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Pourquoi Macky et Niasse décident-ils de faire mourir leur coalition respective ?

Moustapha Niasse a bien œuvré à la mort de Bennoo Siggil Senegaal (BSS), une coalition qui l’a pourtant soutenu au premier tour de la présidentielle. Macky 2012 vient de recevoir un coup de grâce de la part du Président de la République qu’il a réussi à porter au pouvoir.


Rédigé par leral.net le Samedi 10 Août 2013 à 15:53 | | 1 commentaire(s)|

Pourquoi Macky et Niasse décident-ils de faire mourir leur coalition respective ?
Il y a lieu de s’interroger sur les vraies motivations et sur l’attitude des deux premières personnalités de l’Etat à vouloir se débarrasser de leurs soutiens.
La coalition Bennoo Siggil Senegaal a été tellement fragilisée qu’elle renonce définitivement au combat de « principe » enclenché depuis novembre 2008 contre la réduction du mandat du Président de l’Assemblée nationale. La conférence des leaders de BSS soutenait dans une déclaration en date du 05 juin 2013 : « il s’agit là d’un des legs de la gestion politicienne de Wade qui, pour soustraire son fils au contrôle de l’Assemblée nationale et se défaire de Macky Sall, a dû tordre le cou à la Constitution et au Règlement Intérieur de l’Assemblée Nationale. Sa correction est donc de principe et ne saurait être source de divergence entre alliés au sein de Bennoo Bokk Yaakaar.»
Aujourd’hui, ces leaders de BSS ont baissé les bras, leurs agissements sont dictés par l’instinct de Moustapha Niasse pour qui rien ne semble plus compter si ce n’est la préservation de sa position de numéro 2 de l’Etat. Comme s’il tenait en cette station l’occasion de prendre sa revanche sur ses frères socialistes. Pourvu qu’il termine son mandat !
Et le Président Macky Sall de tirer sur sa propre coalition et de vouloir tout réduire à néant, y compris l’Assemblée nationale puisqu’il vient d’en désigner publiquement, devant ses hôtes de la presse et le peuple, « son » Président.
Désormais, la vertu et l’éthique s’éloignent de la sphère de la gouvernance. Ainsi s’exprime la VOLONTE DE PUISSANCE et s’installe la menace du LEVIATHAN.
Non sans louer les vertus de la Loi Sada NDIAYE. Le nouveau Prince affirme que cette loi, en fixant la durée du mandat du Président de l’Assemblée à un an renouvelable, est un gage de stabilité institutionnelle. Or les Sénégalais de tous bords s’étaient indignés d’une telle forfaiture. Il ne fut évoqué à l’époque une quelconque vertu que pût enseigner cette loi. Et toute une stratégie de victimisation fut déroulée à la suite de la démission du Président Macky SALL de l’Assemblée nationale. Sans nul doute, cela eut été déterminant dans son élection à la Magistrature suprême. On se souvient encore qu'il a été soutenu et élu en « victime » de cette loi scélérate. N'est-ce pas donc un RENIEMENT?
Aussi sommes-nous surpris et étonnés de voir que la presse ait passé sous silence cet extraordinaire reniement de Macky SALL sur la loi Sada Ndiaye alors que c'est devant un parterre de journalistes que les propos incriminés ont été tenus par le Président. Ce mutisme sur une question aussi centrale pourrait-il être disculpé par le méchoui servi au « ndogou » et dont parlait Sa Ndiogou.
Au vu de tout ce qui précède, il y a vraiment lieu de se demander quel fut alors le péché de WADE ?
Somme toute, les deux volontés coïncident : se débarrasser d’alliés insignifiants et trop encombrants. Quel devrait être le mobile du crime ?
utiliser la force de leur position pour faire peur à leur entourage (surtout les guetteurs de privilèges et autres avantages) ;

asseoir lentement et avec ruse leur dessein en nouant une nouvelle alliance afin de masquer leurs faiblesses (les mêmes que leurs prédécesseurs avaient comblées par la transhumance politique) ;

changer les rapports de force dans la perspective des futures échéances électorales.
Le Premier Ministre Moustapha Niasse n’avait-il pas refusé d’avaliser un tel pacte - condition de son maintien à la tête du gouvernement de Wade - ?
En définitive, même s’ils ont adopté des démarches différentes, ni Macky ni Niasse ne rassurent à propos de leur volonté et attachement à défendre des principes fondamentaux d’un l’Etat de droit.
L’un, opta pour la démission sans doute pour éviter l’humiliation. Ainsi choisit-il selon ses propres termes de ne plus supporter « les agissements de bas niveau et renia toutes les fonctions obtenues sous les couleurs du parti démocratique sénégalais. » Il déclara : « le pays prime sur tout et est au dessus de tous les intérêts partisans … et l’engagement politique peut bien s’accommoder avec l’éthique, la morale et le respect de la loi au service de son pays. »
Quant à l’autre, il préfère cette fois-ci s’accrocher à son fauteuil sous prétexte qu’il jouit toujours de la loyauté et de la confiance du Prince. Plus grave encore, il a récemment fait une sortie inhabituelle, discourtoise et désobligeante pour sa fonction et ses collègues en déclarant qu’il ne votera pas la proposition de loi relative au mandat du Président de l’Assemblée.
Comme si les hautes luttes menées par les forces politiques et citoyennes pour le renforcement de notre système démocratique étaient devenus vaines.
Mais ici le pire est que nous sommes pris en otage par une vielle classe politique qui refuse de tirer les leçons de son échec. Des hommes politiques, qui hier ne prétendaient à rien d’autre si ce n’est la Magistrature Suprême, acceptent présentement d’occuper des positions moins certaines. Faute d’une véritable perspective d’application de la charte de gouvernance démocratique des Assises nationales, leurs prérogatives y demeurent inconsistantes.
Ou bien devrions-nous nous satisfaire des futures conclusions de travaux de la Commission Nationale pour la Réforme des Institutions (CNRI) qui seront soumises à « l’appréciation du Président de la République » Macky dixit ; une manière assurément d’en réduire, à la suite de certains de ses lieutenants, la portée.
Comme si ne servaient à rien les conclusions pertinentes des Assises nationales et les nombreux efforts consentis durant cette dernière décennie.
En tout état de cause, nous attendons avec impatience le parachèvement des réformes institutionnelles qui garantisse une véritable séparation des pouvoirs et le début de la rupture.
N’est-ce pas venu le temps, pour les démocrates, en particulier ceux de la génération de l’après-indépendance, de faire face, de veiller à toutes dérives, de proposer mieux et d’exiger plus.


Par Ndiaga SYLLA
diekamsylla@gmail.com

( Les News )


1.Posté par Waltako le 10/08/2013 17:20 | Alerter
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Même si je ne suis pas d'accord sur la pertinence et l'opportunité des reformes institutionnelles, il n'en demeure pas moins vrai que la marche de notre démocratie requiert, pour la qualité du débat public, des contributions comme celle-ci, fondée sur des convictions profondes, lucides et expertes. Merci Monsieur Ndiaga Sylla

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