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Politique ou politicienne-rie ? Le Sénégal à l’épreuve du pouvoir Par Dénango Sarré Maïssa Gaye

Depuis plusieurs décennies, le Sénégal alterne entre espoirs citoyens et désillusions politiques. À chaque élection, les discours promettent la rupture, l’éthique, la justice sociale. Mais trop souvent, les pratiques reviennent aux mêmes travers : clientélisme, calculs personnels, manipulations institutionnelles. Résultat : une défiance croissante entre les gouvernants et les gouvernés et une urgence à réconcilier les Sénégalais avec une politique digne de ce nom. La distinction entre politique et politicienne-rie devient donc, essentielle.


Rédigé par leral.net le Mercredi 16 Juillet 2025 à 11:03 | | 0 commentaire(s)|

Et aujourd’hui, à l’aube d’un nouveau cycle politique avec l’arrivée au pouvoir du Président Bassirou Diomaye Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko, cette distinction prend tout son sens.

Sonko : de l’opposition radicale à la gouvernance exigeante

Ousmane Sonko n’est pas un politicien traditionnel. Dès ses débuts, il a construit son discours autour d’un rejet clair de la « vieille classe politique », dénonçant la corruption, l’endettement excessif, l’aliénation économique et l’instrumentalisation des institutions.

En tant qu’opposant, il a su mobiliser une large frange de la jeunesse, frustrée par un système fermé et perçu comme injuste. Il a posé les jalons d’un nouveau récit politique : souveraineté nationale, justice sociale, réforme institutionnelle, revalorisation des ressources locales. Son langage tranchant, sa posture de rupture et sa capacité à parler aux laissés-pour-compte, lui ont valu une adhésion massive, mais aussi des critiques sur le ton parfois clivant.

Aujourd’hui Premier ministre, Sonko se trouve face à un tournant historique. Il n’est plus seulement dans la dénonciation, mais dans la construction. Et force est de constater qu’il a engagé plusieurs signaux forts en peu de temps : Publication des rapports d’audits et engagement en faveur de la transparence ; Lutte contre la surfacturation et la corruption ; Discours clair sur la souveraineté économique, notamment dans le secteur des hydrocarbures et des télécommunications ; Réaffirmation du rôle régulateur de l’État, tout en promettant de restaurer les libertés et la dignité des institutions.

Ces actes marquent une volonté réelle de traduire un projet politique en actes concrets. Mais ils doivent s’inscrire dans la durée et résister aux pièges classiques du pouvoir.

Politique : une vision. Politicienne-rie : une posture.

Le Sénégal a besoin d’hommes et de femmes d’État, capables de penser à 20 ans et plus, pas seulement aux prochaines élections. La politique, au sens noble, c’est cela : concevoir, planifier, structurer, discuter, mobiliser. La politicienne-rie, elle, se contente de manœuvres, de stratégies de survie, de récupération et d’apparences. La nouvelle équipe au pouvoir sera jugée non seulement sur ses discours de rupture, mais sur sa capacité à instituer un nouvel ordre politique, fondé sur la méritocratie, la compétence, l’honnêteté et la redevabilité. Le pouvoir ne doit pas être un lieu de revanche, mais une opportunité pour élever le pays.

CRDP 50 : penser autrement le pouvoir

C’est dans ce contexte que des espaces comme le Cadre de Réflexions Démocratiques et Patriotiques (CRDP 50), doivent jouer un rôle stratégique. En tant que laboratoire d’idées, il peut accompagner cette transition, en produisant de la pensée critique, en formant les citoyens, en posant les vraies questions : Comment garantir une souveraineté effective dans un monde globalisé ?

Comment institutionnaliser la transparence et la reddition des comptes ?

Comment éviter que la révolution ne se transforme en routine bureaucratique ?

Le moment de vérité

Le Sénégal vit une expérience politique rare. Un projet venu des marges du système, a accédé au sommet de l’État. Il ne s’agit plus de promettre, mais de démontrer. La rupture ne se décrète pas, elle se construit jour après jour, à travers des actes cohérents, une exemplarité constante et un respect profond des principes républicains.

Entre la politique de fond et la politicienne-rie de façade, le choix est désormais clair. Et c’est maintenant que se joue la crédibilité du changement.

15 Juillet 2025






Par Dénango Sarré Maïssa Gaye