Renforcement des Filières cotonnières africaines : Le Sénégal honoré d’accueillir l’édition 2025

L’A.C.A, créée en 2002, a pour mission de fédérer les professionnels du coton en Afrique afin de défendre leurs intérêts à l’échelle internationale et de promouvoir les bonnes pratiques dans toute la chaîne de valeur. Dans un marché mondial fortement influencé par les grands pôles asiatiques et américains, l’unité des filières africaines constitue plus que jamais un enjeu stratégique.

"Les 21èmes journées de notre association se tiennent pendant que l’environnement économique mondial est des plus incertains en raison des multiples décisions souvent contradictoires prises par la nouvelle administration américaine. Ces décisions affectent les cours des bourses et le dollar. Quant au marché mondial du coton, il montre depuis un an une tendance baissière qui nous plonge dans l’incertitude.

C’est dans ce contexte mondial marqué par l’instabilité des marchés, le changement climatique, les tensions géopolitiques, les exigences croissantes des consommateurs et la forte concurrence des cotons brésilien que le coton africain doit renforcer sa résilience et sa compétitivité en améliorant sa qualité. (...) Aujourd’hui, avec une ACA réconciliée et forte nous pouvons faire face et relever ces défis", a déclaré jeudi, Monsieur Ibrahim MALLOUM, président de l'A.C.A

Le choix du Sénégal pour accueillir cette édition intervient à un moment charnière. L’Agenda de transformation « Sénégal 2050 », porté par le Président Bassirou Diomaye Diakhar FAYE et le Premier ministre Ousmane SONKO, place la relance de la filière coton parmi les priorités nationales. L’objectif est de positionner le Sénégal comme un acteur régional majeur de la transformation locale du coton, tout en générant une valeur ajoutée au niveau national.

C'est en ce sens que le ministre, Secrétaire d'Etat aux Coopératives et à l'Encadrement paysan, le Dr Alpha BA, a déclaré, en ouvrant officiellememt les 21e journées annuelles de l'A.C.A : "Le Sénégal, à travers la SODEFITEX, est honoré d’accueillir cette édition 2025. Ce choix reflète la dynamique de relance de notre filière cotonnière que nous avons engagée en renforçant les appuis à la mécanisation, l'aménagement de nouveaux espaces agro-industriels à travers les coopératives agricoles communautaires, le renforcement des moyens alloués à la recherche cotonnière. Malgré nos contraintes agroécologiques, nous croyons fermement à une filière cotonnière moderne, performante et inclusive.

Cette implication active dans l'A.C.A est un signe fort d’une volonté d'intégration, de coopération Sud-Sud et d'excellence. Je salue également nos partenaires techniques et financiers, qui accompagnent les mutations de la filière avec compétence et fidélité".

La SODEFITEX, membre fondateur de l’A.C.A et intégrateur de la filière cotonnière au Sénégal, entend jouer pleinement son rôle dans cette dynamique. Forte d’une nouvelle stratégie mise en œuvre lors de la campagne 2024/2025, la société est parvenue à augmenter sa production de 20 % (15 508 tonnes), malgré une réduction de 20 % des surfaces cultivées. Avec un rendement de 1,260 kg/hectare, parmi les meilleurs du continent, elle ambitionne d’atteindre 25 000 tonnes pour la campagne à venir.

Pour le Directeur général de la SODEFITEX, Papa Fata NDIAYE, le Sénégal peut viser une production de 100 000 tonnes. Face aux effets grandissants du changement climatique – notamment une pluviométrie de plus en plus irrégulière et tardive – il indique que la SODEFITEX a amorcé une stratégie d’adaptation ambitieuse, fondée sur l’innovation et la résilience. Elle mise désormais sur des variétés de coton plus performantes, à haut rendement, capables de produire entre 4 et 5 tonnes à l’hectare, tout en étant mieux adaptées aux nouvelles réalités climatiques.

Pour sécuriser la production, un recours ciblé à l’irrigation d’appoint est envisagé afin de pallier les périodes de stress hydrique. Cette approche permettrait d’allonger la saison de culture et de stabiliser les rendements, même en cas de déficit pluviométrique.

Parallèlement, la mécanisation des opérations culturales, en particulier les traitements phytosanitaires et la récolte, constitue un levier essentiel pour améliorer la productivité, réduire la pénibilité du travail, et optimiser les délais d’intervention au champ.

Ces efforts s’inscrivent dans une volonté plus large de modernisation et de transformation durable de la filière. En accompagnant cette dynamique, l’État a l’opportunité de faire du coton un secteur stratégique à fort potentiel de croissance économique, de création d’emplois et de développement rural, tout en renforçant la souveraineté agricole et industrielle du pays.