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REACTIONS APRES LA DEFENESTRATION DE FARBA SENGHOR Entre soulagement et circonspection

Certains ont poussé hier, jeudi 28 août un ouf de soulagement à l’annonce du limogeage du ministre des Transports aériens et de l’artisanat, Farba Senghor. Nombreux ont été en effet les citoyens qui ont applaudi la mesure qu’ils jugent salutaire et de nature à décrisper l’atmosphère tendu dans le pays. D’autres cependant se sont voulus plus prudents en attendant la suite des événements.


Rédigé par leral.net le Vendredi 29 Août 2008 à 05:19 | | 0 commentaire(s)|

REACTIONS APRES LA DEFENESTRATION DE FARBA SENGHOR  Entre soulagement et circonspection
Le chargé de la propagande et de l’organisation du Parti démocratique sénégalais (Pds) est considéré par de nombreux observateurs comme une boule de feu qui embrase partout où il passe tout ce qu’il touche. Les dossiers qui ont été « sabotés » par Farba Senghor foisonnent.

Le saccage des locaux des quotidiens « l’As » et « 24h Chrono », l’affaire Ascena, le conflit avec les cadres casamançais, les attaques contre le ministre Moustapha Sourang, ses démêlés avec les travailleurs du secteur des transports aériens etc. La liste n’est pas exhaustive.

L’affaire qui semble néanmoins avoir pesé le plus dans son limogeage du gouvernement hier est sa brouille avec les journalistes. Le désormais ancien ministre des Transports aériens et de l’artisanat a été le premier à ouvrir les hostilités en convoquant des meetings et rencontres du Parti démocratique Sénégalais (Pds) et de ses alliés à leur permanence pour prendre mesures drastiques contre les médias allant du boycott des journaux et radios impliqués dans la lutte à leur asphyxie.

Pis, il a à travers son chef de cabinet, Assane Ba signé un communiqué dans lequel il menace ouvertement les journaux « L’As », « 24h Chrono », « Piques »… Quelques jours plus tard, le dimanche 17 août, les rédactions de « L’As » et de « 24h Chrono » sont mises à sac et un agent blessé. Le commissariat se saisit de l’affaire avant d’être dessaisi par le procureur de la République au profit de la sûreté urbaine plus outillée pour ce genre d’enquête. La conférence de presse du procureur, Ousmane Diagne a permis de se rendre compte des notables avancées avec dix interpellations et une enquête dont on dit qu’elle indexe de jour en jour la piste Farba Senghor et Pds.

L’attitude « va-t-en-guerre » de Farba Senghor et ce qui passait depuis pour une arrogance dans son comportement à l’égard des citoyens ont expliqué certainement les réactions de soulagement de franges importantes de la population à l’annonce de son départ du gouvernement. Même si on a relevé également une circonspection de la part de d’autres citoyens qui se sont voulus plus prudents dans leur appréciation de la nouvelle du jour.

« C’est une décision à saluer. Nous encourageons cette mesure et attendons de voir. Il ne faut pas que les gens crient trop vite victoire. Je ne peux pas croire que la justice ira jusqu’au bout de cette affaire. Il y a beaucoup d’autorité qui ont été évincées dans ces conditions et qui sont revenues aux affaires un peu après. Ce que Abdoulaye Wade a fait, c’est le minimum qu’on peut attendre de lui », a déclaré le directeur de publication du quotidien « 24hn Chrono », El Malick Seck.

« C’est une affaire de système et non d’individu isolé »

Le chargé de la communication du Parti socialiste (Ps), Abdoulaye Wilane a eu la même réaction. Il a appelle les Sénégalais à la prudence. Il a évoqué le cas de Pape Samba Mboup qui avait démissionné suite aux accusations de pédophilie et qui est finalement revenu par la grande porte. « Le seule mesure de restauration de l’Etat de droit et de promotion de l’Etat de droit c’est le départ de Wade. Le départ de Farba Senghor sonne comme une théâtralisation de l’action politique et judiciaire. Je demande aux Sénégalais de prendre acte et de continuer à lutter. C’est une affaire de système et non d’individu isolé », a estimé Abdoulaye Wilane.

Au parti Rewmi, on espère le retour à la sérénité. « Nous espérons que c’est le début de la promotion de l’Etat de droit au Sénégal. Tout en espérant que cet acte va contribuer à ramener sensiblement la sérénité et la paix. Par rapport à toutes les affaires qui ont éclaté dans ce pays, son (Farba Senghor, Ndlr) nom a été à maintes reprises cité », a avancé le chargé de la communication, Waly Fall. Pour lui, « quand nous avons entendu M. le procureur de la République dire qu’il ne peut pas aller plus loin par rapport à certaines personnes, nous espérons que si ce limogeage est effectif, cela pourrait aider à faire éclater la vérité. Que la justice puisse enfin faire son travail correctement ».

Les travailleurs de l’Asecna ont pour leur part applaudi des deux mains. Ils ont salué la mesure tout en accordant crédit à la volonté du président de la République de décrisper la situation très tendue entre l’Ascena et l’Etat du Sénégal. Même son de cloche au niveau du syndicat unique des transports et des travailleurs aériens et activités annexes (Suttaaas). « On ne s’entendait plus avec lui, il avait rompu le dialogue et c’était des invectives menaces, tentatives d’intimidation, des calomnies à la place.

Sa dernière conférence de presse il a menacé tout le monde alors qu’on a déposé un préavis de grève, on a respecté les formes légales », a souligné le secrétaire général de Suttaaas, Baïla Sow. Selon lui, « on ne se réunissait plus, il n’avait plus notre temps. Un secteur aussi stratégique, on ne peut pas le confier à quelqu’un qui n’a aucune compétence, quelqu’un qui insulte les gens. On est très soulagé. On ne peut que saluer cette décision du président parce qu’on a eu tellement de ministres dans ce pays, mais il n’y a jamais eu quelqu’un comme Farba ».

Ibrahima Lissa FAYE

Senegal Leral