Rejet par Mcc de la requête de juillet-août, arriérés de salaires, menaces de départ de travailleurs…. Le Mca-Sénégal dans la tourmente

Un malaise guette le Millénium challenge account (Mca). Une quarantaine de travailleurs menacent de quitter ce projet financé par les Etats-Unis. Ces employés de l’unité de management de projet-Pmu-Saed du Nord du Sénégal, très remontés contre la tutelle, courent derrière deux mois d’arriérés de salaires. Une situation due, d’après nos informations, au rejet par Millénium challenge corporation (Mcc) de la requête de décaissement de juillet-août introduite par Mca-Sénégal. «Ce sont trente six (36) agents recrutés pour une durée de sept mois qui ont décidé d’arrêter le travail parce qu’ils disent ne plus pouvoir tenir, ils n’ont plus de quoi manger», déclare Ibrahima Niane, coordonnateur du projet Pmu-Saed. Il ajoute que c’est tout le personnel du projet Pmu-Saed qui est concerné par ce retard de salaire y compris lui-même. Néanmoins, le coordonnateur de Pmu-Saed reste optimiste et espère un dénouement du problème. M. Niane invite les travailleurs qui menacent de partir à patienter. Parce que, dit-il, l’affaire est en cours de règlement et que d’ici 7 août (hier) tout va rentrer dans l’ordre.
Et sur la requête de décaissement du Mca-Sénégal rejetée par Mcc, Ibrahima Niane déclare : «Toutes les sociétés ont des programmes budgétaires annuels. Dans le cas de ce programme, c’est tous les trois mois que l’on fait des requêtes de financements. Il y a souvent des observations et ce n’est pas la première fois. Les observations sont venues le 1er juillet, date à laquelle, on devrait nous payer nos salaires. Les questions soulevées par les Américains sont en train d’être levées. Les réponses sont envoyées, on attend l’avis des Américains. Ce n’est pas par manque d’argent ? Mais c’est la procédure qui est comme cela.»
Le responsable Pmu-Ageroute dont une partie du personnel de l’unité de management de projet est citée dans le problème relativise. Sakhir Niasse soutient que seuls deux ou trois de ses agents sont concernés. Et ce ne sont pas deux, mais plutôt un mois d’arriéré de salaires. «Il y a eu des retards pour deux ou trois personnes et c’est seulement un mois, celui de juin», dit-il d’emblée. Il ajoute : «Les contrats de ces personnes arrivaient à terme en fin mai, donc il fallait les renouveler. Mais, le temps qu’on finalise les contrats, il y avait un problème entre Mca-Mcc. Et s’il y a des problèmes techniques, on peut arrêter les paiements. Leurs contrats ont été signés quand cette suspension est arrivée. Parce que, quand on demande des décaissements et qu’il y a des observations qui ne sont pas levées, on attend que cela soit levé pour pouvoir procéder à certains paiements.»

Les explications de la direction de Mca-Sénégal
Dans une note qu’elle nous a envoyée, la Direction générale de Mca-Sénégal confirme : «Le retard d’honoraires est réel. C’est une partie des prestataires de Mca qui est concernée, notamment ceux recrutés dans les Pmu-Saed, Ageroute et Ansd. Une situation que nous déplorons.» Mca-Sénégal explique : «Tous les trimestres, nous soumettons des prévisions de dépenses au bailleur sur la base de nos prévisions d’activités, ce que nous appelons : Dibursement request (Dr). Si le bailleur est d’accord, il l’approuve, s’il a besoin de clarification, de compléments d’informations ou s’il a des réserves, il nous les fait savoir, à nous de lui donner des réponses satisfaisantes. C’est un exercice régulier, ordinaire auquel nous nous soumettons depuis le début du Programme. Il est vrai que cette fois-ci, c’est plus sensible, plus visible parce que ça concerne des rémunérations». En plus, ajoutent les responsables de Mca-Sénégal, «le niveau des standards exigés des projets du Mca fait que nous ne sommes pas toujours à l’abri de demandes de clarification sur tel ou tel aspect de l’exécution du Programme. C’est normal, d’autant plus que nous avons onze (11) lots de grands travaux, tous en cours d’exécution pour une enveloppe de l’ordre de 135 milliards FCfa pour les projets routiers et 80 milliards de FCfa pour les projets d’irrigation et de gestion des ressources en eau». Toutefois, la direction promet de ne ménager aucun effort pour que cette situation soit vite dépassée.



SOPHIE BARRO
gfm.sn L'OBS