Réformes de la Justice : Moundiaye Cissé fustige la lenteur du processus et appelle à une mise en œuvre rapide

Le directeur exécutif de l’ONG 3D, Moundiaye Cissé, déplore vivement le retard accusé dans la mise en œuvre des réformes institutionnelles et judiciaires promises par le chef de l’État. Dans un entretien accordé à "sudquotidien.sn", il affirme qu’aucun obstacle, ni politique ni technique, ne saurait justifier cette lenteur.

Sur le plan politique, M. Cissé rappelle que le pouvoir exécutif dispose d’une majorité confortable à l’Assemblée nationale depuis plus de sept mois. Par conséquent, rien ne devrait entraver, selon lui, l’adoption rapide des textes législatifs nécessaires. « Il n’existe aucun blocage institutionnel », souligne-t-il dans les colonnes de "sudquotidien.sn", appelant ainsi les autorités à assumer pleinement leur responsabilité.

Au plan technique, il fait valoir que les Assises de la justice ont été tenues depuis plus d’un an et qu’une commission ad hoc composée d’experts juridiques, sous la présidence du professeur Babacar Guèye, a déjà finalisé les textes de réforme. Ces documents ont été validés par consensus sur la majorité des recommandations, ce qui rend, selon Moundiaye Cissé, toute justification de délai injustifiable.

Toujours selon "sudquotidien.sn", le directeur exécutif de 3D insiste sur l’urgence d’appliquer ces réformes, qui visent à moderniser le système judiciaire. Il cite notamment la création d’un juge des libertés et de la détention, pour encadrer le pouvoir du procureur, la mise en place d’une Cour constitutionnelle, et l’adoption d’une loi sur l’accès à l’information, une vieille revendication des organisations de la société civile.

Moundiaye Cissé estime que le statu quo alimente une judiciarisation excessive des affaires politiques, notamment à cause du recours systématique aux mandats de dépôt, en l’absence de garde-fous institutionnels. Il appelle donc le président de la République à sortir de la logique des discours d’intention, pour passer à l’action : « Ce qu’attendent aujourd’hui les Sénégalais, ce n’est plus une énième déclaration, mais des actes concrets », martèle-t-il.

Pour "sudquotidien.sn", cette sortie du patron de 3D s’inscrit dans un contexte de forte attente citoyenne autour de la refondation de l’État de droit et de l’indépendance de la justice au Sénégal.