Samba Sine dit « Kouthia » a été consacré mercredi meilleur humoriste d’Afrique lors de la 27ème édition du Fespaco. Il fait rire, scotche et marque sa présence malgré les années qui passent. Qu’on l’aime ou pas, qu’on l’apprécie ou non, Kouthia compte dans la sphère publique. Voici, mis en avant, des raisons qui poussent, tout le monde à suivre Kouthia.
La gestuelle particulière de Kouthia, comme un stimulant magique sur les spectateurs : saisit, transporte, détonne, à tel point que nombreux se confondent dans une clappe de fou rire et peu parviennent à résister. Les différents personnages qui ont la «malchance» de se retrouver dans son viseur, se voient alors peints sous différentes facettes. Les voici qui dansent dans une chorégraphie aussi improbable que drôle. Pour mettre un peu plus d’appoint, Samba Sine ne se fait guère prier à scander le nom de ses bourreaux. L’ancien Premier ministre, Mimi Touré en a fait les frais. «Mimi, gui gneuw, Mimi migui gneuw » (Mimi arrive), cette mimique a longtemps été chantonnée durant l’élection locale de 2014. Une manière peut-être de tourner en dérision la candidate d’alors à la mairie de Grand Yoff, qui, en définitive a fortement contribué à la promouvoir jusque dans les bouches les plus innocentes. Car, il faut le relever, Kouthia est suivi par toutes les franges d’âges. Les plus petits comme les plus grands s’y retrouvent. Chez un Kouthia, déterminé à se donner à fond, chaque mouvement, chaque intention sont sources de rire voire d’esclaffes. Kouthia à lui seul constitue un personnage. Quels sont donc les secrets de cet esprit du rire, constamment présent sur nos écrans qui, paradoxalement, demeure de plus en plus présent, malgré les années qui passent ? Chaque diffusion de son émission continue à attirer des téléspectateurs fascinés qui ne se lassent pas de le voir exceller dans son mimique, à travers une interprétation certes drôle mais peu souvent fidèle de ses personnages, précieusement choisis. C’est vrai que Kouthia leur fait parfois des infidélités! Karim Wade, fils de l’ancien Président de la République du Sénégal, Abdoulaye Wade a longtemps égayé ses prestations. Un choix opéré sur sa personne, alors qu’il était en procès devant la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Un personnage qu’il a vite délaissé dès que celui-ci a recouvré la liberté. C’est donc au gré de l’actualité qu’il choisit ses personnages.
Persévérance
A ses débuts, Kouthia était un comédien décrié et parfois méprisé par une certaine frange de sa corporation. Ces gens-là le trouvaient antipathique et lui reprochaient de se montrer plus amateur qu’artistique. Il était surtout perçu comme un imitateur, ou rapporteur de contes drôles. A force de travail, et peut-être de persévérance acharnée, Kouthia s’est fait un sillon dans son domaine. Aujourd’hui, il jouit d’une marque de fabrique, qui lui est typiquement personnelle. La particularité a peut-être fini par payer. «J’ai une immense admiration pour lui. Il n’est pas seulement un clown, mais une des sources d’apaisement et de réconfort social, l’un des plus grands fournisseurs de détente que compte présentement notre pays, car il est d’une sincérité absolue, dans ses prestations », relève un vieux briscard de la comédie sénégalaise, non sans renseigner sur le scepticisme qui a toujours caractérisé son jugement envers Kouthia, au tout début de sa carrière.
Des aptitudes innées
Les aptitudes de Kouthia à faire rire sont à tout bonnement dire innées. Ce sont souvent des choses qui ne s’apprennent pas mais que l’on prend juste la peine d’améliorer: on l’a ou on ne l’a pas. Samba Sine l’a. C’est un don qui perce qui se bonifie au fil du temps, des circonstances et parfois des interprétations. Avec lui, on ne s’ennuie jamais. Le charme du métier de comédien est qu’il faut «prendre des risques». Kouthia s’adonne à la même ardeur depuis des années déjà. Il ne cherche pas à se focaliser et ne s’érige point de frontières. Le voici tantôt en train d’interpréter le rôle d’un ministre de la République, d’une mamie, d’une épouse en détresse ou d’un prisonnier, c’est selon. Il n’a décidément pas de focalisation sur ses personnages. Il dispose d’une technique variée qu’il met au service de ses différents rôles. Quand on se présente devant un public abonné à l’interprétation décontractée de l’actualité, il est recommandé d’être bon partout. Kouthia l’a si bien compris, voilà ce qui en fait, tout bonnement, un bon compagnon. Kouthia, ce «phénomène» national devenu continental.
O.BA
Source : http://lesoleil.sn/kouthia-ce-phenomene/...