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Relations tendues Pds-Aj : Landing vide son sac

‘La formulation de la lettre de Wade reflète la dégradation sérieuse des relations entre lui et moi, entre le Pds et Aj/Pads’. C’est le point de vue de Landing Savané qui réagissait, ainsi, à la lettre que Me Wade lui a adressée le 4 août dernier. Morceaux choisis d’une tirade du patron de Aj, comme le lui reconnaît Me Wade.


Rédigé par leral.net le Lundi 10 Août 2009 à 12:41 | | 0 commentaire(s)|

Relations tendues Pds-Aj : Landing vide son sac
Landing Savané n’a pas mis de temps pour répondre au président de la République, samedi, au sortir d’une session ordinaire du bureau politique d’Aj/Pads. Le secrétaire général de ce parti, ainsi que le lui reconnaît Abdoulaye Wade lui-même dans sa missive, a d’abord joué au maître en décelant des contradictions dans la forme de la lettre qui lui a été adressée, avant de s’attaquer au fond. ‘Elle est pleine de contradictions. Par exemple, c’est une lettre qui est adressée à son cher compatriote et en même temps à Landing Savané, secrétaire général d’Aj/Pads’, note-t-il. A propos de la ‘rancœur’ qu’il éprouverait, Landing invite les Sénégalais à lire attentivement la missive pour se convaincre que la rancœur est bien du côté du chef de l’Etat.

Lettre-réponse d’Abdoulaye Wade

‘Nous avons reçu une lettre du président de la République qui m’était adressée et qui est pleine de contradictions. C’est une lettre qui est adressée à son ‘cher compatriote’ et en même à M. Landing Savané, secrétaire général d’And Jëf/Pads. La formulation même de la lettre reflète la dégradation sérieuse des relations entre le président de la République et moi, entre le Pds et Aj/Pads. Cela ne fait plus aucun doute. Pendant un certain temps, le président n’avait pas reconnu son implication dans la crise qu’a traversée notre parti. Mais, aujourd’hui, c’est un fait de notoriété publique. Je voulais simplement souligner que, dans cette lettre, le président de la République parle de rancœur que Landing Savané éprouverait. Mais cette rancœur n’est pas de mon côté. Ceux qui ont lu la lettre comprennent bien que la rancœur est de son côté. Aussi signale-t-il dans la même lettre que ma candidature est insensée, ce qui est une manifestation évidente de cette rancœur parce qu’une candidature n’est rien d’autre qu’une candidature. Et toutes les candidatures en 2007 étaient sensées parce qu’étant des candidatures de citoyens sénégalais ayant le droit de se présenter et ayant rempli les conditions pour cela. Maintenant, le fait d’avoir proposé - et cela reste à prouver - comme il l’affirme dans la lettre, 15 à 17 personnes en pole position sur la liste des députés constitue une raison suffisante, à ses yeux, pour que je ne sois pas candidat, cela nous déçoit. Parce que je croyais qu’Abdoulaye Wade me connaissait mieux que cela. Qu’il savait que Landing Savané est un homme qui est guidé, d’abord, par des principes et pas par des intérêts. Que Landing Savané se dresse dans un combat pour les intérêts du peuple et non pour des strapontins de députés ou de ministres. Mais, après trois années de crise, nous pensons qu’il le sait parfaitement et c’est tant mieux.’

Récépissé d’Aj/Pads

‘Au cours de cette dernière semaine, sont survenus des événements qui ont retenu notre attention. La presse a parlé récemment de la question du récépissé du parti qui aurait été donné à d’autres (Mamadou Diop Decroix et compagnie, Ndlr). Mais je tiens à dire de façon claire qu’une association, de manière générale, ne peut avoir qu’un récépissé. Et c’est celui qui donne naissance à cette organisation et qui lui donne le droit d’exister. C’est cela le droit. Ce n’est pas un droit national, mais international. Une fois qu’une association est reconnue, tant qu’elle n’est pas interdite, elle existe. Le récépissé d’Aj/Pads a été donné en juillet 1981 à Landing Savané. Notre parti n’acceptera, en aucun cas, que le droit soit transgressé. Il n’y a qu’un And-Jëf, c’est celui-là que nous avons créé et que nous continuons de diriger.

Nous n’avons jamais vu délivrer deux récépissés à une même association. Il est arrivé, bien avant nous que, dans des moments de crise, plusieurs groupes se réclament d’un même parti. Mais l’expérience dans ces cas montre que c’est le parti qui a la légitimité, qui a toujours gagné la bataille. Nous utiliserons, au besoin, tous les moyens de lutte qui sont mis à notre disposition par la loi pour défendre notre droit de propriété de cette association que nous avons créée avec un certain nombre de camarades et que nous dirigeons depuis lors.’

Les origines de la tentative de déstabilisation d’Aj/Pads

‘Ce que la lettre avoue - et que nous savions, mais, on nous en donne la preuve - c’est que la dégradation des relations a commencé depuis 2006, quand nous avons clairement annoncé la candidature. Cela fait pratiquement trois années pendant lesquelles on a fait semblant de vouloir travailler avec And-Jëf alors qu’on travaillait à le détruire. Cela est inacceptable, nous le dénonçons de la façon la plus ferme et nous disons que nous nous dressons et continuerons de nous dresser contre toute tentative de déstabilisation de notre parti et mettre en échec toutes les tentatives comme nous l’avons fait jusqu’ici. And-Jëf n’est pas un parti qui vient de naître. Ceux qui s’attaquent à ce parti ne devraient pas, le président de la République en partie, l’oublie. Depuis 81 dans la légalité et 1969 dans la clandestinité, des éléments qui dirigent ce parti ont combattu sur tous les plans. Ce n’est pas aujourd’hui qu’on arrivera à leur arracher cette légitimité construite année après année sur tous les fronts de lutte de ce pays. Aj va riposter énergiquement à toutes les agressions et tentatives de déstabilisation dans le respect de la loi. Nous n’opposerons pas la force à la force parce que la force c’est l’Etat et on ne peut pas lui opposer la force. Mais, nous allons opposer l’intelligence à la force et la force du droit à la force de l’Etat. Abdoulaye Wade peut soutenir qui il veut, il en a le droit, tout comme And-Jëf est libre de soutenir qui il veut.’

Ancrage dans la coalition Benno Siggil Senegaal

‘Le bureau politique a discuté et donné des instructions claires à la direction du parti, en particulier, le secrétariat permanant par rapport à notre nouvelle position. A ce sujet il a été retenu d’avancer dans le sens que le conseil national a choisi c’est-à-dire, avancer dans l’opposition et vers le pôle Benno Siggil Senegaal. On nous a demandé de prendre contact avec ce pôle, d’engager avec lui des discussions pour mieux comprendre les problématiques et prendre les décisions qui s’imposent dans le sens du renforcement de l’unité d’action de l’opposition pour préparer les prochaines échéances électorales. Parce que plus que jamais, nous sommes convaincus du fait que la nation est en danger. Le Sénégal est en danger, la démocratie sénégalaise est en danger et il est indispensable que tous ceux qui veulent défendre cette démocratie se donnent la main pour défendre les valeurs qui nous sont communes. Les valeurs démocratiques sont communes à l’ensemble des citoyens sénégalais et nous n’accepterons pas que qui que ce soit puisse remettre ces valeurs en question. Par conséquent, Aj-Pads continue son chemin, plus que jamais déterminé à ne pas se laisser distraire par des épiphénomènes. D’ailleurs, la lettre que j’ai reçue du chef de l’Etat est une reconnaissance de facto de ce que nous sommes, que nous voulons continuer à être et que nous resterons pour les Sénégalais aussi longtemps que notre volonté de combat restera affirmée. Et c’est bien le cas, aujourd’hui, demain et après demain, jusqu’à la bataille de 2012 dans laquelle nous ferons tout pour être présent de façon conséquente et décisive comme nous l’avons toujours fait.Le parti est debout et va renforcer sa coopération avec l’opposition, ses liens avec la base et ses relations avec l’ensemble des hommes et des femmes déterminés à conduire les changements qui s’imposent, aujourd’hui, au vu de tous. Aussi, le bureau politique (du samedi, Ndlr) a pris les dispositions pour renforcer les directives du prochain Congrès de décembre. Le comité préparatoire du Congrès est présidé par Amadou Guiro et les camarades sont déterminés à montrer, à travers ce congrès, que le parti est plus que jamais ancré dans les valeurs fondatrices de And-Jëf. Un parti qui reste prêt à renforcer sa coopération avec toutes les forces politiques qui comprennent que le Sénégal n’est pas la propriété d’une personne ou d’une famille mais celle de l’ensemble des Sénégalais.’

Regrets d’avoir soutenu Wade ?

‘En 2000, il fallait soutenir Wade pour qu’il y ait une alternance. Nous ne le regrettons pas et ne le regretterons pas. Nous estimons avoir pris la décision juste qu’il fallait prendre en 2000. Le Parti socialiste avait passé quatre décennies au pouvoir et le Sénégal avait besoin d’une alternance démocratique pour éviter le chaos et peut être même la guerre civile. Donc, And jëf est fier d’avoir contribué de façon significative à cette alternance de l’an 2000. Naturellement pour nous, quand on réalise une alternance, on doit travailler ensemble et le fait d’avoir travaillé avec le président de la République, pendant ce mandat, nous a permis de voir les points forts et faibles de son travail. C’est ce qui explique qu’en l’an 2007, nous avons été fermes en disant que nous ne pouvons pas le soutenir pour un deuxième mandat. Donc, personne ne nous reprochera de l’avoir soutenu pour l’alternance en 2000 et, aujourd’hui, tous les Sénégalais comprennent pourquoi nous avions décidé de ne pas le soutenir en 2007. Parce que nous pensons que c’était le mandat de trop. Maintenant, l’essentiel c’est que dans ce mandat de trop que nous ayons pu prendre nos responsabilités pour lui dire ce que nous pensons. Parce que nous ne l’avions pas soutenu. Si c’était le cas, nous serions dans une situation extrêmement vulnérable et précaire. Mais comme nous ne l’avions pas soutenu, nous restons libres. On peut, à tout moment, dire ce que nous pensons.

Evidement lui (Abdoulaye Wade, Ndlr) pendant ce temps, était conscient de cela et a fait tout ce qu’il a pu pour nous déstabiliser mais Aj/Pads est un parti qui a de l’expérience et qu’on ne peut pas déstabiliser très facilement. Nous continuons alors notre combat qui est un combat pour la démocratie, le progrès du Sénégal, bref un combat pour que les Sénégalais soient, plus que par le passé, maîtres de leur propre destin et conscients des enjeux de la démocratie et du développement.’

Monument de la Renaissance

‘Le Monument de la renaissance est une histoire qui me paraît bien bizarre et étrange. Je considère que le président de la République, tous ses actes, toutes ses créations, tous les avantages qu’il peut obtenir reviennent à l’Etat. C’est ma conception du rôle du président de la République. Quand on est élu, et jusqu’à la fin de son mandat, tout ce que l’on fait doit être versé au patrimoine national et appartient à l’ensemble de la nation. Je ne suis pas d’accord avec une autre façon de voir les choses. C’est pourquoi, le Monument de la renaissance africaine doit revenir à l’Etat du Sénégal. Je ne parle pas au sens étroit du droit parce qu’il y a l’éthique et la morale qui sont au-dessus du droit. Dans les grands pays démocratiques, pendant son mandat, le président ne peut pas avoir de bien personnel. Tout ce qu’on lui donne dans des voyages à l’extérieur, il le reverse au pays qui consent trop de sacrifices pour lui. Par exemple, nous savons que le Chef de l’Etat voyage depuis un certain temps à bord d’un avion A 340-200. C’est quand même un privilège exorbitant. Dans quelle condition voyage-t-il à bord de cet avion ? On ne le sait pas. Mais, ce sont des privilèges qui sont liés à la fonction. Donc, les avantages éventuels qui pourraient découler de la fonction ne peuvent pas être des avantages personnels dans notre conception du rôle et du statut du président de la République.’

Propos rassemblés par Yakhya MASSALY

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