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Quand le rêve se brise sur la réalité Par Babou Biram Faye

Rédigé par leral.net le Dimanche 17 Août 2025 à 20:03 | | 0 commentaire(s)|

Les peuples, dit-on, sont parfois les fossoyeurs de leurs propres espérances. Che Guevara fut livré par un berger qui craignait pour ses moutons. Mohamed Karim, en Égypte, fut abandonné par les marchands d’Alexandrie qu’il avait défendus au prix de sa vie. Ces récits rappellent une vérité immuable : le destin des grands hommes est souvent […]

Les peuples, dit-on, sont parfois les fossoyeurs de leurs propres espérances. Che Guevara fut livré par un berger qui craignait pour ses moutons. Mohamed Karim, en Égypte, fut abandonné par les marchands d’Alexandrie qu’il avait défendus au prix de sa vie. Ces récits rappellent une vérité immuable : le destin des grands hommes est souvent scellé moins par leurs ennemis que par la fragilité de leurs propres partisans.
Mais, il y a, dans le Sénégal d’aujourd’hui, une autre leçon à tirer. Ousmane Sonko, porté au pouvoir comme la figure de la rupture et de l’espoir, découvre qu’il n’est pas seulement exposé à l’ingratitude d’un peuple exigeant : il est confronté à ses propres contradictions. Là où ses prédécesseurs avaient échoué par inertie, il risque, lui, de décevoir par excès de promesses.
Le peuple sénégalais, longtemps bercé par ses slogans enflammés et ses effets d’annonce, se heurte désormais à une réalité dure, implacable : l’absence de solutions concrètes face aux urgences vitales.
Les inondations récentes, qui ont paralysé Touba, Dakar, sa banlieue et plusieurs autres localités du Sénégal, en sont la démonstration éclatante. Chaque hivernage, les mêmes drames se répètent : des familles déplacées, des routes coupées, des quartiers engloutis. On ne peut pas répondre à de tels désastres par des incantations, ni par des discours martelés à coups de slogans. Ce qu’il faut, ce sont des projets structurants, planifiés et financés avec rigueur : urbanisme, assainissement, et une vraie décentralisation donnant aux collectivités locales les moyens d’agir avant la catastrophe.
Le peuple, lui, n’est pas aveugle. Il peut pardonner l’échec, mais, pas l’illusion. Il peut comprendre la lenteur des réformes, mais, pas l’absence de vision claire, ni la substitution des actes par des mots.
Si Ousmane Sonko, après avoir été l’étendard d’une jeunesse en quête de dignité, venait à être lâché demain, ce ne serait pas uniquement par ingratitude ou par peur. Ce serait aussi parce qu’il aura, lui-même, contribué à creuser le fossé entre le rêve et la réalité.
Mohamed Rachid Rida écrivait :«Celui qui se bat pour un peuple “ignorant” est comme celui qui s’immole par le feu pour éclairer le chemin des aveugles».
Encore faut-il ajouter que celui qui tient la torche sache éclairer une route praticable. Car, on ne trace pas une route dans le sable. Ce serait peine perdue.
Au Sénégal, le temps des illusions touche à sa fin. L’histoire retiendra que l’on ne bâtit pas un avenir commun avec des incantations, encore moins, avec des effets d’annonce, mais, avec des fondations solides, structurantes et inspirées.
BBF



Source : https://xalimasn.com/2025/08/17/quand-le-reve-se-b...