« Quand vous voulez la pluie, acceptez la boue. » Guy Amour Moutoucky

La boue, ce sont les moments d'incertitude, d'inconfort, de remise en question. Ce sont les débats difficiles, les ajustements douloureux, les choix courageux qui dérangent les habitudes. La boue, c'est comprendre que toute transformation profonde passe par des turbulences, que rien de durable ne se construit dans la facilité ou l'illusion de la stabilité immobile.

Dans le contexte sociopolitique actuel, beaucoup réclament le changement, mais peu acceptent les sacrifices qu'il impose. On veut la fin des injustices, mais on rechigne à renoncer aux privilèges. On exige des institutions fortes, mais on tolère les arrangements. On demande une nouvelle gouvernance, mais on reproduit parfois les anciens réflexes dans nos propres comportements.

La pluie ne tombe jamais sur un sol parfaitement propre. Elle vient rencontrer la poussière, la transformer en boue, avant de faire germer les graines de demain. Le Gabon est aujourd'hui dans ce moment charnière : le passage obligé entre l'ancien et le nouveau. Refuser la boue, c'est refuser la pluie. Refuser l'effort, c'est refuser le progrès.

Ce temps exige de nous de la maturité politique, du sens du collectif, de la patience stratégique et surtout de la responsabilité citoyenne. Le véritable changement ne viendra ni de l'impatience, ni du désordre, encore moins de la nostalgie des systèmes dépassés. Il viendra de notre capacité à traverser la boue sans perdre de vue la promesse de la pluie.

Le Gabon ne manque ni d'intelligences, ni de ressources, ni de talents. Il lui faut désormais du courage, de la cohérence et une volonté partagée d'accepter les étapes parfois salissantes de sa reconstruction. Car c'est seulement après la boue que la terre devient féconde.

La pluie arrive. À nous d'être prêts.

Guy Amour MOUTOUCKY
Leader d'opinion