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Personnes déficientes visuelles au Sénégal: L'AAPIJAS réaffirme son engagement en faveur de l’éducation, de l’inclusion et de l’amélioration des conditions de vie

En cette Journée Internationale des Personnes Handicapées, l'Association des Anciens Pensionnaires de l’Institut des Jeunes Aveugles du Sénégal (AAPIJAS), réaffirme son engagement en faveur de l’éducation, de l’inclusion et de l’amélioration des conditions de vie des personnes déficientes visuelles au Sénégal. Elle salue l’initiative du Sénégal qui, au-delà de cette journée mondiale, consacre une Semaine du Handicap, afin de renforcer la sensibilisation et les actions en faveur des personnes en situation de handicap.


Rédigé par leral.net le Lundi 9 Décembre 2024 à 15:26 | | 0 commentaire(s)|

À cette occasion, l’Association souhaite partager plusieurs points essentiels qui nécessitent l’attention et l’action des nouvelles autorités politiques. « Notre association et nos membres de l’AAPIJAS regroupe d’anciens élèves de l’Institut National d’Éducation et de Formation des Jeunes Aveugles (INEFJA), un établissement qui a joué un rôle central dans notre éducation et notre inclusion sociale. Aujourd’hui, nos membres évoluent dans divers domaines professionnels et contribuent, chacun à sa manière, au développement de la société sénégalaise.

Cependant, une majorité rencontre encore des défis dans l’accès à l’emploi et, à des opportunités équitables. En tant qu’association, nous sommes déterminés à promouvoir leurs réussites, à plaider pour une meilleure inclusion et à soutenir ceux qui continuent de faire face à des obstacles 
», a révélé le Président de l’AAPIJAS.

 
Le rôle central de l’INEFJA et les défis éducatifs dans l'enseignement supérieur

L’Institut National d’Éducation et de Formation des Jeunes Aveugles (INEFJA) demeure une institution fondamentale dans l’éducation des aveugles au Sénégal. En proposant des apprentissages adaptés, notamment le braille et les technologies d’assistance, il offre aux jeunes déficients visuels une opportunité unique de construire leur avenir. Cependant, cet établissement fait face à des défis majeurs : Une demande largement supérieure à sa capacité d’accueil. Ce qui prive de nombreux élèves de leur droit à l’éducation, pourtant consacré par la Constitution en son article 22C et les condamne à une mendicité certaine. Des ressources humaines et matérielles limitées, ce qui se traduit par une qualité de service insuffisante offerte à des jeunes, dont le choix d'avenir est restreint. Ces limites, combinées à l’absence d’institutions similaires dans d’autres régions du Sénégal, caractérisent un retard déplorable dans la prise en charge des jeunes aveugles sénégalais.

 L’enseignement supérieur, une urgence à l’UCAD

L'Université Cheikh Anta Diop (UCAD) accueille presque tous les étudiants déficients visuels du Sénégal. En août 2024, leur nombre atteint 22 et 11 nouveaux bacheliers sont attendus pour la rentrée 2024-2025. Cette concentration, bien que nécessaire, met en évidence des lacunes criantes dans les dispositifs de soutien et les infrastructures adaptés. L’accompagnement pédagogique repose sur une seule personne, aujourd’hui retraitée, avec des moyens limités. Ce soutien est insuffisant pour répondre aux besoins spécifiques d’un groupe en augmentation constante.

La bibliothèque universitaire ne dispose ni de livres en braille ni d’ouvrages en gros caractères, excluant les étudiants aveugles d’un accès équitable au savoir. De plus, l’absence d’une salle dédiée, les prive d’un environnement calme et adapté à leurs besoins spécifiques.

Par ailleurs, la transcription des documents pédagogiques en braille accuse souvent des retards, en raison du manque de personnel et de matériel adapté. Les étudiants doivent également faire face à des coûts prohibitifs pour le papier braille, imposant une charge disproportionnée à ceux issus de familles modestes.

Des solutions urgentes pour l’inclusion

L'AAPIJAS intervient depuis plus de 20 ans, dans la promotion et l'éducation des personnes en situation de handicap. « Nous continuons à œuvrer dans l'intérêt de nos semblables et à faire entendre leur voix. Dans le cadre de notre mission de conseil auprès des acteurs publics, nous invitons le ministère de l’Enseignement supérieur, à considérer les points suivants : Il est impératif de créer une salle dédiée à l’UCAD, équipée d’ordinateurs adaptés, de télé agrandisseurs et d’une imprimante braille fonctionnelle. Cet espace permettrait aux étudiants déficients visuels, de travailler dans de meilleures conditions et de réduire les retards liés à la transcription », a-t-il plaidé.

Le recrutement de nouveaux accompagnants est également crucial pour garantir un soutien pédagogique efficace. Ce personnel devra être formé aux spécificités de la transcription, notamment en braille arabe, pour répondre aux besoins variés des étudiants. Enfin, le ministère de l’Enseignement supérieur doit garantir l’accès gratuit au papier braille et aux équipements adaptés. Ces ressources sont essentielles pour permettre à ces étudiants de poursuivre leurs études, dans des conditions équitables.

 Pour une meilleure répartition des ressources

L'UCAD étant actuellement la seule institution accueillant des étudiants déficients visuels, il est urgent de créer des structures similaires dans d’autres universités sénégalaises. Cela permettrait de désengorger l’UCAD et d’offrir un soutien plus personnalisé aux étudiants. Ainsi, les défis auxquels sont confrontés les étudiants déficients visuels au Sénégal, sont révélateurs des inégalités persistantes dans le système éducatif. L’amélioration des conditions à l’UCAD, ainsi que la création de nouvelles structures spécialisées dans l’enseignement par la méthode Braille, dans toutes les régions du Sénégal, sont des étapes indispensables pour bâtir une société plus inclusive et équitable.

 « Nous lançons un appel aux autorités publiques, aux partenaires techniques et financiers et à toutes les parties prenantes, pour agir dès maintenant. Ensemble, nous pouvons garantir à chaque élève et à chaque étudiant déficient visuel, les conditions nécessaires pour réussir et contribuer pleinement au développement de notre nation », insiste-t-il.

 
Fait à Lyon, le 3 décembre 2024

Cheikh Saadbou Mboup,
Président de l’Association des Anciens Pensionnaires de l’Institut des Jeunes Aveugles du Sénégal (AAPIJAS)
https://www.aapijas.org/ contact@aapijas.org

Ousseynou Wade