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Proxénétisme, offre ou cession de drogue: La gendarmerie démantèle un réseau de prostitution maghrébine

La gendarmerie a mis aux arrêts 6 personnes lors d’une soirée organisée à Ngaparou. A. Ndiaye est traduit en justice pour offre ou cession de drogue dure. Samira Z., Houda A., Myriem M. et Hajar M., sont poursuivis pour des délits divers comme proxénétisme, non-inscription au fichier sanitaire et complicité de vente de drogue. Les prévenus risquent des peines allant d'un mois à 2 ans de prison ferme. "L'As"


Rédigé par leral.net le Samedi 10 Décembre 2022 à 11:47 | | 0 commentaire(s)|

Proxénétisme, offre ou cession de drogue: La gendarmerie démantèle un réseau de prostitution maghrébine
Les éléments de la section de recherches avaient reçu une information selon laquelle un réseau de prostitution d'origine maghrébienne s'est établi à Saly.

C'est dans ces circonstances qu'un supposé homme d'affaires s'est rapproché de Samira pour lui faire part d'une fête que lui-même organisait à Ngaparou et qu'il souhaiterait la présence de jeunes filles d'origine maghrébienne. Samira a fixé à 250.000 FCfa, le prix de la participation de chacune des filles à cette soirée. Le supposé homme d'affaires a accepté l'offre avant de lui demander d’acheter de la drogue pour lui. A cet effet, Samira s'est rapprochée de sa copine Hajar afin de passer une commande auprès d'un nommé A Ndiaye. Après la livraison, elles se sont dirigées vers Ngaparou. Dès leur arrivée, les filles ont réclamé leur dû et ont reçu chacune la somme de 250.000 FCfa comme convenu.

Dès que Samira a vu les gendarmes sur place, elle a caché la cocaïne dans son soutien-gorge. Toutes les personnes présentes à cette occasion ont été mises aux arrêts. Entendue, Samira a nié avoir recruté les filles pour le motif de prostitution avant de filer le nom de sa vendeuse de drogue A Ndiaye. Ce dernier a été interpellé au moment où il livrait 5 grammes de cocaïne. Les 6 prévenus ont fait face hier au tribunal des flagrants délits de Dakar. A. Ndiaye répondait du chef d'accusation d’offre ou cession de 5 grammes de cocaine mais il a nié les faits.

D’après lui, il ne faisait que transporter les filles à Saly. « Je n'ai pas livré de la drogue à Samir. J'ai connu Hajar dans une boîte de nuit.Des fois je partais chez elle », a-t-il déclaré. Pour se dédouaner, il ajoute que les enquêteurs l’ont brutalisé pour le contraindre à signer le procès-verbal mais il a refusé. La dame Samira Z., commerçante de son état, comparaissait hier pour proxénétisme et détention de 3g de cocaïne en vue de sa consommation personnelle. Elle reconnaît qu’elle détenait de la drogue mais souligne par ailleurs, que ledit produit prohibé appartient à un homme d’affaires libanais du nom de Fadi. Elle a été interpellée à Saly.

D'après les enquêteurs, c'est bien Aziz qui a passé une commande. Après réception de la drogue, elle l'a appelé au téléphone. «Je n'ai jamais contacté Aziz. Et Fadi m'avait demandé d'inviter des filles d'origine maghrébine à la soirée. Je ne l'ai jamais vu et notre premier entretien téléphonique a eu lieu deux mois plus tôt. C'est son chauffeur qui m'a remis l'argent que j'ai pu distribuer. Hajar est une copine que j’ai connue au Maroc. Les gendarmes nous ont trouvé dans la piscine en train de discuter », s’est-elle défendue.

Les 4 autres prévenus sont poursuivis pour défaut de carnet sanitaire. Elles ont nié être des prostituées. Hajar M., la Marocaine répondait aussi du chef de complicité d'offre ou cession de drogue, le même reproché à A. Ndiaye. «Je ne me suis jamais livrée à la prostitution et A Ndiaye est un ami. Quand on avait besoin de voiture climatisée, on le contactait. Je n'ai jamais dit à la police que Aziz est un dealer», a-t-elle martelé. Myriem M. est une Marocaine. Elle renseigne qu’elle étudie le marketing et conteste le statut de prostituée. Même son de cloche pour Zahra A. La Tunisienne Douha A. affirmé avoir reçu la somme de 250 mille francs Cfa comme chacune d'entre elles.

«On m'avait dit que c'était un cadeau que le Libanais nous avait offert en guise de remerciement et pour nos frais de déplacement de Dakar à Saly. Ce dernier avait ouvert deux restaurants à Ngaparou. Je n’ai pas vu l’homme d’affaire en question c’est Samira qui a distribué l'argent. J’ai même demandé si on devait faire quelque chose en contrepartie. Elle a répondu par la négation. La soirée s'est déroulée dans une grande villa à Saly. Nous avions trouvé sur place trois personnes», a-t-elle conté.

De l’avis du parquet, les différentes versions livrées par les prévenues ne sonnent pas logiques. « Si elles étaient parties pour la soirée, pourquoi réclamer en retour une rémunération ?», s’est-elle demandée. « Elles s'activaient dans la prostitution de manière clandestine. Elles étaient sur place pour une prestation sexuelle rémunérée. Pour A. Ndiaye, il a livré 3g de cocaïne moyennant 50 mille le gramme ».

Après ces observations, le maître des poursuites a requis la disqualification de la détention reprochée à Samira, en vue de faciliter la vente de la drogue. Pour la répression, il a requis deux ans ferme pour A. Ndiaye, deux mois ferme pour Samira et un mois sursis pour les autres filles. De son côté, Me Abdy Nar Ndiaye, avocat de Samira, prétend que cette procédure devait être déclarée irrecevable.

«Les moyens qui ont été utilisés pour les arrêter ont été déloyaux. L'incitation à la commission d'infraction est irrecevable en droit. C'est la gendarmerie qui a organisé la fête après avoir infiltré Samira. Le proxénétisme, c'est le fait d'aider ou de protéger la prostitution d'autrui. Rien ne prouve que Samira est une proxénète», a précisé Me Ndiaye, qui a demandé la relaxe à titre principal et une application bienveillante de la loi à titre subsidiaire.

Me Michel Ndong informe que le prétendu libanais homme d’affaires, est un gendarme ou une taupe de la gendarmerie de même que le chauffeur. «Tout le monde est gendarme dans cette procédure. Le procédé est moche», indique Me Ndong. Me Arona Basse, avocat de Zaara et Douha, explique que dans ce dossier, l'idée de base a été de se retrouver à Saly et de faire la fête avec un homme d'origine libanaise. «Il n'a jamais été convenu de s'adonner à des prestations sexuelles tarifées», a-t-il souligné.

Délibéré au 15 décembre prochain.

Mame Fatou Kébé