou Selly Ly, conseiller juridique et partenariat de l'ACmu. Selon lui, ce projet vise à « pérenniser la Cmu », « à rendre effectif le droit à la Cmu » et à « organiser la mise en œuvre » de cette initiative, visant à enrôler le maximum de ménages afin d’alléger le fardeau des dépenses de santé qui grèvent beaucoup leur budget.
Car, a souligné M. Sy, « sans l'ACmu, 6.744.721 personnes devraient perdre leur couverture ». Pour cette raison, « la loi va rendre la Cmu obligatoire. Ainsi, toute personne résidant au Sénégal devra adhérer ». Il a informé également que cette loi va préciser la participation des collectivités territoriales, l’agrément des prestataires, le contrôle médical, le Fonds de garantie, la pénalisation… Des aspects importants justifiant la nécessité de légiférer pour une meilleure gestion du programme. Surtout que l'ACmu fait face à de nombreux défis dont des cas de fraudes qui, à la longue, peuvent saper son fonctionnement et, globalement, la prise en charge adéquate des personnes à qui cette initiative est dédiée.
Pour le moment, même si des « mesures coercitives » existent, le Dr Bocar Mamadou Daff, directeur de l'ACmu, a déclaré ne pas les appliquer pour punir les cas de fraude. Et pour cause : « Nous sommes en train d’asseoir quelque chose. Nous allons sensibiliser les populations, les prestataires, les consommateurs et nous espérons pouvoir les réduire dans un avenir proche », a-t-il justifié. En attendant, un Système informatique de gestion intégrée de la Cmu (SigiCmu) est en train d’être mis en place afin d’identifier, avec exactitude, les bénéficiaires, les prestations, etc.
Pour Mouhamed Mahi Sy, « Le SigiCmu n’est rien d’autre qu’un système de facturation ». Les structures sanitaires agréées doivent juste utiliser ce système de facturation pour la Cmu, a-t-il clarifié, invitant aussi à une collaboration entre les Ipm (Institutions de prévoyance maladie) qui s’occupent de l’assurance-maladie des entreprises du secteur privé et parapublic, la Fonction publique (pour les agents de l’Etat) et l’ACmu. L’objectif étant d’élargir la protection sociale à travers les mutuelles de santé, qui jouent un rôle central dans l’enrôlement des populations qui ne disposent d’aucune couverture sociale dans la Cmu.
Maïmouna GUEYE (Le Soleil)