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Procès Mansour Cissé, responsable local de Pastef : Le maire Cheikh Issa Sall lave l’affront d’une «sonkorisation» à la barre du tribunal de Mbour

C’est un avis qui a valeur de mise en garde ! Le maire de Mbour Cheikh Issa Sall est foncièrement allergique à la « sonkorisation ». Ceux qui en doutaient encore, pourront s’en convaincre par la mésaventure que vit en ce moment le nommé Mansour Cissé, responsable de son état de la section communale de la JPS, la branche des jeunes de Pastef. Après avoir été « sonkorisé » le 31 décembre dernier, devant ses militants, par une horde de jeunes, l’édile de la commune, pour laver l’affront, a fait arrêter celui qu’il considère comme l’instigateur de cette humiliation.


Rédigé par leral.net le Jeudi 18 Janvier 2024 à 10:13 | | 0 commentaire(s)|

Accusé de destruction de biens publics, l’enseignant a été attrait hier mardi à la barre du TGI de Mbour, devant son accusateur. L’affaire renvoyée sur la demande de l’avocat de la partie civile, s’est prolongée toutefois dans la rue, où des partisans du maire sont accusés d’avoir molesté un jeune activiste de la commune.

La « sonkorisation » en vogue depuis l’année dernière, serait-elle devenue un délit ? Le procès qui s’est ouvert hier au Tribunal de Grande Instance de Mbour et opposant le nommé Mansour Cissé au maire de la ville Cheikh Issa Sall, incite à répondre par l’affirmative à cette question.

Officiellement, le prévenu est attrait à la barre pour « destruction de biens publics ». Mais, en réalité, son arrestation procéderait plutôt d’une banale affaire de « sonkorisation », qui remonte à la nuit du 31 décembre dernier, lorsque l’édile de la commune — un ponte de la majorité présidentielle —, avait été copieusement hué aux cris de « Sonko ! Sonko ! » à l’occasion du spectacle de fin d’année offert par le Conseil municipal, sur l’esplanade du stade Caroline Faye.

Cheikh Issa Sall, alors vexé par cette « surprise » que lui avaient réservée des jeunes anonymes, lorsqu’il avait commis l’erreur de prononcer le nom du candidat de Benno, Amadou Bâ, avait répliqué en « amadouant » la foule, rétorquant que c’est la démocratie qui fonctionne ainsi.

Mais, apparemment, cette humiliation était restée en travers de la gorge de « l’ami » d'Ousmane Sonko, qui est allé dès le lendemain, déposer une plainte contre Mansour Cissé, qui, selon lui, avait déjà la veille de ce spectacle, appelé les jeunes à perturber l’évènement.

C’est ainsi que Mansour Cissé a été interpellé le lundi 8 janvier dernier, suite à une plainte déposée à son encontre par le maire Cheikh Issa Sall, pour « destruction de biens publics ».

Son arrestation a été même différée car, une semaine auparavant, les policiers s’étaient présentés dans son lieu de service pour lui remettre une convocation. Ils avaient rencontré discrètement le Principal du CEM à cet effet, mais l’affaire avait été ébruitée par le concerné lui-même qui, via un réseau social, avait signifié qu’il ne comptait aucunement s’inscrire dans une posture d’apaisement, surtout pas présenter une quelconque excuse à son accusateur. Il disait attendre de pied ferme Cheikh Issa Sall, estimant qu’il n’était en rien responsable de ce dont on l’accusait.

Hier, à la barre du TGI de Mbour, les deux parties ont soldé leurs comptes sur fond de relations conflictuelles, entre les militants de Pastef et le maire, coordinateur communal de l’Apr. A l’occasion, les deux camps qui avaient pris d’assaut la salle des audiences, se sont donnés en spectacle.

Les deux protagonistes qui étaient présents, étaient assistés parleurs avocats, Me El Hadj Diouf pour le maire et son confrère Abdoulaye Tall, pour l’enseignant Mansour Cissé. Dès l’entame de l'audience, Me El Hadj Diouf a demandé le renvoi afin que le tribunal lui permette de mieux s’imprégner du dossier puisque, a-t-il prétendu, il venait de le recevoir.

Voulant à tout prix que l’affaire soit jugée, Maitre Abdoulaye Tall, lui, a insisté pour que l’affaire soit retenue et jugée séance tenante. Au finish, le président du tribunal a décidé de renvoyer l’audience à mardi prochain

Voulant tirer son client des liens de la détention, Me Tall a demandé une liberté provisoire. «Mon client est un enseignant et sa détention a causé un préjudice à ses élèves qui, du reste, sont des fils de Mbour. Il est domicilié dans la ville et, est père de deux enfants, donc il présente toutes les garanties de représentativité », a-t-il plaidé.

Dans son réquisitoire, le procureur Camara a soutenu que la détention du prévenu en prison, est avant tout un moyen pour éviter un trouble à l’ordre public, puisque, argue-t-il, le prévenu est un coutumier des faits. «Le prévenu doit rester dans les liens de la détention puisqu’il est habitué à commettre des actes de nature à troubler l’ordre public », a soutenu le maître des poursuites.

Dans une salle archicomble, prise d’assaut par les militants des deux camps, le président du tribunal a dû user d’une main de fer pour maintenir l’ordre, surtout lorsque Me El Hadji Diouf a traité le prévenu de délinquant. «Maître, ne faites pas de préjugé, c’est un prévenu. Limitez-vous à cela», lui a signifié le président de séance.

Après que le président a rejeté la demande de liberté provisoire, la salle s’est vidée. Les deux camps se sont retrouvés en dehors du tribunal, sous le regard des policiers qui étaient à bord de deux bus.

Il n’empêche, les membres de Pastef qui s’étaient déplacés massivement, se sont frottés aux partisans du maire, ce qui a créé un embouteillage sur la route nationale. D’ailleurs, Bakary Diémé, coordonnateur du mouvement d’activistes «Mbour Justice», a été attaqué par des personnes supposées proches du maire de la capitale de la Petite côte. A l’en croire, c’est le frère du maire et ses acolytes qui l’ont agressé.